MALÉDICTION PARTIE 7

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****** SAMANTHA OPALA********

J'aurai dû commencer par la fac au lieu de venir dans cette agence pourrie. Rien que pour me délivrer une carte sim je dois attendre pendant un long moment comme si j'étais dans la salle d'attente d'un hôpital.

Si je vois encore le numéro sur mon ticket, j'ai envie de sortir et d'abandonner. J'ai le numéro 83 et ils sont encore au 67, heureusement qu'ils ont quatre guichet sinon, ce serait une journée de pardue.

Je dois absolument avoir la sim aujourd'hui pour faire signe de vie à Tony qui pourra penser que je suis ingrate vu que depuis qu'il m'a offert le téléphone le samedi, je ne lui ai même pas passé un coup de fil pour exprimer ma gratitude. Le pauvre, il doit me prendre comme toutes ces filles qui ne courent que derrière les cadeaux et oublient même de dire merci.

Brel et Jerry ont eu raison d'aller souscrire hier chez l'autre opérateur qui vient d'ouvrir et qui fait des astreintes les soirées et même les dimanches. Si ce n'était pas les recommandations de Dutheile, je les aurai suivi moi aussi mais je tiens à souscrire mon abonnement dans une société fiable.

Je suis là à Airtel et j'attends mon tour impatiemment tout en manipulant mon téléphone que j'ai pris le temps de charger pendant six heures.

Après le remplissage de la fiche de renseignements et tous les tra la la usuels qui vont avec, j'obtenais enfin ma carte sim avec un numéro très facile à retenir, un cadeau de l'agent pour me remercier de ma patience. Au finish, ils sont très gentils.

En même temps il m'aide à installer ma sim dans le téléphone et hop je suis désormais joignable grâce à un ange, je ne sais pas si je peux le nommer ainsi vu que je ne sais pas ce qu'il cache mais pour le moment c'est un ange pour moi.

Surtout pour Brel et Jerry qui hier après avoir récupéré leur sim ont passé toute la journée avec lui et sont rentrés à la maison avec tout un sac chargé de vêtements et de paires de baskets. Ce matin, c'est sourire aux lèvres et tous furieux qu'ils ont pris le chemin de l'école.

Je commence petit à petit à comprendre que le mutisme de Brel était dû à la souffrance. Cet enfant a dû subir un grave traumatisme grâce à la chute soudaine qu'a subie mes parents. Je sors enfin prendre mon taxi pour rejoindre la fac car avec ce retard, je ne pourrai plus attendre le bus avec ses arrêts en trop.

Dans le taxi, je repense à cette triste histoire qu'est la vie de mon père. À propos, mon père a perdu ses parents très jeunes au village et s'est vu obligé de rejoindre sa grande soeur en ville, malgré la protestation de son oncle maternel qui ne voulait pas parce qu'en fait mon père ne savait pas que lui et ma tante n'étaient que de même père.

Ma grand-mère étant stérile avait donné sa servante (esclave à l'époque) à son mari pour lui faire des enfants vu que ce dernier voulait à tout prix d'un successeur. Cette servante qui a accouché de ma tante est morte en couche en voulant donner la vie à un deuxième enfant lorsque ma tante avait à peine seize mois.

Ce qui fait qu'elle n'a pas connu sa vraie mère ni ses parents vu que cette dernière fut esclave. Un jour, alors que ma tante entrait dans sa dixième année, Dieu a fait grâce à ma grand-mère qui tomba enceinte et donna la vie à mon père.

L'enfant tant désiré était enfin né et comme dans toutes les familles normales, toute l'attention des parents étaient désormais sur mon père. Ce qui ne plût guère à ma tante qui a force de bouder a fini par découvrir la vérité chez leur tante, une sorcière qui habitait au fond du village.

À l'age de quatorze ans elle s'enfuit du village pour la ville. Coûp de chance, elle trouva un homme qui vint l'épouser au village et l'emmena en ville. Or, ma tante ruminait sa vengeance depuis là.

À la mort de leurs parents, brûlés vifs dans la case alors qu'ils dormaient à points fermés, elle s'emmène au village récupérer son "petit frère" malgré les protestations de son oncle maternel qui a fait asseoir le comité du village qui a finit par trancher en faveur de ma tante qui pour eux était la parente directe de mon père.

Durant toute sa vie, ma tante a fait retourné mon père contre son oncle et lui faisait gober des salades comme quoi il était sorcier. Mon père est venu eb ville avec tout l'or ayant appartenu à sa mère, une riche héritière et cet or a servi à construire la maison de sa soeur qui n'habitait que dans un hangar en tôle et à supporter les études de mon père jusqu'à la fin du lycée.

Sa soeur qui était sa tutrice légale ne lui disait rien à propos de la vente de l'or alors que c'est grâce à cet or qu'ils ont obtenu un certain standing jusqu'à faire de ma tante une grande commerçante "Mama ya Lomé".

Après le bac, mon père fut parmi les cinq à être sélectionnés pour une bourse en Italie. Six ans plus tard, son diplôme d'ingénieur en poche, il rentre au pays avec une compagnie italienne qui œuvrait dans l'exploitation du bois. Tout de suite l'entreprise installée, mon père est nommé directeur.

Comme tout bon congolais, il était maintenant à la recherche d'une femme et ses yeux se son posé sur Sylvie ma mère qui n'était autre que l'amie de sa nièce Gisèle, l'unique fille de ma tante. Au départ ma tante n'a rien voulu savoir de cette relation jusqu'à ce qu'elle impose ses conditions comme quoi mon père devait rester vivre chez elle.

Ce qui fait que mon père a construit notre maison dans la même parcelle et on y habitait jusqu'au jour où tout à éclater. Alors que l'oncle, le véritable oncle de mon père était agonisant, il a écrit une lettre à mon père pour tout lui raconter. Il s'avère que lui et ma tante n'étaient que de même père. Il venait de l'apprendre que ce jour là. Que pour ma tante c'est ma grand mère qui a tué sa véritable mère. Que la parcelle de terrain qu'a toujours occupée ma tante et son mari a été acheté par l'argent de l'or de ma grand-mère. Que c'est grâce à cet oncle que mon père a survécu au drame ayant causé la mort de ses parents.

Ma tante éloignait mon père de son oncle pour qu'il ne sache pas la vérité vu qu'il n'avait que neuf ans à la mort de ses parents.

- Mademoiselle nous sommes arrivés. Où est-ce que je vous dépose finalement? Du côté de la fac ou du côté du lycée ?
Le taximan me tire dans mes pensées alors que j'étais loin de m'imaginer que je me trouvais dans un taxi. Quand je pense à cette histoire, je développe une haine immense à l'égard de ma tante qui nous a foutu à la porte à 14 heures sous un soleil accablant juste au moment où nous allions passé à table. Juste à cause d'un éclaircissement que voulait mon père

Ne sachons où aller, mon père a failli devenir fou. Enfin c'est la vie! Voilà pourquoi je ne veux pas lui laisser sa chance à Tony car si ça se solde en déception, j'en mourrai. J'ai plus la tête à supporter les coups durs.

Je libère le taxi qui après m'avoir rendu la monnaie me dit
- Vous êtes trop jeune pour avoir des pensées si enfouies, vous semblez ailleurs et ce n'est pas bon signe. À cet âge, on croque la vie à pleine dent surtout que vous êtes belle.

Je lui souris juste en guise de réponse puis me dirige vers l'amphi.

Providentielle rencontre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant