***** Sylvie Rose Opala Ngala *****
Kadidja étant partie, je suis restée seule avec Jérôme qui est là couché depuis quelques heures devant moi en salle de réveil sans même bouger un sourcil.
Le médecin m'encourage à lui parler tout en m'assurant qu'il entend tout ce que je lui dis mais a de la peine à bouger, à ouvrir les paupières même à parler. Je dois lui parler de notre vie, de nos enfants, de nos déboires... bref de ce que nous avions vécu jusque-là.
Je me suis mise à la tâche et j'ai passé presque toute ma soirée à parler avec une personne étalée comme mort. J'ai essayé de me remémorer tous les souvenirs possibles bons ou mauvais, nos anecdotes, nos fous rires et c'est là que je me suis souvenu de la fois ou sa grande soeur nous avait mis à la porte avec les enfants.
Ce jour-là, c'était une journée comme les autres. Ça faisait des jours que Jérôme avait été licencié et il était en train de faire la sieste quand sa soeur, revenue de son voyage a commencé à râler comme y en a pas. Partie de rien, l'histoire s'est envenimée jusqu'à ce qu'elle nous dise de quitter chez elle et que si nous le voulons, nous pouvions emporter notre maison avec nous sur les épaules. Chose qu'elle savait d'emblée impossible.
Mon mari s'est réveillé et a essayé de la ramener à la raison mais en vain. Nous sommes sortis de là sous un soleil accablant avec les enfants ne sachant nulle part où aller.
Heureusement que Dieu sait faire les choses et j'avais ma maison que je construisais sans toucher mot à mon mari. Nous y sommes donc allés jusqu'au jour où Tony était apparu comme un ange et à fait de nous ce que nous sommes devenus aujourd'hui.
J'avoue que le lui raconter ici, dans une salle d'hôpital, n'est pas du tout approprié mais je me vois dans l'obligation de le faire si je veux qu'il me revienne. Un moment donné, je vois une larme couler de son oeil droit vers l'oreille avant de constater qu'il a bouger un doigt puis deux. Je cours appeler le médecin.
Quand ce dernier revient en courant, il n'a pu hélas constater ce que je venais de lui dire pour confirmer mes propos. Il s'est alors résolu à me poser une série de questions comme pour comprendre l'évolution.
- Pouvez-vous me dire si ce que vous lui racontiez était joyeux ou triste?
- C'était une histoire triste que nous avions vécue il y a de cela cinq ans.
- Ok ça marche, le traitement est sur le point de marcher. Je crois qu'il pourra se réveiller d'ici quelques heures.
- Vivement docteur, je veux pouvoir me rassurer.
- Soyez en sûre madame, ce que vous venez de faire est un grand pas. On appelle cela de la stimulation personnalisée. Dans presque tous les cas, le coma, provoqué ou accidentel, ne se dissipe que lentement. Les cellules du cerveau se remettent progressivement à fonctionner et les transmissions entre elles reprennent. Cela se fait petit à petit. Soyez juste patiente, le signe que vous venez de voir est un grand pas. Je vous conseillerai donc d'abonder dans le sens de la tristesse parce que c'est ça qui touche plus sa sensibilité.
- Merci Docteur mais je ne m'attendais pas à ce que ça soit aussi long.
- Oh que si madame. Chaque patient a sa manière propre à lui de réagir. Le processus varie d'un patient à un autre. Personne ne se réveille d’un coup, comme dans un film hollywoodien. Le réveil du coma s’annonce par des petits signes, comme ouvrir les yeux ou faire une grimace sur commande ou comme ce qu'il vient de faire. Avec le temps, ces réactions deviendront de plus en plus reproductibles, jusqu’à ce qu’une véritable interaction s’installe. Le patient a certes besoin de stimulation, mais aussi de beaucoup de repos. On ne peut pas forcer les choses. Donc je vous suggère de le laisser se reposer au moins une heure et de recommencer un peu plus tard.
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Providentielle rencontre
RomanceJ'avance petit à petit vers l'endroit indiqué par la personne, la peur au ventre et ne sachant à quoi elle ressemble. Mon téléphone se met à sonner, c'était un numéro inconnu, je regarde autour de moi question de prospecter si la personne qui m'appe...