MALÉDICTION PARTIE 8

48 6 0
                                    

********** Tony MAKOSSO*********

J'avance petit à petit vers l'endroit indiqué par la personne, la peur au ventre et ne sachant à quoi elle ressemble. Mon téléphone se met à sonner, c'était un numéro inconnu, je regarde autour de moi question de prospecter si la personne qui m'appelle est dans les parages mais à mon grand désarroi, tout le monde semble occupé à faire autre chose. Je décide de sortir les écouteurs de ma poche puis je les porte à mes oreilles juste avant de décrocher.

La personne au bout du fil me répond avec ironie comme s'il est en train de suivre tous mes faits et gestes.
- N'ayez pas peur Tony, la discrétion est le maître mot de cette rencontre et je vous en parlerai tout à l'heure de ce qui en sont les causes. Prenez les escaliers et venez directement au troisième étage, chambre 312. Ne vous adressez à personne et ne prenez surtout pas d'ascenseur.

Je m'exécute sans rechigner et c'est tout essouflé et suant à grosse goutte que j'arrive au seuil de la porte de ladite chambre. Je m'apprêtais à toquer quand mon téléphone s'est mis à vibrer dans ma poche. Pas la peine de regarder, je décroche directement. Cette fois-ci c'était une voix de femme que je reconnus après quelques secondes d'hésitation.
- Allô bonjour!
Oui bonjour Sammy, tu vas bien?
- Oui oui! Juste pour te dire que j'ai pu avoir une sim et c'est avec mon numéro que je t'appelle.
-Ok ma chérie. Excuses-moi mais je te rappelle dans pas longtemps parce que j'ai un petit travail à faire.
- Ah ok.

Au moment même où je raccroche, la porte de la chambre s'ouvre et une main m'invite à y entrer. J'entre et à mon grand étonnement, c'est un homme clair de peau, un libanais d'un certain âge, on va dire la cinquantaine révolue, qui me fait signe de m'asseoir.

Il allume son cigare avant de me proposer quelque chose à boire que je décline avec respect.
- Bon Tony, je ne vais pas te mordre, détends-toi.
- Ne vous inquiétez pas, je suis plus que détendu.
- Pour commencer, je voudrai qu'on se tutoie parce que nous avons le même sang qui coule dans nos veines.
- Comment ça?
- Relax Tony, je t'ai vu grandir sans être là. En fait, je suis le jumeau de ta mère biologique Kadjidja.
- Hein ? Ma mère ?
- Oui ta mère, quoi tu n'as jamais su qui était ta vraie mère ?

Je ne savais vraiment quoi lui répondre vu que cette histoire m'a tourmentée dans le passé et est même la cause de mon départ à l'étranger. Depuis, je n'arrive même pas à constituer les pièces manquantes du puzzle de ma vie. Je suis comme un homme sans histoire à raconter, heureusement que je ne vais pas avoir d'enfants sinon qu'est-ce que j'allais leur dire à propos de ma couleur alors que mes parents sont noirs.

J'halète puis commence à lui expliquer mon récit qui pour moi restera un échec, le fait d'avoir grandi sans connaître mes véritables origines.

- Papa n'a jamais pris la peine de me retracer l'histoire comme il faut. J'avais 15 ans à l'époque et la même année, je passais mon brévet. Au moment où j'allais remplir mon dossier, il y avait bien le nom de mon père Makosso Georges mais par contre, là où il fallait mettre le nom de la mère, je constate que ce n'était pas le nom de Sabine Luezy qui figurait dans mon acte de naissance mais plutôt Kadjidja Al-Saeef.

Ce jour là j'ai vu noir pour la première fois de ma vie et c'est tout furax que j'ai interrompu les cours pour retourner demander une justification à mes parents. Je ne trouve personne à la maison en dehors du personnel de maison.

Je commençais à casser tout ce qui était à ma vue lorsque mon père fut irruption avec ces deux gardes du corps puis leur intima l'ordre de m'arrêter. Je pleurais aussi fort que je pouvais en lui demandant pourquoi? Il m'emmène dans son bureau, pour me calmer, il me signe un chèque de cinq cent mille qui à l'époque représentait beaucoup d'argent tout en disant que ma mère est morte quand j'avais trois ans.

Depuis, j'ai changé d'humeur et ai préféré aller vivre à l'internat parce que tout le monde m'insupportait à la maison. J'étais en passe de devenir fou. Dieu merci que mes études n'aient pris un coup, j'ai satisfait avec brio le BEPC et le Bac, puis je me suis envolé vers d'autres cieux deux ans plus tard, juste après avoir obtenu mon BTS à l'ISG.
- Je connais tout ça Tony. J'étais là une fois par année en période scolaire et je t'ai suivi un peu partout surtout à l'école. Mes amis d'ici te prenait en photo et nous les faxaient tout le temps. Il y en a même qui t'ont accordé la gentillesse en te facilitant certaines choses sans pour autant que tu ne doutes de quelque chose. Ce qui fait notre force, nous les libanais, c'est que nous sommes solidaires et nous nous entraidons.
- Tu viens de dire "Nous", est-ce que ça veut dire que ma mère est en vie et que vous êtes une famille nombreuses? Ai-je des demi-frères et des cousins et cousines?
- C'est long à expliquer. On peut parler autour d'un repas si tu veux mais j'aimerais qu'on commande et qu'on mange sur place car je tiens à passer incognito jusqu'à obtenir ce pour quoi je suis ici.
- Ok, ça ne me dérange pas.

*********** SAMANTHA OPALA***********
- Hum la go!
- Dutheile Dzoudzou merci de ton aide, ça va vraiment m'aider.
- Opal, saches que ce qui est à moi est à toi. Prochainement ne refait plus l'erreur de me rembourser quoi que ce soit à cause d'un "emprunt vestimentaire".
- Tu as de ces termes toi n'importe quoi vraiment, trop de droit dans la tête.
- C'est familial chez nous toi-même tu sais. Papa juriste, oncle juriste, cousin et cousine juriste. Chez nous tout est droit.

Nous éclatons de rire quoique je ne sois pas vraiment dans mon assiette. Le coup de fil que je venais de passer à Tony m'a trop refroidi. Il était tellement sec que j'ai eu l'impression de déranger. Peut-être qu'il était avec sa copine? Il ne peut pas en manquer hein, Tony est trop beau pour manquer quelqu'un dans sa vie. Je présume même que la file doit être longue et plusieurs se bousculent à la porte en attendant d'être appelées. Et moi je viens encore m'ajouter sur la liste exhaustive.

Eh Dieu! Pourquoi ma vie est toujours compliquée comme ça? Je naît dans une famille aisée où le papa était tout puissant directeur général dans une société de grande renommée, juste seize années plus tard, seize petites années plus tard, tu m'abaisse et nous perdons tout. On essaie de se refaire, juste au moment où je commençais à m'accomoder dans ma nouvelle situation, tu fais apparaître Tony. Il commence à m'habituer à lui, là il veut prendre déjà la poudre d'escampette et je vais être obligée de descendre de mon petit piedestal du moment. Finalement!

- Opal tu es avec moi ou pas?
- Désolée Dzoudzou, trop de problèmes?
- Quel problème encore? Toi qui viens de te doter d'un des téléphones dernier cri du moment. Tu as vu comment cette folasse de Corinne te lorgnait dans l'amphi?
- Kiekiekiekiekiekiekie ah ouais? J'ai même pas fait attention.
- Elle croyait avoir fini avec les histoires de telephones avec son vieux Sony Xperia acheté en deuxième main. Là tu as terminé hein la go avec ton samsung galaxy note 2 tout neuf. Moi j'ai même honte avec I-Phone.
- Toi là tu m'aimes trop, tout ce que je fais est bien pour toi et j'ai toujours raison à tes yeux.
- C'est l'amour ardent ma copa.
- Et si on allait manger quelque chose chez Kojack?
- Avec quel argent? Ou bien tu as un sponsor qui arrive?

Providentielle rencontre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant