MALÉDICTION PARTIE 16

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Ça va faire bientôt deux semaines que je n'ai pas les nouvelles de Dutheile, en plus depuis qu'elle a promis m'envoyer la photo de Geo son petit ami, elle n'a plus fait signe de vie. Tony non plus n'est plus jamais réapparu. Tout ça m'énerve surtout que je commençais déjà à développer les sentiments pour Tony. Qu'est-ce que je ne donnerai pas pour que ce ne soit pas lui? Je suis de plus en plus angoissée, heureusement que mon nouveau job m'occupe l'esprit ces derniers temps. Ajouté à ça Olivier qui est désormais quasi présent dans ma vie.

Tous les matins j'en profite avec papa dans sa voiture de service. Je me fais déposer par son chauffeur à la fac juste après qu'on l'ait déposé lui à son service. Ses nouveaux bureaux sont si luxueux, tellement luxueux que j'ai envie de crier au monde entier que mon papa travaille à la tour AKM-HÔTELS et il occupe pas n'importe quel poste hein, Directeur Général. Ouais je suis la fille du DG, d'ailleurs où-est passé ce fou de Junior Ombinda qui pensait pouvoir trainer toutes les filles à ses pieds à cause de son titre de fils du général. Fils du général de mes fesses oui tchuip.

Des fois après les cours, Olivier vient me chercher pour me déposer dans nos locaux après avoir mangé au resto. Les soirs, papa me récupère au bureau et nous rentrons ensemble. Le contrat signé, j'avais promis à monsieur Mohamed de passer tous les jours après les cours pour un petit training avec madame Sévérine, histoire de m'imprégner.

Sans mentir ma nouvelle vie me plaît énormement même si j'ai l'impression que quelque chose me manque. Quand je pense à ce qui aurait pu être ma vie aux côtés de Tony, mon estomac se noue et je regrette à fonds d'avoir fait passer l'occasion. Je n'ose même pas penser que ça pourrait être lui le gars de Dutheile. Vivement que Dieu intervienne dans cette situation.

Ça va faire dix minutes que j'attends que papa me récupère. Je suis dans le bureau de Sévérine qui a fait un tour me laissant sur son poste pour essayer de rediger le rapport de la semaine. Internet aidant, ça été comme une lettre à la poste et j'ai dû le terminer en un temps record.

N'ayant plus rien à faire et dans l'attente de papa, je décide de jeter un coup d'oeil dans ma boîte mail pour vérifier les messages. À peine je me suis connectée, je me rends compte que j'avais vingt et deux messages et quatre spams. Mon attention se porte directement sur le message de Dutheile parce que les autres n'étaient que ceux des correspondants virtuels.

Mon coeur commence à battre avant même que je ne clique. Je suis partagée entre le faire ou ne pas le faire. Après plusieurs hésitations, je décide enfin d'ouvrir.
"Ma personne, désolée de ne pas t'avoir prévenu mais Geo m'a prise au dépourvue.
Nous sommes actuellement à Rabat où nous passons d'agréables vacances avec sa mère et son petit frère.
Je ne t'ai pas dit laisse, on l'a fait lol.
Je sais que tu me reprocheras le fait que ce soit trop tôt, saches que ça été plus fort que moi.
Mais t'inquiète hein, il a dit que dès notre retour, il viendra voir papa pour se présenter.
Je t'aime ma soeur et je sais que tu ne me jugeras pas car tu sais si bien me comprendre.
Je t'appelle dès que je serai à Lomé.
PS: Je t'ai envoyé la photo de Geo en pièces jointes. C'est un peu flou parce que je l'ai prise sans qu'il ne sache.
Bisous".

Au moment même où je voulais télécharger la photo, la réceptionniste vient m'annoncer que papa était arrivé. Je me déconnecte, sors du bureau et ferme à double tour avant de lui remettre les clés.

Papa aussi c'est maintenant qu'il décide de se pointer. Juste au moment où j'allais lever l'équivoque de cette histoire et le libérer. Dommage que mon forfait internet mobile soit épuisé sinon je me serai connectée via mon phone pour télécharger la photo. Pas grave, demain est un autre jour.

Assise à l'arrière de la voiture juste à côté de la pile des dossiers de papa, je ne pensait qu'à cette affaire jusqu'à ce que je vois le chauffeur prendre le rond point et dévaler l'aller de l'entrée de l'hôpital.
- Il serait mieux de nous déposer juste à l'entrée Fabrice. Je ne tiens pas à ce que tout le monde sache que j'ai un nouveau boulot.
- Ok patron.
- Fais un tour et tâche de laisser ton téléphone ouvert parce que je t'appelerai dès que nous sortirons d'ici.
- Entendu patron.

Papa descend et me fait signe de le suivre. Nous nous dirigeons vers les service de la médecine.
- Papa qu'est-ce qu'on vient faire ici?
- Il y a votre grand-mère qui est là depuis ce matin dit-on. Ta mère m'a demandé de passer ici la chercher pour que rentrons ensemble.
- Ah si tu m'avais dit plutôt, je ne serai pas entrée ici. Je ne tiens pas à rencontrer ces hypocrites.
- Libères-toi de la rancune ma chérie. Ça ne nuira que toi-même au final. L'essentiel est que tu sais déjà qui ils sont.
- Ok papa. Fais-je boudeuse.

Nous entrons dans la salle, une salle spéciale où il y avait presque toute la famille. Tonton Dieudonné était debout au chevet de sa mère, maman et tantine Rachel assise sur une natte étalée à même le sol.

Mémé dormait à point fermé la bouche ouverte avec une respiration un peu saccadée. Je les salue puis je m'asseois à côté de maman sur la natte.
- D'où sors-tu si bien habillée? Me demande Rachel. Celle-là façon dont je la hais hum.
- Je viens de la fac tantine.
- Hum quelle fac là habillée comme une dame travailleuse. Fais attention hein, la vie c'est pas de la blague hein. Tu as vu ta grande soeur Divine qui malgré le fait qu'elle ait arrêté ses études a pu avoir un blanc qui s'occupe de lui et de nous autres hein. Tu as vu même cette salle, c'est lui qui a payée sans compter les frais d'hospitalisation. Aujourd'hui moi Rachel, j'ai les ongles de pieds et des mains toujours bien faits. Une nouvelle coiffure chaque semaine sans compter les parfums de marque qui ne quittent plus mon sac et que je collectionne désormais. La vie c'est ça hein, quand Dieu donne la chance à quelqu'un dans la famille, s'il se rend compte que cette personne est idiote et ne sait pas s'en servir, il la lui ravit et la colle à une personne d'autres dans la famille. C'est maintenant le tour de Divine hein?

Wooooo j'ai mal aux oreilles mama nanga, en une minute elle a tout déballé kwakwakawkawa sans même se soucier de l'état de santé de sa mère. Il y a de ces gens dans ce monde qui si Dieu avait commis la maladresse de me demander mon avis, elles n'auraient jamais existé. Je suis dégoûtée.

Au moment même où nous nous appretons à sortir, Divine se pointe perchée sur ses échasses avec une petite robe blanche sans même s'occuper de ses jambettes maigrelettes comme des brindilles.

Sans même saluer ne fusse que mon père qui pendant longtemps représentait son fantôme de père lors de la réunion des parents d'élèves à l'école, elle passe à côté de sa mère.
- Pourquoi vous avez alerté tout le monde? Tu sais bien que Claude sera là bientôt et il n'aime pas voir les attroupements. En plus, tu sembles ignorer ce que le prieur là nous a dit hein maman? Le problème avec toi c'est que non seulement tu parles trop mais tu fais trop confiance aveuglement.

Ça commence à trop parler genre jeter les pics si bien que mon père nous fait signe pour qu'on parte. Il met les mains dans sa poche et sort une liasse de cent mille qu'il tend à tonton Dieudonné en guise de contribution pour les frais hospitaliers de mémé.
- Euh Jérôme, il ne fallait pas. J'espère que tu n'es pas allé détourner les fonds d'autrui hein? Lance Rachel.

Quelle injure!

Providentielle rencontre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant