MALÉDICTION PARTIE 45

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******* Rachel Odiaki ******

Aujourd'hui je suis l'heureuse maman qui marie sa fille avec un coeur débordant de joie. Divine est d'une beauté sans pareil, c'est vraiment ma fille. Et le maquillage de Pauline a encore ajouté un petit plus, j'aurai bien voulu rester là dans la voiture avec elle jusqu'au moment où on viendra la chercher mais le devoir de mère m'appelle de l'autre côté. Les invités doivent me voir, voir à quoi ressembles la mère de l'heureuse élue.

Au fur et mesure que je m'approche de la tente où est réservée ma place, mon coeur fait des bonds dans la poitrine. J'ai comme l'impression de planer dans les airs, tellement les gens me regardent avec respect. Les assises avaient déjà commencé, ils sont déjà arrivés au moment de l'échange des présents.

Je suis en retard mais ça en valait la peine, je ne regrette même pas un peu parce qu'il fallait que je sois moi-même auprès de ma fille, au risque que cette Ingrid envoie les gangs lui saboter son maquillage et sa coiffure.

C'est toute fiereuse que je m'asseois sans regarder autour de moi. Les yeux fixés vers le nzonzi, je l'écoute faire sa litanie sans pour autant être là vraiment. Je plane, ma joie déborde, jamais je ne me suis sentie aussi heureuse de toute ma vie. Merci Divine, merci à elle de m'avoir enlevé cette honte qui m'a longtemps collée à la peau.

La partie des échanges passée, vient alors la partie où on découvre le marié. Quelle n'est pas ma surprise de voir la femme de Louis-Aimé se lever et prendre son mari par la main pour le conduire à la place d'honneur comme une mère à son fils.

Franchement la honte a quitté la tête de beaucoup de gens dans ce pays quoi. Comment une femme peut vouloir accompagner son mari épouser une autre? La stérilité peut pousser à des vices hein?

Non rien ne me gâcherait ma journée d'aujourd'hui, rien au monde ne pourra me mettre hors de moi en ce jour, ni l'attitude désinvolte de Ingrid, ni même le sourire jaune de Sylvie assise derrière car ne supportant pas me voir à l'honneur et encore moins les gros yeux de tout ce monde assis qui font semblant de s'étonner de la tournure que prends la chose.

Après avoir installé son mari comme une poupée gonflable dans le fauteuil, Ingrid fait signe au Nzonzi de lui donner le micro. Quoi? Si elle croit que je vais lui laisser cette chance de s'adresser devant ma famille, elle se fout les doigts dans l'oeil. J'en ai plus qu'assez de ses manies et je dois à tout prix lui ravir le micro avant qu'elle ne fasse patauger dans la boue de la honte devant ma famille.

La frénésie dans laquelle je me suis précipitée pour lui ravir le micro me surprend moi-même.

- Madame, avec tout le respect qu'on se doit mutuellement, vous n'avez rien à dire ici.

- Ce n'était pas quelque chose de méchant mais bon, je vois que vous ne voulez pas donc je n'insiste pas.

- Oui c'est mieux!

Je regagne ma place furax, je n'en peux plus de cette femme, elle a poussé le bouchon trop loin. À croire qu'elle médecin ? Donc l'école de médecine là apprend la sauvagerie aux gens? Comment elle peut se permettre de telles inepties ?

Pour détendre l'atmosphère, le facilitateur a fait appel aux danseurs traditionnelle de venir exhiber leur art devant le public.

Quinze bonnes minutes se sont écoulées sans que personne ne bronche. Nous sommes tous comme hypnotisé aux pas de danse. Mes yeux ne quittent pas ceux d'Ingrid, j'ai comme l'impression qu'elle veut gâter la cérémonie.

Je reste aux aguets, plus personne ne me remettra à genoux au moment où j'ai déjà pris un élan debout. Si elle ose blaguer, je lui montrerai de quel bois je me chauffe. Ce n'est pas en cassant le thermomètre qu'on fait tomber la fièvre, si elle était une si bonne femme, son mari ne se serait pas tourné vers ma fille. À la guerre comme à la guerre!

Providentielle rencontre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant