MALÉDICTION PARTIE 88

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******Tony Makosso*******

Le commissaire me regarde furtif avant de me poser la question si ça en valait vraiment la peine que l'on soit à Brazzaville avant que l'aurore ne se pointe.

- A vue d'œil tout le monde est fatigué et il y en a même qui baillent déjà mais je tiens à être à Brazzaville quitte à faire la route tout seul. Comprends-moi Landry, je tiens absolument à être sur Brazzaville dans les heures qui suivent.

- Euh, je ne puis te garantir quoique ce soit parce qu'à cette heure-ci les vols locaux sont fermés et très souvent, les jet-privés ne passent la nuit qu'à Brazzaville. Me répond-il.

Cette hésitation du commissaire a failli de peu me décourager mais une force intérieure me dit de ne pas revenir sur la décision. Je dois absolument être à Brazzaville quelques soient les conditions qui se présenteront.

Pensif, je regarde Landry se démener de cent façons avec de gouttes de sueur qui perlaient déjà sur son front, signe qu'il est à bout de souffle. L'équation semble être compliquée pour lui mais pas pour moi. Au point où je suis, toutes les alternatives sont bonnes pour arriver à Brazzaville. Si au moins j'avais eu Samantha au téléphone, je me serai calmé mais là, mon inquiétude ne fait que grandir et je sais au fond de moi qu'il y anguille sous roche. Il y a bel et bien une situation qui se trame et que ma mère n'a pas voulu me dire.

Diantre! Comment je n'ai pas pu retenir les numéros de Brel et Jerry? Ni celui de leur père encore moins celui de la mère que je n'ai jamais cherché à avoir par respect? Je disais toujours que ma cervelle me sera préjudiciable un jour et là j'en paie.

Et si Sammy avait été appelée par le créateur ? Non non, je n'ose même pas y penser d'ailleurs je ne sais pas si je survivrai après ça. J'ai tellement de projets avec elle, je veux la rendre heureuse et lui faire découvrir les choses les plus merveilleuses qu'elle n'ait jamais eu à voir. Ma raison de vivre c'est elle, celle pour qui mon coeur bat, c'est encore elle. Je l'aime et c'est plus fort que moi.

En voyant le commissaire tâtonner sur la solution à prendre, je me résous de faire à ma manière. En temps normal je serai déjà mort de fatigue avec toutes les péripéties que j'ai vécues ces derniers jours mais une force en moi me dit de foncer. Quand c'est comme ça plus rien ne m'arrête et les obstacles deviennent comme des challenges pour moi. Pour ça, je ne cesserai de remercier ma marâtre qui, en croyant me maltraiter, n'a fait que me forger pour devenir ce que je suis aujourd'hui.

Quelques minutes plus tard, je vois Landry se diriger vers moi tout en se grattant sa tête chauve. Je comprends par là qu'il n'a pas pu trouver de solutions et il est donc temps pour moi de passer à la vitesse grand v.

- Landry ne t'en fais pas pour moi, même s'il n'y a pas de vol, je m'y rendrai en voiture. Il faut absolument que je rentre. Lui dis-je déterminé.

- Mais Tony. .. demain ce n'est plus loin...Et. commence-t-il à m'avancer contrarié avant que je ne coupe court.

- J'apprécie énormément ton aide et je ne cesserai de te remercier pour ce que tu as fait pour moi Landry. Sans toi, je serai peut être mort et rien que pour ça, tu compteras à jamais dans ma vie. Je te comprendrai si tu me dis que tu ne pourras pas faire la route parce que je te sens fatigué mais s'il te plaît, laisses-moi m'en aller. Répondis-je à bout de souffle.

Landry me regarde sans mot dire puis il intime l'ordre à ses agents d'aller vite faire leurs bagages pour nous escorter jusqu'à la capitale. C'est une mesure responsable et prudente à la fois vue la situation qui prévaut actuellement dans une zone juste avant la porte de Brazzaville. Des rebelles et des bandits ont pris la manie d'agresser, de menacer et de voler les passants avec des armes à feu. Des fois ils vont même jusqu'à brûler les véhicules donc avec cette escorte, nous sommes sûres d'entrer à Brazzaville sains et saufs.

Providentielle rencontre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant