16. Andy

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Je commençais à être habitué a l'odeur de chez lui. Ça sentais différent de chez moi, différent des produits de ménages, différent du propre. Ça sentais Max. Et je ne m'en plaignait pas. Son odeur avait quelque que chose, un je-ne-sais-quoi d'apaisant.
La disposition des pièces étant similaires, je circulait assez bien, sans compter les deux fin d'après-midi où j'etais passé le voir.

- Alors ? On fait quoi maintenant que tu n'est plus cloué au lit ? Je demande.

Je reste planté dans le salon mais l'entend fouiller dans sa chambre.

- Ah ! Je l'entend s'exclamer d'ici.

Il revient ensuite se placer a côté de moi et me met un objet dans les mains. On dirait un genre de télécommande, il ya des boutons mais aussi des choses que je ne reconnais pas et la forme ne correspond pas.

J'entend sa bouche bouger et former un sourire, heureux de me poser une colle.

- C'est une manette de jeu. De console PS3. Il fait, satisfait.

Il pose ses mains sur la manette pour la récupérer mais s'attarde sur ma peau contre la sienne.

Quelque chose en lui à changé, je songe.

Il récupère finalement l'engin et trotinne vers sa chambre, m'intimant de le suivre. Je m'engouffre dans le couloir à sa poursuite, désirant savoir ce qu'il prepare pour être aussi sûr de lui aujourd'hui, lui qui est toujours timide.

Je l'entends à nouveau farfouiller dans sa chambre. J'entre et m'approche de lui, main en avant, cherchant à découvrir l'objet de ses préoccupations. Il s'agit d'un grand poste télé. Assez vieux, un grand écran cathodique, posé sur une pile de lecteur CD, Cassette, décodeur et autres.

Max s'assied et le bruit d'un lecteur CD qui se ferme me parvient ainsi que le bruissement aiguë de l'écran quand Max l'allume.

- Que fais-tu ? Je demande inquiet qu'il ai oublié que je ne peux regarder de film.

Je l'entends prendre une grande inspiration, comme si il ramassait tout son courage avant de me répondre.

- Je vais te faire découvrir les jeux vidéo Andy.

Mon coeur me semble hors de ma poitrine un instant.

Comment ça ? Moi ? Jeu ? Vidéo ? Image ? Je songe en proie au tourment.

- Viens, il fait le souffle court, tapant le sol devant lui.

Je m'exécute sentant sa gêne. Je viens devant lui. Il est adossé au lit et nous sommes face à l'écran toujours allumé.

- Comment va-t-on faire ? Je demande levant la tête vers l'écran.

Ses mains s'enroulent autour de ma taille et il me fait reculer un peu plus vers lui. Un frisson me parcourt et je me crispe, droit comme un "I".

- Je serai tes yeux, murmure-t-il la voix trambottante à mon oreille maintenant que nous sommes collés.

Il pose à nouveau la manette entre mes mains. Je n'ai pas l'habitude d'être surpris comme ça et de le montrer. Mais son cran et son courage me perturbent et me séduisent. Perdre ma place de garçon entreprenant ne me déplaît plus tant que ça, et je me surprend à aimer ça.

Il pose ensuite mes pouces et mes doigts aux bon endroits de la mannette, d'un air concentré. Il m'indique ensuite la place de tout les boutons, que je peine à retenir étant donné leur nombre puis il place délicatement ses mains sur les miennes pour guider mes mouvements.

- Dans ce jeu, tu incarne un personnage armé. Ton but est de ne pas mourir, de ne pas être tué par un autre joueur. Tu est dans une sorte de ruelle pour le moment. Essaie d'avancer.

Il appuie sur mon pouce pour mouvoir un des drôles de boutons vers l'avant.

- Voilà, tu as avancé, maintenant tourne à droite, nous sommes à un intersection.

Il joint le geste à la parole et je comprends la logique des commandes.

- Là il ya quelqu'un, tu peux lui lancer une grenade fumigène pour lui brouiller la vue et l'empêcher de t'attaquer.

Il me montre un autre bouton.

Au bout d'une dizaine de minutes il m'a fait explorer toutes les commandes et s'est grandement détendu. Je décide de l'embêter un peu et recule discrètement, pour coller un peu plus mon dos contre son torse, un sourire mesquin sur le visage. Sa respiration se bloque avant de repartir, plus saccadée, et je sens son coeur s'emballer. Je ferme les yeux fier de l'effet que je lui fait et voulant approfondir en sensation cet instant. Je sens ainsi les courbes des fins muscles de son torse, aussi bien que si j'avais posé mes mains dessu, à ceci prêt que nos vêtements m'empêchent d'évaluer la douceur de sa peau.
Je sens ses mains relâcher les miennes alors que lui aussi semble profiter de cette proximité, son visage enfouis dans mon cou.

Cette fois c'est sûr, je songe, quelque chose en lui à changé.

Les Yeux Bleus de l'Aveugle du troisièmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant