Mélaine
Sa main rugueuse vint caresser tendrement ma joue y laissant une marque indélébile. Peinant d'ouvrir mes paupières lourdes de fatigue, je les fermais pour mieux apprécier ses caresses. Un mal de crâne épouvantable m'empêchait de le regarder droit dans les yeux.
Murmurant des paroles de sa langue natale, il traça de son pouce les contours de mes lèvres avec une douceur dont j'ignorais l'existence. Sa voix empreinte de tristesse et de remords me serra le coeur malgré le fait que je ne comprenais un piètre mot en allemand. Au fond de moi, je savais qu'il se sentait coupable voulant se faire pardonner.
Et que dire de moi? Ma famille avaient contribué, non, que dis-je, avait été la source même de son malheur! N'importe qui aurait agi de la sorte se vengeant de ses bourreaux, les voir payer au centuple ce qu'ils vous avez fait. Au final, toute forme de vengeance est un acte de justice! Cependant, il était prêt à voler l'entreprise! Mon entreprise! Laquelle j'avais pris des années à construire avec Cherylle.
-"Mais, il ne l'a pas fait," me souffla ma conscience laissant un raz de marée de décisions pas encore prises concernant Thomas m'assaillirent de toute part.
Sentant un vide quand ce dernier cessa toute caresse sur mon visage, j'ouvris instantanément les yeux pour connaître s'il était parti. Cependant, ce bel allemand était toujours sur le lit, son corps légèrement penché sur moi tandis que son visage fut à quelques millimètres du mien.
-"Je savais que tu ne dormais pas," m'avoua-t-il avec l'ombre d'un sourire.
-"Je réfléchissais," me défendis-je, sentant mes joues chauffer.
-"À quoi?" s'enquit Thomas curieux. -"Sur ce que je t'ai dit?"
En guise de réponse, J'hochais simplement la tête. Thomas se leva aussitôt du lit, aucune émotion sur son visage taillé à la serpe, à l'exception de ses tourmalines paraïba qui le trahissaient ouvertement. Un mélange de culpabilité et de tristesse se lisaient dans son regard profond.
-"Je ne sais plus quoi penser, Thomas. Il n'y a aucun mot pour décrire ce que tu as pu ressentir pourtant, tu n'avais aucun droit de te jouer de moi de la sorte," répliquais-je en l'enjoignant.
Comblant l'espace qui nous séparait, Thomas s'avança précautionneusement vers moi, s'attendant sûrement d'un refus de ma part, néanmoins, je ne bougeais point à sa grande surprise. Mon coeur tambourinant à un rythme irrégulier contre ma poitrine, je le laissais faire.
-"Me pardonnes-tu?" me demanda-t-il d'un murmure rauque contre mon visage.-"J'ai certes perdu ton amour mais, ai-je au moins ton pardon?"
Ma gorge fut subitement sèche. Les larmes ravageaient petit à petit mon visage. Cependant aucune parole sortit de ma bouche. Son pouce essuya doucement mes larmes avant que je le serrais dans mes bras. Choqué, Thomas resta stoïque puis resserra son étreinte contre ma taille. Blottie dans ses bras robustes, mes larmes se tarirent peu à peu.
-"Non, je ne te pardonne pas," lui dis-je d'une voix enrouée qui le fit desserrer sa prise. -"Car il n'y a rien à te pardonner, Thomas, même si tu as voulu te venger. Tu n'es pas le fautif dans l'histoire. Mais si tu veux réellement entendre ses mots, je te pardonne," continuais-je émue.
Un léger sourire illumina son visage. Il m'étreignit cette fois-ci avec plus d'ardeur qui me fit rire.
-"Merci de m'avoir tout dit," le remerciais-je en me détachant de lui.-"Je peux partir maintenant."
Thomas me scruta intensément pour ensuite déclarer;
-"Tu ne peux pas partir, meine liebe," me dit-il qui me fit rire nerveusement.
Cependant le ton sérieux qu'il avait employé me fit comprendre qu'il ne se moquait pas de moi.
-"Quoi?" m'écriais-je incrédule.-"Comment ça? Qu'as-tu fait?" répliquais-je.
Néanmoins, il ne me répondit pas. J'ouvris alors la porte, dévalant les escaliers quand j'aperçus des valises dans le salon. Attendez, c'était les miennes!
-"Comment étaient-elles arrivées ici?" me demandais-je à moi-même.
-"L'hôtel où tu habitais appartient à mon ami," avoua Thomas, un sourire triomphant aux lèvres.
-"Tu n'as aucun droit!"
Il haussa légèrement ses sourcils désignant mes valises.
-"Mais c'est du kidnapping, Thomas!"
-"Non, mein herz, tu es venue en Allemagne de plein gré."
-"J'ai ma vie, mon entreprise, un petit ami," mentis-je à nouveau pour le dissuader.
-"Tu viens d'énumérer la raison qui me pousse à te garder ici, Mél," contrattaqua ce dernier.
Prenant ma tête dans mes mains, je décidais de lui dire la vérité. Je pourrais enfin retourner chez moi.
-"Il n'y a aucun petit ami. C'était un mensonge, Thomas. Laisse moi partir!"
Néanmoins, il ne fit rien. Un sourire radieux au visage, il se rapprocha de moi.
-"Tu ne partira point parce que je sais désormais que tu continues à m'aimer comme moi je t'aime."
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Is It Desire! Tome 2 (Terminé)
ChickLitEst-ce de l'amour ou du désir? Voilà la question qui obsède nos deux protagonistes. Si au début, Thomas n'avait agi que par pure vengeance, désormais, ce n'est plus le cas. Mais, Mélaine est-elle prête à lui pardonner malgré ses mensonges? Fuira-t...