Is It Desire! Tome 2 (Terminé)

Chapitre Cinquante six

Mélaine

-"Tu veux vraiment être seule avec elle?" tenta une énième fois Thomas, les traits durs.

-"Oui, il le faut," lui avouais-je en entrant dans une salle où elle viendrait me rejoindre dans quelques secondes.

Le tourbillon d'émotions qu'avait engendré Christiana était plus pire que n'importe quel catastrophe naturel. Elle avait eu le dernier mot, ne voulant plus m'avouer la vérité attisant par la même occasion, ce curieux désir de tout savoir tout comme ne rien savoir.

La gardienne de prison ouvrit finalement la porte me sortant de mes pensées, laissant apparaitre ma génitrice. Si elle n'avait pas ce même regard dédaigneux, j'aurais certainement dit que ce n'était pas la Christiana Vierra qui aimait se revêtir de parures et de vêtements de luxe qui se tenait devant moi!

Son visage tuméfié me fit déglutir péniblement. Trente cinq années de prison ferme avait condamné le juge et voilà qu'à peine deux mois plus tard, elle était méconnaissable, me faisant même tressaillir laissant une trainée de frissons parcourir mon corps. Un œil au beurre noir qui se tournait vers le violet, ses longs cheveux ordinairement longs étaient coupés à la garçonne mais qui était rasé presque partout ne lui donnant aucune forme et ses longs doigts fins autrefois manucures de toutes les couleurs étaient courts sûrement rongés.

-"Tu es venue pour t'enlever un poids sur la conscience d'avoir trainée ta propre mère en justice ou te réjouir de me voir ainsi?" s'enquit-elle brutalement.

-"Ni l'un ni l'autre," admis-je. -"En premier lieu, tu n'es et n'a jamais été ma mère et deuxièmement, tu as creusé ton propre destin en agissant de la sorte. J'aurais pu tout te pardonner mais ta tentative de me tuer moi, ta fille et Thomas est au dessus de mes forces. Tu mérite amplement ce qui t'arrive. Je n'ai fait que te rendre la monnaie de ta pièce après une enfance où tu m'avais privé de tout amour maternel et m'abandonnant deux, pas une mais deux fois. Alors oui, je ne regrette en aucun cas de t'avoir mis derrière les barreaux, Christiana."

Ses poings éraflés s'abattirent sur la table voulant me terroriser comme elle se jouissait de le faire quand je venais d'être adoptée. Pourtant, je la fixais imperturbable sans aucune once de peur dans le regard. Ses yeux emplis d'une folie meurtrière me guettèrent attentivement.

-"Pourquoi es-tu ici alors? Attends, laisse moi deviner. C'est pour connaitre son nom, n'est-ce pas?"

-"Au début, cela me perturbait énormément, je l'admets certes mais la raison de ma venue est tout autre chose."

-"Ah oui et quoi?"

-"Tu vas devenir grand-mère même si tes petits enfants ne te connaitront jamais."

-"Tu... Tu es enceinte?" me dit-elle en apercevant maintenant mon ventre arrondi.

-"Oui et de faux jumeaux. D'après le docteur, j'aurai un garçon et une fille. Elle nous a finalement dévoilé le sexe des bébés."

-"Et quoi? Tu veux que je me réjouisse pour toi?" s'enquit-elle agacée.

-"Non, ce n'est pas la peine. Je veux juste que tu sache une chose, maman. Tu voulais me détruire mais qui est la plus détruite de nous deux? Qui a tout perdu au final, toi ou moi? Je suis venue pour te prouver que tu as perdu, oui, maman, tu as tout perdu, ton mari, tes enfants, ton argent et même tes nombreux amants! Je mettrais même ma main au feu que c'est la première visite que tu reçois depuis que tu es ici."

-"Nous verrons quand je sortirais de prison," me menaça ma génitrice sourire cynique aux lèvres.

-"Tu te tiens devant moi et tu es à moitié morte après deux mois dans cette prison. Les prisonnières ne t'apprécient pas, on dirait. Franchement, elles n'y sont pas allés de main morte," lui rappelais-je, en un léger sourire malgré au fond de moi, je ressentis un léger pincement au coeur sachant pertinemment qu'elle ne pourrait pas tenir tout ce temps sans en payer le prix fort.

-"Alors va-t-en! Tu as eu ce que tu voulais, n'est-ce pas? Fiche le camps désormais."

-"Pas tout de suite," répliquais-je cinglante. -"Je veux savoir une chose. Claire est-elle la fille de papa ou bien elle aussi est comme moi, l'enfant d'une de tes liaisons?" lui posais-je cette question qui titillaient ma langue depuis un très long moment dès que je m'étais rendue compte du vrai visage de ma génitrice.

Cette dernière serra rageusement les poings alors que je venais de découvrir le pot au rose. Me levant gracieusement, je la regardais une dernière fois sans l'ombre d'un sourire alors qu'un silence pesant se creusa davantage entre nous deux. Je fis signe à la gardienne de m'ouvrir, chose qu'elle fit aussitôt.

-"Adieu Christiana," dis-je en sortant une bonne fois pour toute de cet endroit lugubre pour rejoindre Thomas qui m'attendait impatiemment devant la porte.

-"Alors?" s'enquit mon ténébreux allemand en m'etreignant tendrement contre lui.

-"Tout est enfin terminé, mon amour," lui dis-je entrelaçant nos mains ensemble sortant de la prison dont ma génitrice ne pourrait jamais s'enfuir.

Main dans la main, nous sortîmes ensemble sans un regard de plus vers cet endroit, sans un regard de plus en arrière. Mes chaines du passé qui me ligotaient venaient enfin d'être retirées. Plus rien, plus personne ne pourrait nous détruire. Nous pouvions être finalement heureux. Relevant la tête pour me plonger dans cet océan d'amour qu'est ses tourmalines paraïba, je déposais mes lèvres sur les siennes en un baiser doux et passionné alors qu'un nouveau chapitre venait de s'écrire aujourd'hui, celui d'un nouveau départ, d'une nouvelle vie, celui du bonheur, celui de l'amour.