Chapitre Vingt huit

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Mélaine

-"Réveille toi, meine liebe," entendis-je en reniflant une délicieuse odeur de café.

-"Humm, pas maintenant, tout à l'heure, mon chéri," soupirais-je en m'étirant paresseusement du lit.

J'ouvris avec toutes les peines du monde mes yeux pour croiser celui de mon fiancé, torse nu, un plateau fumant dans la main. Un sourire enfantin naquit sur mon visage quand il le déposa sur le lit.

-"Mange avant que ça refroidisse," me conseilla mon amoureux en venant s'asseoir sur le lit.

-"C'est délicieux," m'extasiais-je en prenant une première bouchée.-"Ouvre la bouche,"

Tenant ma fourchette en l'air, il ouvrit sa bouche pour que je le nourrissais. Cette image de nous deux comme un couple me fit sourire néanmoins pour de courte durée. Sa main dure se posa sur la mienne ressentant ma soudaine crainte tandis que l'autre essuya ma bouche tendrement. Son regard protecteur me couvant me fit frissonner de la tête aux pieds.

-"Tout va bien se passer," me rassura mon ténébreux amant.

Ma tête se nicha instinctivement contre son cou essayant de contrôler mes sanglots. Si j'avais su que sa demande en mariage aurait créé un tel apocalypse dans nos vies, j'aurais peut être...

Non, impossible, je ne lui aurais jamais dit non. Pourtant, voir mon passé et le tien étalés en première couverture des magazines par ses journalistes m'affectaient au plus haut point tout comme le fait qu'ils avaient révélé au grand public son ancienne relation avec Claire.

-"Quand tout va se terminer?" lui demandais-je déroutée.

Thomas prit immédiatement mon visage en coupe. Ses yeux reflétaient une immense colère qu'il se retenait de contenir en apercevant mes yeux rougis que je masquais avec un sourire contrit.

-"Aujourd'hui même," me promit-il me serrant dans ses bras.

Une émotion indicible se répandit dans tout mon être à l'entente de sa voix implacable.

-"Personne ne te fera du mal et je compte bien régler cette histoire le plus tôt possible," m'avoua Thomas en essuyant mes larmes. -"Reposes toi. Je reviens dans quelques heures."

-"Je dois m'occuper et c'est seulement à l'entreprise que je pourrais le faire."

Perplexe, il plissa ses sourcils puis hocha la tête. Comme pour m'apaiser, il joua avec mes cheveux tarissant mes larmes par la même occasion.

-"Dans la joie et dans la tristesse," débutais-je, un léger sourire aux lèvres.

-"C'est quoi?" m'interrogea mon ancien client.

-"Tu n'as pas écouté le prêtre pendant la cérémonie?"

-"Non," m'avoua-t-il.-"J'étais trop occupé à regarder ma fiancée."

-"Idiot," répliquais-je en entrelaçant nos doigts.

-"Ce n'est pas ce que tu disais ce soir-là."

-"Revenons à nos moutons, je disais quoi déjà? Ah oui, dans la richesse et dans la pauvreté. Dans la maladie et la santé, jusqu'à..."

-"Pour l'éternité," contredit mon Adonis.

-"Je vous aime, Monsieur Von Brûstch."

-"Et moi, je t'aime encore plus," déclara ce dernier avant de me relâcher pour que je puisse m'habiller.

-"En es-tu sûre, meine schatz," me demanda Thomas d'une voix sombre lorsque nous fûmes devant mon entreprise.

-"Oui, mon amour. Passe une bonne journée."

Il scella ma bouche à la sienne me prenant par surprise. Fiévreuse, je m'accrochais à sa chemise en lui répondant avec la même ardeur. Sa langue tournoya avec la mienne avec passion. Mon souffle s'accéléra tout les battements répétitifs de mon coeur alors qu'il se détacha à contrecœur de moi.

-"Passe une bonne journée, meine liebe," me dit-il avant de me rendre au travail.

-"Dis que je ne suis pas là," ordonnais-je lassée à Guillaume pour la énième fois.

-"Mél, tôt ou tard, tu devras sortir de ton bureau," m'avertit mon assistant en se tenant dans l'encadrement de la porte. -"Cette option n'est que dérisoire et tu le sais bien."

-"Que veux-tu que je fasse? Me parader devant ses fichus paparazzis!"

Tout comme moi, il était tendu. Du haut de mon bureau, je pouvais apercevoir quelques journalistes toujours camper devant le bâtiment attendant sûrement que je sortis de mon entreprise.

-"Retourne chez toi, Mél," me conseilla Lou.

-"Et mes rendez-vous de cet après-midi?"

Nerveusement, il se gratta le cou, signe qu'il me cachait quelque chose. Son regard d'ordinaire mesquin me fuyait.

-"Qu'y-a-t-il?"

-"Tôt ou tard, tu aurais découvert le pot aux roses. Tous tes rendez-vous sont annulés. En vérité, depuis que les paparazzis ont placardé votre histoire sur toutes les magazines, certains clients refusent que tu t'occupes de la décoration de leur propriété. J'ai dit certains pas tous. D'autres n'ont rien dit sur ses rumeurs," essaya-t-il de me réconforter.

-"Alors, nous venons de perdre trois clients," éludais-je peinant à y croire.

-"Cinq pour être précis."

-"Merci Guillaume, tu peux prendre ta journée."

-"Ce n'est que quelques clients, Mél!"

-"Pour toi, peut être. Mais pour moi, je vois partir en fumée mon rêve, tout ce que j'ai travaillé des années à construire."

-"Tout va..."

-"Oui, je sais! Tout va bien se passer," répliquais trop sèchement.-"Excuse moi, Guillaume, je passe mes nerfs sur moi."

-"Mél,"

-"Prend ta journée. Je veux être seule."

En guise de réponse, il referma la porte avec un sourire compatissant. Ramassant mes affaires, je retournais chez moi pour me reposer.

-"Quelle journée de merde!" pensais-je.

-"Un bon bain me fera du bien!" me rassurais-je lorsque je fus enfin arrivé à mon palier.

Prenant mes clés pour ouvrir la porte, je me stoppais en remarquant qu'elle était déjà ouverte. À pas de loup, je pénétrais dans mon appartement, mon coeur battant sourdement contre ma poitrine, lorsque j'entendis cette voix si familière. Une vidéo de notre enfance commune repassait en boucle sur la télévision. Me retournant pour lui faire face, je fus choquée de voir qu'elle n'avait point changé depuis tout ce temps.

-"Bonjour petite soeur," commença-t-elle.

-"Bonjour Claire."


Is It Desire! Tome 2 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant