Chapitre Trente et un

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Mélaine

-"Tu regrettes déjà?" m'interrogea Thomas, son souffle chaud percutant ma nuque.

-"Non, il est désormais trop tard pour avoir des regrets. J'ai tout simplement peur," lui avouais-je.

Son regard s'adoucit lorsque je relevais la tête pour admirer son visage dégageant une virilité sans faille. Ses traits, néanmoins, étaient marqués. Il semblait toujours tendu, voire même fâché.

La simple énonciation de son prénom était source de dispute. Mais pour être complètement débarrassé de cet abcès comme me l'a répété si souvent Thomas, il fallait impérativement que je sache. Et c'était pourquoi j'avais donné un rendez-vous à Claire aujourd'hui à Central Park.

"Était-ce une si bonne idée que ça?" ne pouvais-je m'en empêcher de penser lorsque nous fûmes enfin arrivés.

-"Attend moi dans la voiture," lui conseillais-je en détachant ma ceinture.

-"Et te laisser seule avec cette sangsue? N'y penses même pas!"

-" Claire ne me fera pas de mal. De plus, elle ne voudra rien me dire si tu es avec moi."

-"Alors, ça confirmera ma théorie qu'elle essaie de te soutirer de l'argent mais tu persistes à voir son côté humain qui a totalement disparu ou bien même qui n'a jamais existé."

-"Les gens peuvent changer," essayais-je de la défendre coûte que coûte.-"Tu n'as pas voulu te venger d'elles. Ça prouve clairement que les gens changent!"

-"C'est différent, meine liebe. Moi, je suis amoureux de toi. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé une femme. Est-ce leur cas? Mon intention n'est pas de te blesser mais de t'ouvrir les yeux sur leurs vrais visages."

-"Je sais," soupirais-je lassée.

Tendrement, il me hissa sur ses genoux entrelaçant nos doigts tandis que de sa main libre, il remettait une de mes mèches rebelles derrière mon oreille qui provoqua toujours des milliers de frissons sur tout mon être. Ce sourire en coin me prouva qu'il connaissait mon corps plus que moi et aimait me torturer de la plus passionnante des manières.

Sa main rugueuse vint ensuite caresser ma cuisse où on devinait aisément son passage grâce à ses nombreuses marques. Heureusement que ma robe les recouvraient tous!

-"Je ne veux pas t'imposer cette souffrance," déclarais-je, voyant sa mine assombrie.

Il fronça ses sourcils en me scrutant.

-"Je sais que tu as tout entendu y compris sur... L'avortement," lui dis-je doucement.

Il rejeta sa tête en arrière ne disant rien, laissant un lourd silence planer dans sa voiture.

-"Il n'était pas de moi pourtant à chaque fois que j'y penses, je ressens une douleur au niveau de ma poitrine," m'avoua Thomas, les yeux fermés.

Assimilant ses paroles empreintes d'une tristesse incommensurable, je me penchais vers lui, écrasant son torse par la même occasion, le coeur serré devant sa souffrance, impuissante devant sa douleur.

-"S'il était de moi, j'aurais tué Claire," m'avoua-t-il sombrement.

Je déglutis péniblement devant son aveu, doutant de plus en plus de la sincérité de ma soeur. Après tout ce qu'elle avait commis, y avait-il une infime dose d'humanité en elle ou bien, elle avait suivi les pas de mère?

-"Tes blessures prendront du temps à guérir, compte sur moi pour toujours les soigner," murmurais-je.-"J'aurais tellement aimé retirer cette tristesse qui t'habite comme tu l'as fait avec moi, Thomas."

-"Tu l'as fait en me redonnant une chance, mein herz. N'oublie jamais que tu es la seule personne qui puisse me faire du mal."

-"Je ne le ferai jamais," lui promis-je.

Ce dernier ouvrit les yeux, ses tourmalines paraïba illuminants, me fixèrent intensément comme pour s'imprégner de moi, voulant à tout prix garder cette image de moi puis scella cette promesse que je tiendrais solennellement, en m'embrassant tendrement comblant ce besoin primitif de le ressentir tout prêt de moi.

Un sourire éclaira son visage fantasmatique.

-"Remercie Claire pour m'avoir volé," me conseilla Thomas sous ma mine faussement mécontente. -"Car grâce à elle, j'ai pu te rencontrer," admit-il.

Ses paroles me transpercèrent de toute part, laissant une larme de joie s'échapper involontairement de mon œil dont il essuya de son pouce.

-"Allons-y, meine liebe.

-"Thomas n'est pas avec toi?" me demanda Claire plissant ses sourcils en venant s'asseoir à côté de moi.-"Non, il nous surveille de loin, n'est-ce pas?"

-"C'est exact," affirmais-je hochant la tête.-"Maintenant, peux-tu me dire cette nouvelle si importante pour que tu as pu entrer dans mon appartement comme un brigand?"

-"Thomas a du te parler de moi dans des termes moins élogieux vu la façon dont tu me parles aujourd'hui."

-"J'ignore les raisons de ta venue. Pourquoi maintenant et pas avant?"

-"Parce que j'essaie de changer. Quand mère t'a mis à la porte après la mort de papa, elle a dilapidé toute sa fortune et l'héritage qu'il nous avait laissé. J'ai été mannequin à une époque pour subvenir à mes besoins. Puis, l'argent commença à monter dans ma tête. Je voulais toujours plus jusqu'à voler des hommes, y compris Thomas, qui s'était vraiment amouraché de moi. Néanmoins, je ne m'étais pas rendu compte du mal que j'avais fait et quand, j'ai enfin réalisé, il était hélas trop tard."

-"Comment savoir si tu me dis la vérité?" lui demandais-je après l'avoir écouté.

-"J'aurais tout d'abord agi comme notre très chère et tendre 'maman' en allant à ton bureau et semer la zizanie dans votre couple ce qui n'est pas mon intention. Mère est folle. C'est le mot adéquat pour la définir. Après mon avortement, je me sentais mal, terriblement, jusqu'à tout plaquer. J'avais quitté l'Allemagne, ne donnant aucune nouvelle à personne, ni même à mère. J'ai voyagé sans aucun but précis jusqu'à finir un mercredi après-midi devant le métro de Londres où j'ai rencontré Lucas qui est écrivain. Ça fait plus de six mois que nous sommes ensemble et je n'ai nulle envie de le perdre."

-"Est-il au courant de ton ancienne vie?"

-"Oui, je lui ai tout dit. Au début, il a cru à une mauvaise blague puis il a compris que ça en était pas une."

-"D'accord, cependant, je ne comprend pas. Que vient faire mère alors?"

-"Père était sa poule aux oeufs d'or tout comme moi. Elle voulait sa part dans ton entreprise mais Thomas l'a menacé. Et tu sais que mère adore toujours avoir le dernier mot."

-"Elle cherchera à me faire couler ou à me voler comme elle n'a plus d'argent" éludais-je.

-"J'ai coupé tout pont avec mère. Elle essaiera de te faire tomber, Mél. Sois en sûre. Elle n'a jamais une vraie mère pour nous deux. Réfléchis bien avant d'agir, petite soeur," me conseilla-t-elle avant de se lever du banc. -"Je comprend que tu puisses douter de moi. Pourtant, sache une chose, malgré tout mes défauts, je ne t'ai jamais fait de mal, ce qui n'est pas le cas de mère, car tu es et resteras ma soeur, Mél."

Is It Desire! Tome 2 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant