Chapitre Cinquante Quatre

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Mélaine

-"Celui de tes origines, celui de ton père biologique," m'avoua Christiana s'attaquant sans aucune pitié à mon talon d'Achille, celui de connaitre qui était mon vrai père.

Son regard impassible me fit douter un instant pourtant. Un silence de mort planait désormais dans mon appartement, signe évident que quelqu'un allait tout bonnement mourir aujourd'hui. L'arme toujours pointée vers elle, je continuais à la dévisager ne sachant plus si c'était la vérité ou bien même une de ses ruses, ses tactiques sordides pour s'emparer de son arme pour terminer le travail qu'elle était venue ici pour accomplir.

Un goût amer au bord des lèvres, nous persistions à nous toiser mutuellement sans aucune once d'amour. Au final, ce sentiment n'avait jamais eu sa place légitime dans notre relation mère-fille, aussi infime soit-il. Non, au contraire, cet amour n'avait jamais été présent et ne le serait jamais.

Son regard empli de haine qu'elle ne masquait plus me fixa imperturbable. Néanmoins, un sourire naquit sur mon visage. Secouant négativement la tête, j'éclatais d'un rire bruyant devant cette scène des plus pittoresques. J'allais tuer ma mère! C'était indéniable! Tout était à ma disposition désormais pour un tel acte dont certes je devrais être apeurée, désorientée et coupable, cependant aucun de ses sentiments ne vinrent m'assaillir.

-"Pourquoi ris-tu?"me demanda ma mère biologique sceptique, ses sourcils froncés malgré ses iris luisant d'une peur qu'elle essayait vainement de cacher sous son masque de fer, sans émotion.

-"Ta vie est entre mes mains, maman," lui rappelais-je, sourire cynique aux lèvres, pesant le pour et le contre d'un tel acte aussi barbare que te tuer la personne qui vous avait mis au monde.

En étais-je même capable? Salir mes mains? Devenir le monstre qu'elle même était devenue et que je pourrais devenir si je la tuerais? Ou était-ce simplement un piège? L'arme était-il au moins chargée?,

-"Je viens de te le dire, Mélaine. Tu n'oserais..."

Ses mots moururent aussitôt lorsque j'appuyais finalement sur la gâchette. La détonation résonna en un bruit terrifiant résonnant dans mon appartement. La fumée sortit du pistolet confirmant mes doutes. Ce dernier était bel et bien chargé! Alors, elle voulait réellement m'éliminer.

Figée telle une statue de pierre, Christiana me détailla choquée, sa main sur le coeur avant qu'un cri strident s'échappa de ses lèvres qu'elle s'était refaites. Sa main tremblante toucha son oreille priant certainement que la balle ne s'y était point logée. Comprenant enfin que mon but consistait à l'effrayer, elle se retourna pour voir le mur où la balle s'y trouvait.

-"Maintenant, tu te tais," la menaçais-je d'une voix méconnaissable.

Ne laissant plus place à ce bégaiement utile et tremblotante, ma voix se fit plus ferme et plus dure. D'un calme olympien, je lui désignais l'un des fauteuils mais Christiana resta debout me fixant d'un regard froid dénoué de tout sentiment. Ses prunelles noisettes tout comme les miennes me scrutèrent avec tout le dédain que son regard pouvait me montrer.

-"La prochaine sera pour toi si tu continues à jouer avec moi, maman chéri," ajoutais-je.

-"Tu viens de me prouver que tu es toujours cette même fille stupide et fragile que j'avais donné naissance. Si tu savais, je regrette amèrement de t'avoir mis au monde. J'aurais mieux fait de te tuer quand j'avais eu l'occasion."

-"Mais, tu ne l'as fait pas," dis-je, un sourire aux lèvres.-"Si tu regrette ma naissance, tu n'aurais pas dû écarter tes cuisses au premier venu. Tu as toujours trompé tout le monde et ce qui te tueras aujourd'hui, ta tromperie, ton infidélité, tes mensonges."

-"Tu te prends pour une justicière alors."

-"Non, je fais ce que j'aurai du faire, onze ans plus tôt. Mais avant de mourir, sache une chose, emmène dans ta tombe le nom de mon père biologique. Je ne veux pas connaître son prénom et je commence sérieusement à douter si tu te souviens de lui après tout les hommes qui sont passés entre tes cuisses. C'est normal de les oublier."

Être toisée par ce regard familier et hautain, baignant dans le dédain et une folie meurtrière à mon égard scintillant ses pupilles, je ne fis que lui sourire pour accentuer sa colère. Ses poings serrés recouverts de sang auraient pu atterrir sur mon visage si je n'avais point de pistolet entre mes mains. Si Christiana voulait me blesser, c'était raté! Rien de ce qu'elle dirait ne pourrait plus me toucher. Plus maintenant.

-"Et toi? Tu t'es vu? Tu couches avec l'ex de ta soeur! Je ne suis pas la seule à écarter les cuisses, on dirait. Tu es devenue une vraie petite salope, Mélaine."

-"Tu as beau être ma mère certes, tu ignores tout. La différence entre toi et moi est que je ressens de l'amour. J'ai un coeur," la contredis-je. -"As-tu réellement connu l'amour? Sais-tu au moins ce que c'est?"

-"Une salope, poète qui plus est," m'agressa de nouveau ma génitrice.

-"Tu es égoïste, Christiana. Jalouse, je dirai. Ta jalousie envers Claire et moi te poussent à nous détruire! Tu n'as jamais aimé qui que ce soit ni quoi que ce soit sauf tes voitures et tes vêtements de luxe. Tu ignores l'essence même de la vie. Je te regarde et ce que je vois me fait pitié. Je ne ressens ni amour, ni cette haine que je nourrissais envers toi. Ce que j'éprouve aujourd'hui, c'est de la pitié et du dégout."

-"J'aimais mon mari en tout cas et tu me l'as pris!" s'énerva Christiana.

-"Je te le répète, c'est toi qui l'a conduit à sa tombe."

-"Tu ne peux pas me juger, Mél. Je suis une bonne mère! Ce que j'ai fait, c'était pour vous, pour votre bien."

-"Bon sang, tu t'entends parler!" m'écriais-je rageusement. -"Depuis quand tromper son mari, tenter de tuer mon fiancé étaient notre bien! Tu es folle, Christiana. Tu inventes un monde où tes actes aux plus vils jusqu'aux plus cruels sont justifiés! Depuis quand tuer une personne est bien? Réponds moi!"

Néanmoins, elle ne me répondit pas. Son regard dans le vide, elle fixait perdue le meuble.

-"Pourquoi me détestes-tu autant?" lui demandai-je enfin cette question qui me taraudait depuis l'enfance.

Elle me regarda finalement après d'interminables secondes prête désormais à tout avouer.

-"Tu ressemble trop à ton père biologique. La même couleur de peau, le même regard, les cheveux identiques. Tu es son portrait tracé."

-"Que t'a-t-il fait pour que tu me détestes à ce point?"

-"Mél, Mél, Mél, tu ne le sauras jamais malheureusement," m'avoua-t-elle, en un sourire déchirant avant que la porte d'entrée se brisa dans un fracas assourdissant.

Le temps de comprendre ce qui venait de se passer, ma mère était en train d'être plaquée au sol alors qu'un des policiers lui passait les menottes lui lisant ses droits et l'emportant une bonne fois pour toute. Relâchant le pistolet, je m'effrondrais sur le sol choquée et perturbée par les paroles de ma génitrice avant d'apercevoir Thomas accourir vers moi et me souleva.

-"C'est finit, meine liebe. Christiana ne te fera plus jamais de mal," me promit-il, en m'enserrant fermement contre lui.  

Is It Desire! Tome 2 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant