Amis ? Amants ? Ennemis ?

01 - Samedi 4 juillet 2015

- Vous êtes sûr de n'avoir rien oublié ?

- Oui, p'pa, dirent d'une seule voix les trois enfants de Tony.

- Les jouets, les maillots de bain et les serviettes de plage ? insista le père.

- Oui, sourit malicieusement Marie.

- Les téléphones, lecteurs MP3 et l'appareil photo ? poursuivit Tony content de les voir perdre patience.

- Dans le sac derrière ton siège, marmonna Matt.

- Il y en a un qui est content de partir à ce que je vois, ironisa Marco.

Le père alluma le GPS, attendit que ce dernier lui indique le chemin à prendre avant de faire ronronner le moteur.

Il se retourna une dernière fois vers ses enfants et demanda s'ils étaient tous prêts.

- C'est bon, p'pa... on a déjà tout vérifié quinze fois. Roule ! s'impatienta Matt.

- Tu la reverras ta petite Becky... t'inquiète pas ! le taquina son frère aîné.

- J'ai fait comme toi, je me suis libéré avant les vacances ! répondit Matt.

- Tu veux cumuler ? s'étonna l'aîné.

- Envie de battre mon score, ouais ! Et le camping c'est idéal pour ça... entre les poupées qui arrivent le samedi et celles du mercredi... deux nouvelles par semaine, minimum.

- N'importe quoi ! soupira Tony.

- Oh... t'as quelque chose à dire toi, tiens ! C'était qui la miss à Majorque ? s'insurgea Marco.

- Sylvana.

- Et ? On n'a pas le droit d'en savoir plus ? demanda Marco en toisant son père du coin de l'œil.

Tony soupira plus fortement. Sa nouvelle notoriété n'enchantait pas ses enfants, surtout lorsque des photos de lui inondaient les pages people des magazines sans retenues.

Comme il était célibataire, il ne cherchait pas forcément à se cacher, puisque la plupart des femmes qui l'entouraient le faisait pour justement être vue en sa compagnie.

Il ne voulait pas vraiment une nouvelle compagne, et elles ne souhaitaient pas faire de lui leur mari. Finalement chacun y trouvait son compte...

Sauf pour les enfants de Tony.

- On s'est croisé à l'hôtel, le courant est passé et on s'est revu quelques jours, finit-il par expliquer.

- Et, tu vas nous l'imposer dès la rentrée ?

Tony marqua une hésitation avant de répondre :

- Non ! Je la verrai sans doute en août quand vous serez chez maman, si...

- Si t'es toujours intéressé ! l'interrompit Matt en faisant un clin d'œil à son frère.

- Oh vous deux... Je cumule moins qu'un temps, quand même.

- Ouais, sauf que maintenant, tu nous les présentes.

- Et tu préférais quand je changeais sans vous les imposer ?

- Moi pas, s'exclama Marco. Au moins, on peut expliquer certains gestes face à la presse. Par contre, si au camping, tu pouvais être un peu plus discret...

- C'est vous qui avez choisi, je vous rappelle !

- Oui, pour l'ambiance et pas pour que tu mates et que tu te montres en spectacle.

- Honnêtement, j'imagine mal les paparazzi venir me chercher là-bas !

- Je l'espère ! Et même... Je te rappelle que n'importe quel téléphone prend des photos suffisamment nettes pour te mettre à la une... Sois discret, s'il te plaît... parce que la main aux fesses, sous le maillot, sourit Marco en lui montrant la photo choc de la semaine dernière.

- Montre, supplia la fillette de huit ans.

Mais Marco referma le magazine rapidement, avant même que son père puisse se fâcher.

- Non, ma puce, tu sais parfaitement que ces photos ne sont pas réelles et qu'elles ne sont faites que pour vendre davantage. On en a déjà parlé, dit Tony en s'engageant sur l'autoroute. Et c'est parti pour avaler les kilomètres.

- On en a pour combien de temps ? questionna Matt.

- Sur le papier, un peu moins de trois heures. Mais comme on est samedi et que c'est le grand départ en vacances, je pense qu'on peut ajouter facilement une heure.

Matt s'isola en posant son casque sur ses oreilles et se mit à tchater avec ses amis sur son smartphone, alors que Marie réclamait un DVD. Marco accéda à sa demande. 

Les vacances cette année, étaient attendues par tous avec impatience.

L'an dernier, il avait voulu trop bien faire.

C'était la première fois qu'il partait seul avec ses trois enfants, après sa séparation.

Pour être certain de ne pas être reconnu, il avait choisi les Etats-Unis. Miami plus précisément. Il savait que cette destination les faisait rêver. Surtout les deux garçons. Marie, 7 ans à l'époque s'était réjouie de prendre l'avion. Et le fait d'avoir son papa semblait suffire à son bonheur.

Ils avaient loué une suite dans un hôtel de luxe et finalement personne ne s'y était amusé. Du moins pas comme ils se l'étaient tous imaginés.

Les nombreuses visites, les découvertes diverses et variées semblaient un programme alléchant sur le papier, mais au final, les souvenirs n'étaient pas si nombreux.

Cette année, les trois enfants avaient pu donner leur avis et c'est unanimement qu'ils avaient choisi le camping. Et de préférence en France pour éviter les difficultés liées à la langue.

Un peu plus luxueux que la simple tente plantée au milieu d'un verger. Tony avait choisi un village de vacances, privilégiant l'ambiance familiale, mais également le confort d'un bungalow et la proximité de la plage. La piscine était splendide sur le catalogue et les animations étaient garanties en journée comme en soirée pour tous les âges. En deux mots, la vie au grand air et tout le confort pour que chacun puisse profiter des congés.

Les seuls repas que Tony avait prévus au bungalow étaient les petits déjeuners. Pour le reste, il avait bien l'intention d'imposer le restaurant pour pouvoir lui aussi mettre les pieds sous la table. De plus, il était un piètre cuisinier et la région regorgeait de restaurants. Entre spécialité de la mer et pizzeria, ils ne manqueraient pas de choix.