98 - Et si on se disait tout ?

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Marco hocha la tête et observa son père derrière la baie vitrée. En deux minutes, il avait pris dix ans... il se tenait tout voûté, ses cernes ressortaient, son sourire avait disparu et ses yeux semblaient si tristes. Son père avait beau faire semblant et cumuler les histoires, il était malheureux.

Marco appela immédiatement Cassie.


- Salut, ma belle... comment vas-tu ?

- Bien... crevée, mais ça va.

- Tu... tu as une drôle de voix. Tu es sûre que ça va ?

- Ne te fais pas un film, Marco... mais le fait d'entendre ton père...

- Tu ne gères pas ?

- Tant qu'il reste dans l'ombre ça va. Son apparition est plus difficile à gérer.

- Tu préférerais qu'il ne vienne pas avec nous ?

- Je l'ai invité... il fera comme il voudra. Alors ça vous dit ? demanda Cassie en reprenant sa voix plus habituelle et plus enjouée.

- Bien évidemment... passer un moment avec toi, en plus sur le tournage d'un film... c'est juste génial.

- Je bosse Marco. Je serai présente, mais pas uniquement là pour vous.

- Je pensais bien... alors quel jour ?

- Demain ça ne sera pas très intéressant, parce qu'on tourne de nuit. Donc le matin, on dort, l'après-midi on vérifie les prises de vue et on refait les plans qui sont mauvais... Mais mercredi, jeudi ou vendredi, c'est égal.

- Tu as dit que vous finissiez le 2 ?

- Oui... on a un truc que l'on ne peut pas faire avant le 2... mais on va boucler tout le reste vendredi.

- Alors mercredi, quelle heure ?

- Attends je regarde le planning... on commence à tourner les premières scènes à 10 heures, c'est parfait. Venez vers 9 heures. Je pourrai mieux vous accueillir.


Cassie lui expliqua le chemin à parcourir et lui promit de venir les chercher à l'entrée pour leur indiquer où se garer.


- Au fait, Cassie... tu nous manques... à tous !

- Marco, murmura-t-elle les larmes aux yeux. Vous aussi...

- A mercredi. Je t'embrasse.

- Moi aussi... je vous embrasse fort et je me réjouis.


Marco raccrocha et tendit le téléphone à son père en disant d'une manière plus générale :


- On est attendu mercredi à 9 heures, elle nous embrasse et se réjouit de nous revoir, termina-t-il en regardant son père avec insistance.

- Je vous y emmènerai et j'irai voir Nona.

- Pourquoi tu ne viendrais pas avec nous ?

- Je resterai peut-être un moment. Je verrai.

- Tu verras comment tu arrives à gérer ? tonna Matt.

- Matt ! s'exclama Tony.

- Ben quoi... ça fait chier tout le monde que vous vous soyez séparés... tu sembles mort, éteint depuis qu'elle a quitté la maison. Ok, tu souris et tu sembles même parfois t'amuser. Quand une minette te regarde, tu sembles t'éclater et dès que tu t'en approches de trop près tu te souviens que ce n'est pas Cassie et tu t'effondres.

- Même si ce que tu dis est vrai, et ça ne l'est pas... que je vienne avec vous, ne changera rien. Sa vie n'a pas changé, et la mienne non plus.

- Je suis certain que...

- Arrêtez tous les deux... c'est bien pour ça qu'on ne voulait pas aller trop vite... pas vous présenter l'un l'autre pour éviter que tout le monde souffre d'une éventuelle séparation.

- Mais est-ce que tu sais réellement ce qui s'est passé ? demanda Matt.

- Bien sûr qu'il le sait, puisque c'est lui qui l'a viré, s'exclama Marco.

- C'est ce qu'elle t'a dit ? demanda Tony.

- Elle n'a pas eu besoin de le dire. Si ça avait été l'inverse tu ne te serais pas gênée pour nous dire que tu n'y pouvais rien. Comme tu ne dis rien... c'est que forcément...

- Elle ne m'a pas trop contré.

- Tu ne lui as sans doute pas laissé le choix... on te connaît quand même !

- Mais quel choix ? On ne se voyait pas ! Tu ne peux pas construire une histoire sans se voir, c'est humainement impossible.

- Franchement... là ça fait plus de deux presque trois mois que tu ne l'as pas vu et tu n'es pas mort. Si vous étiez resté ensemble... l'attente arriverait au bout et tu pourrais même avoir tout le mois d'août avec elle. Tu aurais eu des nouvelles, des téléphones... moins de sexe minable et tu arrêterais de faire la gueule, dit froidement Marco.

- Je vous accompagne un moment mercredi et c'est tout. Ne vous faites pas un film.


Les deux jeunes hommes échangèrent un regard complice.

Amis ? Amants ? Ennemis ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant