Amis ? Amants ? Ennemis ?

09 - Vendredi 24 juillet 2015

Les jours passèrent et le même rituel sembla se mettre en place. Marco et Matt passèrent le plus clair de leur temps sur le terrain de sport pendant que Marie était au mini-club. Puis en fin d'après-midi, Marco l'emmenait manger une glace pour permettre à son père et à Sylvana de prolonger leur sieste crapuleuse. Souvent même Tony emmenait son amie manger dans un restaurant de la région pendant que ses trois enfants dînaient des plats du restaurant du camping qu'ils dévoraient sur leur terrasse en compagnie de leurs copains. Tous trouvaient leur compte, sauf l'envie de vivre des moments en famille.

Ce rythme convint aux enfants trois jours, jusqu'à ce que Marco se rebelle attendant plus de ses vacances avec son père.

Le vendredi au réveil, Marco trouva son père et Sylvana assis en tête-à-tête sur la terrasse, l'un lisant le journal pendant que l'autre se limait les ongles. Il ouvrit la porte en grand, les salua d'un bonjour à peine audible, s'assit sur une chaise suffisamment éloignée pour ne pas risquer de frôler leur regard. Il se servit un café sans un mot. Tony posa son journal et le regarda quelques secondes en souriant.

Marco était pire que lui ! Le matin, il fallait éviter un maximum de lui parler et attendre que son cerveau émerge. Ce qui arrivait généralement après deux cafés et un croissant.

Mais Sylvana n'avait pas cette expérience et rompit le silence trop rapidement au goût de Marco.

- Bon alors, aujourd'hui qu'est-ce qu'on fait ? Plage ou piscine ? Moi, il faut que j'affine mon bronzage, sinon personne ne va croire que je suis partie en vacances... du moins que j'ai pris quelques jours de congés.

- Au fait, tu pars quand ? demanda Marco morose.

- Marco ! s'indigne Tony.

- Laisse, j'ai oublié qu'il ne fallait pas lui parler avant midi... Oh mais c'est déjà midi et demi... Ça serait bien que tu te lèves plutôt qu'on puisse prévoir d'autres choses pendant la journée.

- J'ai passé l'âge qu'on me surveille ! Vous pouvez partir sans moi, je ne vais pas vous en vouloir.

- Marco, arrête s'il te plaît, dit Tony plus brusquement.

- Papa, je me lève toute l'année très tôt... alors si pendant l'été, j'ai pas le droit de flemmer à ma guise, je ne vois pas l'intérêt de...

- Justement, il faut être curieux de la vie, et les expériences se font dès le petit matin... si je dis ça c'est pour toi.

- Papa, fait-la taire ! dit Marco en buvant une gorgée de café.

- Sylvana n'insiste pas, s'il te plaît.

- Oh je vois... tes enfants auront toujours raison ! dit-elle en faisant la moue. Moi qui fais des efforts pour...

- Arrête d'en faire, ça sonne faux de toute façon, ne put s'empêcher de dire Marco.

- Cette fois tu vas trop loin, excuse-toi ! dit Tony en haussant le ton.

Mais Marco le fusilla du regard. Il se leva, prit sa tasse qu'il balança dans le lave-vaisselle avant de quitter le bungalow, fou de rage. Tony serra les poings, ferma les yeux et soupira profondément.

Mais Sylvana n'en avait pas fini.

- Et tu ne dis rien ? Il m'insulte et tu ne me soutiens pas.

- Sylvana ça suffit. C'est pas facile pour eux.

- Et pour moi, tu crois que c'est facile ? Je passe toujours après eux, tu n'as jamais plus de cinq minutes à m'accorder et pire... On ne peut jamais faire l'amour, de peur de les réveiller ou qu'ils entendent...