F*ck it List

Chapitre 31:

Trois jours d'exclusion.

C'est ce que m'aura valut mon coup de sang contre Madison. Ça, et une grosse engueulade de la part de mon père. On ne peut pas vraiment dire qu'il s'agissait d'une surprise. En levant la main sur la petite blonde, je me doutais bien qu'il y aurait des conséquences. Qu'importe, ça en valait la peine. Il fallait qu'elle comprenne qu'il y a certaines limites à ne pas dépasser. Et ma famille, enfin mon père, c'est LA ligne à ne pas franchir. JAMAIS.

Ce qu'elle a dit à son sujet, je ne peux pas le supporter. Peut-être parce que je l'ai déjà trop entendu, les mois qui ont suivi le départ de ma mère. Empêtré dans ses sentiments et abandonné par la femme qu'il aimait, il a perdu pied et a trouvé refuge dans la boisson. Une belle connerie. Mais j'imagine que pour un patron de boîte de nuit, la tentation était trop grande et les opportunités trop nombreuses pour qu'il parvienne à résister. Qui sait, s'il était pâtissier, il aurait peut-être comblé son chagrin par des choux à la crèmes et des éclairs au café.

Enfin, peu importe les raisons, il a commencé à boire. De temps à autre au début. Et puis, sa consommation a pris de nouvelles proportions à mesure que le temps passait. Jusqu'à que, certains soirs, il ne soit plus en mesure de rentrer à la maison et qu'il doive être reconduit par des amis, ou qu'il se batte au club. Ses affaires, comme sa réputation, en ont pâti pendant un temps. Jusqu'à ce qu'il dépasse les limites et qu'il ait un électrochoc. Depuis, il a repris sa vie en main, et m'a juré qu'il ne referait plus les mêmes erreurs. Alors oui, en entendant Madison remettre sur le tapis les problèmes de mon père, et insinuer qu'ils étaient toujours d'actualité, j'ai vu rouge.

Je ne regrette pas de l'avoir défendu mais je n'avouerai pas à mon père les raisons de mon dérapage. Non. Hors de question de lui rappeler cette période sombre de notre passé.

Et puis, de toute manière, je pense que, cette fois, le message est passé. Je ne devrais plus avoir à me mettre dans une telle situation.

Même si Madison est plus coriace que ce à quoi je m'attendais, et qu'elle a réussit à me repousser plusieurs fois, je n'ai pas eu de mal à prendre l'ascendant sur elle. Notre altercation a été un tel choc pour elle que je ne pense pas qu'elle veuille me provoquer à nouveau – enfin, sur ce sujet là, du moins – pourtant ce n'est pas le fait que je m'en prenne à elle qui l'a marquée, mais l'absence de réaction des gens qui nous entouraient. Les étudiants présents à ce moment là n'ont pas cherché à nous séparer. Bien au contraire. Certains ont sifflé, filmé, ou m'ont encouragé, MOI. Et ça, pour une fille comme elle, qui pense que la valeur d'une personne est intimement liée à sa côte de popularité, c'est dur à encaisser.

Un uppercut dans l'égo. Pile, là où ça fait mal.

Le coup de grâce, en revanche, c'est Cooper qui lui a porté. Une fois la surprise passée, il est sorti de son mutisme, la arrachée à mes griffes et la rabrouée sans la moindre diplomatie. Quand Shawn, lui, m'a doucement soulevée de terre pour m'emporter un peu plus loin dans le couloir. Il m'a ensuite tenu tout contre lui, ses bras enroulés autour de ma taille, pour m'empêcher de bondir sur la peste blonde, qui recevait un autre traitement de la part de son petit-ami. Les mains plantées sur ses épaules, le basketteur grondait, la mâchoire contractée et le regard noir, puis, quand elle a tenté de lui fausser compagnie pour me foncer dessus, il l'a repoussée sans ménagement. Outrée, la cheerleader a oublié ma présence, et celle de tout l'auditoire qui n'avait d'yeux que pour nous, et s'est tournée vers son petit-ami, les bras croisés :

- Mais qu'est-ce qui te prend ? Ne me dis pas que tu es de son côté ?

- Putain, Mad' ! Arrête tes conneries ! Tu crois pas que tu as déjà assez foutu la merde, comme ça ? Bordel, mais à quoi tu pensais ?