Chapitre 1

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Chapitre 1.

— Tenez le numéro juste sous le menton.

Isaac obéit, se retenant de trembler en soulevant la petite pancarte qui contenait les numéros de sa nouvelle identité.

— Tournez-vous.

Le flash de l'appareil le frappa par deux fois.

— Parfait. Vous n'avez plus rien sur vous ? s'enquit l'agent d'un ton sévère qui ne laissait pas place aux mensonges.

Isaac secoua la tête.

— Non, monsieur l'agent.

— Mains sur le mur.

L'homme lui fit écarter les jambes et il fut fouiller de haut en bas. Comme il n'avait pas menti et qu'il ne transportait rien, l'agent le toisa quelques secondes, puis lui ordonna simplement :

— Très bien, alors mains derrière le dos.

Le jeune homme, le cœur battant, obéit sans rien dire. Les menottes se refermèrent sur ses poignets, mordantes. Encadrés par deux hommes en uniforme, on lui fit passer les portes sécurisées d'un des principaux quartiers de la prison.

Les cellules étaient réparties sur trois étages avec, au centre, la place commune. En journée, les prisonniers étaient libres, pour les moins dangereux d'entre eux, de vaquer à leur aise, mais la nuit, ils étaient enfermés à double tour. Isaac était arrivé tard à la prison de West Island. Les cellules étaient déjà closes.

Les gardes s'arrêtèrent devant une porte – semblable à toutes les autres – et glissèrent la clef dans la serrure. En journée, les portes s'ouvraient automatiquement.

— C'est ta cellule, indiqua un homme, pour toute la durée de ta peine si tu ne fais pas l'idiot. Ne fais pas l'idiot, la vie est trop courte.

La lourde porte s'ouvrit.

— Chaz, interpella le second gardien, on t'amène un nouveau codétenu, ne le fait pas fuir comme les autres : c'est ta dernière chance.

Isaac fut poussé dans la cellule où il remarqua tout de suite la présence d'un homme sur l'un des deux lits. Le dénommé Chaz avait la peau noire, une musculature agréable, des yeux hypnotisant et des dreads bien entretenus. Or, ce que Isaac remarqua tout de suite, c'était le tatouage dans son cou : un tatouage de gang. Il s'agissait d'une araignée venimeuse rouge.

Il sursauta en entendant la porte claquer et se verrouiller derrière lui. Déglutissant, il rejoignit le second lit qu'il supposa être le sien. Après avoir installé ses minces possessions autorisées, il resta silencieux un long moment avant d'oser une parole.

— Je suis Isaac.

Son codétenu leva les yeux sur lui, l'analysant.

— Tu es là pourquoi ?

Le nouveau prisonnier hésita quelques secondes. Il pensait qu'il ne fallait pas donner son crime en prison, surtout pas le premier jour. Pourtant, son codétenu avait l'air un minimum amical et il n'avait pas envie de se mettre son partenaire de cellule à dos.

— J'ai été arrêté avec de la drogue sur moi, avoua Isaac, de la cocaïne.

Deux kilos, plus précisément.

— Et toi ? rajouta-t-il.

Chaz eut un sourire carnassier.

— C'est mieux que tu ne saches pas. Tout ce que tu as besoin de savoir, c'est que j'ai eu perpét'.

Un frisson parcourut Isaac. On n'obtenait pas une peine à vie pour un simple trafic de drogues. Chaz devait avoir fait pire... Bien pire... 

— Écoute, petit nouveau, poursuivit-il, ici, c'est moi qui commande dans cette prison et je n'aime pas vraiment avoir des codétenus, mais j'en ai déjà fait fuir trois – d'une manière ou d'une autre... – et je n'ai pas envie de finir en isolement. Alors, si tu m'obéis, tout ira bien pour toi. Je n'aime pas parler, non plus, alors ne m'adresse plus la parole et ne me dérange pas.

Isaac s'était attendu à pire comme première nuit en prison, donc ça allait encore. Impressionné par son interlocuteur, il se tût et choisit de dormir.


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