Chapitre 30

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Chapitre 30

Chaz poussa Isaac contre le mur du fond de la cellule, entre les bureaux de travail qui longeaient les deux autres murs dans la continuité de leur lit. Son genou glissa entre les cuisses du Californien qui tremblait.

— Chaz, prévint Isaac, une boule dans la gorge, plaçant ses paumes sur le torse de son vis-à-vis comme pour le repousser.

Son codétenu lui attrapa un poignet qu'il remonta au-dessus de sa tête et plaqua contre le mur. Son autre main se glissa sous le haut d'Isaac, frôlant ses flancs.

— De quoi as-tu peur ?

Des milliers d'images s'infiltrèrent dans l'esprit du caucasien. Il avait peur de plein de choses. Il avait peur de finir ses jours en prison, il avait peur de se faire à nouveau agresser par Johnsson, il avait peur de ce que pourrait lui faire Chaz...

— Je pourrais te retourner la question.

— Je n'ai pas peur. De quoi devrais-je être effrayé ? Je suis déjà condamné à terminer mes jours ici et autant les gardiens que les prisonniers me mangent dans la main.

— Il doit bien y avoir quelque chose.

Chaz se raidit.

— S'il y avait quelque chose, ça ne te regarderait pas.

Isaac sursauta lorsque l'homme pinça son téton gauche, comme pour le punir de sa question. Les doigts de Chaz tordirent le petit bout de chair sans la moindre pitié. Puis, l'Afro-américain l'aida à se débarrasser de son top, le balançant plus loin sur le plancher de la chambre. Son codétenu pouvait désormais voir à quel point son torse montait et descendait rapidement au rythme de sa respiration effrénée.

Chaz ne s'en préoccupa pas et l'aida plus tôt – de leur deux mains libres – à baisser son pantalon. Ils l'envoyèrent valser dans la pièce près de l'autre morceau de vêtement. Puis, Chaz abaissa son propre jean sur le bas de ses cuisses.

Peu après, Chaz entreprit de le préparer. Le brun sentit la présence – dorénavant familière – des doigts de son codétenu qui entraient en lui et écartaient, assouplissaient ses chairs.

— Retourne-toi, ordonna-t-il ensuite, près de l'oreille d'Isaac.

Le brun frissonna, sentant le souffle des paroles de son codétenu venir chatouiller le creux de son cou et l'intérieur de son oreille. Or, se retourner en venait à faire marche-arrière. Même si ce serait sans doute plus facile ainsi, il n'oubliait pas les conseils avisés de Ronaldo.

Isaac prit une grande et profonde inspiration. Il devait être fort. Avec une détermination qui le dépassait, il secoua la tête, prit son courage à deux mains et passa une de ses jambes autour de la taille de Chaz.

— Je préférerais que ça se passe ainsi.

Face à face. Il n'oublia pas de planter ses yeux chocolat dans ceux noirs de son partenaire. C'était sans doute le plus important. Quand on regardait quelqu'un dans les yeux, on ne pouvait plus faire abstraction de son humanité.

— Tu deviens entreprenant, lui fit remarquer Chaz, moqueur.

Le détenu passa sa main sous l'autre cuisse d'Isaac qu'il souleva, appuyant bien le brun contre le mur pour qu'il ne tombe pas. Le Californien croisa les jambes, emprisonnant les hanches de l'Afro-américain entre-elles. Chaz ne perdit pas de temps et, d'un coup de rein, il le pénétra.

Isaac s'arqua brusquement et sa tête vint heurter le mur derrière lui. Il gémit et serra les dents, tandis que son partenaire carrait la mâchoire. Le brun pouvait voir les muscles de Chaz trembler sous l'effort.

Plusieurs allées-et-venues furent effectuées, de plus en plus vite et de plus en plus fort. Le nu d'Isaac frottait douloureusement contre le mur, sa peau en rougissant. Sa main agrippa l'épaule musculeuse de son partenaire dans laquelle ses ongles se plantèrent pour tenir le coup. Incapable de retenir sa voix, le brun gémit et cria à gorge déployée.

Dehors, les gardiens préférèrent ignorer les sons étouffés qu'ils purent avoir entendus...

Chaz prit son plaisir, mais il eut beau caresser le sexe d'Isaac, ce dernier resta obstinément mou et immobile... au grand désarroi du prisonnier.

— Ce n'est pas toi, tenta de lui dire le Californien pour calmer son énervement, c'est moi...

Il ignorait s'il serait capable de bander à nouveau un jour... son sexe lui paraissait être mort. C'était certainement une mesure de protection subconsciente de son corps vis-à-vis des abus qu'il avait subis.

Chaz se recula, non sans frapper le mur de son poing à quelques centimètres de la tête d'Isaac juste avant de s'éloigner. Il était furieux et blessé dans son orgueil.

Sentant la semence de l'homme glisser sur ses cuisses, Isaac récupéra quelques mouchoirs pour se nettoyer sommairement, impatient de retrouver la douche demain matin.

Il essaya de parler avec son codétenu, mais ce dernier s'emmura dans son silence. Le terrain paraissait peu propice à dormir dans le même lit ce soir, alors Isaac préféra se glisser sur sa couchette. Seul.

***

Le lendemain matin, un événement particulier qui faisait jaser les prisonniers de tout l'établissement devait arriver.

Lors du petit-déjeuner, tous les yeux étaient rivés au même endroit : il y avait un nouveau détenu à West Island et tout le monde attendait de voir qui il était et où il allait s'asseoir.

— C'est quoi tout ce brouhaha ? demanda Chaz en prenant place à sa table, suivi de près par Isaac.

Tiger lui désigna le petit nouveau qui arrivait au bout de la file de la cantine, plateau en mains.

— Il y a un nouveau qui est arrivé durant la nuit. Il a été transféré d'une autre prison, à ce que j'ai entendu.

Chaz tourna la tête pour observer celui qui allait devoir se faire sa place parmi la population carcérale de West Island. Il avait la peau noire, le crâne rasé et paraissait être assez grand. Son nez était brusqué, comme s'il avait été cassé plusieurs fois auparavant.

En le regardant, un sentiment étrange s'infiltra en Isaac. L'arrivée du nouveau venu ne pouvait signifier qu'une chose : il n'était plus le dernier arrivé, il n'était plus le newbie. Ce fut comme un énorme soulagement. Pour une fois, ce n'était pas lui que l'on observait dans la cafétéria. Ce répit, après un mois complet d'incarcération, était le bienvenu.

Tandis qu'il réfléchissait à cela, il n'avait pas réalisé que, à ses côtés, Chaz s'était raidit. Le contact visuel qu'il avait eu avec le nouveau venu ne mentait pas : les deux hommes se connaissaient. Et quand Isaac regarda le nouveau résident avec plus d'attention, c'est la haine qu'il lut dans ses yeux. 

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