Chapitre 20.
— C'est bon ? Tu m'as assez « puni » pour ton séjour au trou ? J'ai fait ce que tu voulais, alors tu devrais me foutre la paix maintenant. Si on doit partager une cellule, autant que l'on se mette d'accord. Il y a des choses que tu veux et il y en a certaines qui m'intéressent aussi en retour.
Chaz le toisa un instant, paraissant plus amusé qu'autre chose.
— Je n'ai pas besoin de me « mettre d'accord » sur quoique ce soit pour obtenir ce que je veux, Isaac, tu le sais mieux que personne.
S'il voulait quelque chose, il le prenait. Il s'arrangeait toujours pour tout avoir.
— Fais une exception. Je pense que... que tu peux y gagner...
Ça lui faisait mal de se considérer comme une sorte de prix ou de monnaie d'échange... Pour le coup, au moins, il parut capter l'attention de Chaz. Le dernier le regarde de haut en bas, haussant un sourcil.
— Qu'est-ce qu'un gars comme toi qui vient tout juste d'arriver à West Island a qui pourrait m'intéresser ?
Isaac serra les lèvres. Contrôlant les battements de son cœur et faisant taire la petite voix dans sa tête qui lui disait qu'il faisait une terrible erreur, il continua de jouer le jeu :
— Nous ferions mieux d'en parler dans la cellule.
Chaz sourit.
— Hum... voilà qui commence à être intéressant.
Ils se déplacèrent dans leur geôle où ils purent parler à l'abri des regards indiscrets. Prenant son courage à deux mains, Isaac fit face à son premier violeur.
— Je sais ce que tu veux de moi, je sais que tu peux le prendre – tu l'as déjà fait –, mais je peux offrir mieux. Plus de cris, plus d'insultes, plus de débattements... Un partenaire... consentant.
Le dernier mot fut difficile à sortir. Il dut se faire violence pour y parvenir. Tout son corps, tout son esprit lui disait de faire marche arrière, mais il n'y avait déjà plus de retour possible.
— Qui te dit que je ne préfère pas quand on me résiste... ? répliqua Chaz avec ce rictus qui lui était propre.
— Il y a sans doute quelque chose d'excitant là-dedans, mais je suis persuadé que tu ne cracherais pas sur un partenaire coopératif. En échange, dit-il en prenant une grande inspiration, s'efforçant de garder la tête haute, je veux ta protection.
Chaz plissa les yeux analysant la proposition, malgré son amusement visible. Personne n'avait déjà eu le culot de lui proposer quelque chose comme ça. Il était certain qu'il n'aurait qu'à faire passer le mot pour trouver un autre partenaire consentant, mais rien ne lui promettait que ce dernier serait à son goût... Isaac était un des seuls caucasiens de la prison – avec Wayne – ce qui le rendait rare (Chaz aimait posséder ce que les autres ne pouvaient pas se permettre) et il avait un joli cul, sans parler qu'ils partageaient la même cellule, donc les rapports étaient plus faciles.
— Si tu veux ma protection, tu dois arrêter de fréquenter Wayne, finit-il par trancher. Je ne peux rien faire pour toi si tu ne tries pas mieux tes fréquentations.
— Wayne est quelqu'un de bien ! s'insurgea-t-il en serrant les poings d'incompréhension.
Les yeux de Chaz brillèrent d'agacement.
— Tu ne le connais pas. De toute façon, c'est ma condition. À prendre ou à laisser. C'est toi qui veux faire ce marché, moi, je peux très bien continuer à prendre ce dont j'ai envie chaque soir, avec ou contre ton gré. Qu'est-ce que j'en ai à faire, après tout ?
Isaac aurait pu menacer Chaz de porter plainte et de le renvoyer ainsi à l'isolement, mais la vérité était... qu'il n'avait vraiment pas avantage à ce que l'homme retourne au trou... De plus, Grayson ne le croirait plus s'il retournait le voir pour lui raconter une chose pareille. Le directeur était déjà persuadé qu'il lui avait menti une fois. Pas deux.
— C'est bon, je ne le verrai plus, cracha-t-il entre ses dents serrées.
Il ne comprenait vraiment pas ce qu'avait Chaz à l'encontre de Wayne. Il se dit qu'il pourrait toujours tenter de contacter le blond à l'abri du regard de son protecteur.
— Très bien, voilà une bonne chose de réglée, décida Chaz en croisant les bras sur son torse. Maintenant, avant que je n'accepte quoique ce soit, il serait peut-être bon que tu me prouves ta bonne volonté, non ? Je veux être certain de la qualité de ce que j'ai à y gagner...
Isaac fut parcouru de frissons. Juste... juste l'idée d'avoir des relations sexuelles le rendait malade. Calme-toi, Isaac, garde ton sang-froid, se répéta-t-il à plusieurs reprises dans son for intérieur. Ce ne serait pas la fin du monde. Ce ne serait pas la première fois qu'il... enfin, que son corps soit...
Résigné, Isaac se laissa tomber à genoux aux pieds de Chaz, faisant des efforts monstres pour contrôler sa respiration. Les mains tremblantes, il abaissa la fermeture éclair du jean de son codétenu. Ce dernier l'observait avec incrédulité et excitation mêlés au fond de ses prunelles noires.
Le sexe de Chaz apparut sous le nez du brun, imposant même alors qu'il n'était pas bandé. Isaac déglutit. Toutes les fois où ils avaient baisé, il avait été de dos. Il n'avait jamais vu aussi clairement le membre de l'homme, n'avait jamais vraiment pu en estimer la taille véritable. Une vingtaine de centimètres, pour sûr, peut-être plus.
— Alors, tu vas me sucer, Isaac ?
La voix de Chaz n'avait rien à voir avec celle de Johnsson, pourtant cela n'empêcha pas les souvenirs de ressurgirent brusquement. Isaac demeura immobile, interdit. Il ne voulait pas faire ça. Non, il ne voulait pas.
Soudainement, il fut pris de convulsions incontrôlables et ses yeux se remplirent d'eau sans qu'il ne puisse rien y faire sous le regard rempli d'incompréhension de son codétenu.
— Qu'est-ce que tu me fais là ? Arrête de jouer la comédie. Si ton plan est de trouver une nouvelle manière de me renvoyer au trou, sache que...
Isaac secoua frénétiquement la tête, signalant que, avant que Chaz ne puisse terminer sa phrase, non, ce n'était pas son intention. Il ne pouvait plus parler ni bouger. Ses tremblements s'amplifièrent.
Le Californien ferma les yeux et respira un bon coup. Il ne pouvait pas laisser ça, il ne pouvait pas laisser Johnsson gâcher ses plans. Il devait rester maître de lui-même. Rouvrant les paupières, il se sentait un peu plus en contrôle de ses émotions.
— Je... je vais bien, dit-il, la voix éreintée.
Il devait le faire, c'était la seule solution. Chassant le goût nauséeux sur sa langue, il entrouvrit les lèvres et prit – sans presque une seule seconde d'hésitation – le membre de Chaz dans sa bouche. Muscles tendus, il prit sur lui pour ne pas cracher, mordre et s'enfuir loin de cette cellule.
Faites que ce soit rapide.
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ActionAprès s'être fait arrêter avec deux kilos de cocaïne, Isaac est placé en détention à la prison de West Island. Il doit partager sa cellule avec un dénommé Chaz qui se trouve être le chef des prisonniers à l'intérieur de l'établissement carcéral. Isa...