Chapitre 41

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Je pense que plusieurs questions trouveront leurs réponses dans ce chapitre !

Chapitre 41.

Quelques années plus tôt...

Chaz était jeune et téméraire quand il avait passé les portes de West Island. Son oncle avait fait de la prison, ses cousins avaient fait de la prison, ses amis avaient fait de la prison. Il n'était pas naïf sur ce que représentait ce monde. Il savait comment se comporter et il savait quoi faire. Il n'était pas dupe sur ce qui l'attendait. Il voulait se faire respecter, car il ne sortirait pas de sitôt.

Il passa la main dans ses cheveux. Il lui fallait des dreads. C'était ce qu'on lui avait conseillé. Il aurait l'air plus menaçant. Il voulait aussi des tatouages de prison. Une Vierge Marie dans le dos, un « A. C. A. B. » sur les doigts et peut-être une larme noire dans le coin de l'œil. Chaz n'avait pas l'intention de se faire marcher sur les pieds par qui que ce soit. Il était ambitieux. C'était comme ça qu'il s'était hissé à la tête des Red Spider, son gang.

C'était le soir, le salon de coiffure pénitencier était sans doute fermé, mais ce n'allait pas l'arrêter. Il voulait ses dreads maintenant et il les aurait. Il faisait déjà sa loi.

Les lumières étaient éteintes et le salon de coiffure plongé dans l'obscurité. Pourtant, la porte n'était pas verrouillée. Il devait donc encore y avoir des gens à l'intérieur. Sûrement le coiffeur. Chaz poussa la porte et entra sans se poser de questions. Il tâtonna dans la pénombre.

Puis, il entendit des bruits. Des voix.

— Ah... ah...Ngh... Gray... Gray-son...

Chaz s'arrêta brusquement. Il se figea et fronça les sourcils. Qu'est-ce qui se passe ici ? pensa-t-il.

— Si quelqu'un nous voyait ?

— Il n'y a personne.

Chaz longea le mur jusqu'à trouver l'interrupteur. D'un seul coup, il l'abaissa et le salon de coiffure se retrouva illuminé de toutes parts. Le nouveau détenu se retrouva face à une scène qu'il n'aurait jamais pensé voir.

Un homme en costard, la cravate défaite, la chemise ouverte et le pantalon aux cuisses sodomisait un autre homme qui avait la jambe sur son épaule et guère plus de vêtements. Ils se figèrent, bouches ouvertes, en le voyant.

Chaz resta choqué.

Deux hommes... ensembles... Comment ? Pourquoi ? Un déclic venait de s'opérer dans sa tête. L'homosexualité en prison était sans doute une des seules choses sur laquelle on n'avait pas jugé bon de l'instruire par rapport à l'univers carcéral. Il réalisait que c'était... possible... Il se projeta à la place de l'homme en costard, se demandant ce qu'il ressentirait...

***

— Qu'est-ce que tu veux ? lui demanda Grayson en soupirant, l'air vidé de toute énergie.

Chaz était assis à son bureau, les poignets menottés sur ses cuisses. Pourtant, même s'il était celui à être enchaîné, c'était le directeur qui était à ses pieds. Il tenait le gros bout du bâton.

— Je veux la chaîne en or de ma mère, la croix. On ne m'a pas permis de la garder quand je suis arrivé. Je veux la ravoir.

Grayson se pris la tête entre les mains.

— Très bien..., abdiqua-t-il, mais tu dois promettre de ne pas t'en servir comme d'une arme.

— Je ne pense pas être celui à devoir promettre quoique ce soit aujourd'hui, mais je ne tuerais jamais personne avec la seule chose qu'il me reste de ma mère.

Le directeur lui mangeait dans la main. Chaz avait menacé de porter plainte, de mettre au grand jour sa relation avec Ronaldo. Un directeur et un détenu... C'était se noyer en pleine illégalité. Grayson pourrait être démis de ses fonctions. Il pourrait même être condamné à une peine de quelques mois. Comme ce serait ironique ! Le directeur de prison enfermé ! Il y avait fort à parier que les détenus n'auraient pas été tendres avec lui... Pour éviter cela, Grayson achetait le silence de Chaz.

— Je ne veux pas de la tenue orange, je veux porter mes vêtements, rajouta le prisonnier. Je veux mes jeans, mes T-shirt et mes baskets.

Ainsi, il ne serait plus perçu comme un newbie par les autres détenus. Ce serait un début.

— Je ne veux rien avoir à payer pour cantiner ou aller au salon de coiffure, poursuivit-il. Et je veux une grande cellule. Si tu veux mon silence, les gardiens devront fermer les yeux sur mes agissements. Ils ne doivent pas m'enquiquiner avec les règlements ridicules de la prison.

Par-dessus tout, il voulait être respecté.

— Très bien..., soupira une fois de plus Grayson, de grands cernes sous les yeux.

Il n'avait pas pu dormir de toute la nuit. Au fond de lui, il savait que sa liaison avec Ronaldo venait de prendre fin. Ils ne pourraient plus continuer dans pareilles circonstances. Le pire était survenu : ils s'étaient fait prendre. Et ils allaient en payer le prix. Enfin, surtout Grayson.

— Et tu garderas le silence ?

— Je serai aussi muet qu'une tombe... tant que l'administration ne me fait pas chier.

Entre les barresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant