Chapitre 12

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Chapitre 12.

Isaac ouvrit difficilement les yeux. Il était courbaturé de partout et il avait mal. La lumière lui parut soudainement trop éclatante et trop blanche. Il voulut porter ses mains devant ses yeux pour se cacher, mais il réalisa qu'une seule d'elles pouvait bouger. L'autre avait été menottée à la barre métallique d'un lit d'hôpital.

— Vous êtes réveillé, détenu... Isaac ?

Une jeune infirmière tenait un pad dans sa main droite et écrivait de sa main gauche en s'approchant du lit d'Isaac.

— Où... suis-je ?

— À l'infirmerie de la prison de West Island. Vos blessures n'étaient pas assez graves pour nécessiter un transfert à l'hôpital. Maintenant que vous êtes réveillé, des gardiens viendront prendre votre déposition pour ce qui est arrivé.

— Ce qui est arrivé..., répéta-t-il.

Des flashs apparurent sous ses yeux. Il revoyait le visage de Chaz, son sourire moqueur, la douleur et le sang sur les draps... Il frissonna de tout son soul. Il ne voulait pas retourner là-bas. Jamais.

— Oui, vous vous souvenez de quelque chose ?

Il baissa le regard.

— Oui...

Il se souvenait, mais il n'avait pas particulièrement envie d'en parler. Restant pour superviser l'interrogatoire, l'infirmière recula de quelques pas, puis laissa sa place au chevet d'Isaac à deux gardiens de prison.

— Bonjour, Isaac, dit le premier en gardant un calme professionnel. Pouvez-vous nous dire ce qui est arrivé plus exactement ? Les analyses que nous avons faites sur vous pendant que vous étiez inconscient ont confirmé beaucoup de choses, mais nous voudrions tout de même obtenir votre version des faits.

Isaac ne parut pas convaincu. S'il racontait ce qui s'était passé... qui sait ce qui pourrait se retourner contre lui ? Il était déjà certain que son passage à l'infirmerie n'était pas passé incognito et que ça ne manquerait pas d'asseoir davantage la réputation de Chaz dans la prison.

— N'ayez pas d'inquiétudes vis-à-vis de votre sécurité, rajouta le second, soucieux de le mettre en confiance pour qu'il parle sans se retenir, le détenu Chaz a été conduit en isolement et il n'y sortira pas de sitôt ! Il y a certaines choses sur lesquelles nous ne pouvons pas fermer les yeux.

Chaz avait, après tout, enfreint plus d'un règlement. Même s'il avait pour habitude de soudoyer les gardiens ou de les menacer, même lui n'était pas à l'abri de la justice.

— Et ce que vous direz ici ne sera pas divulgué.

— En isolement ? interrogea-t-il, perplexe.

Il ne parvenait pas à imaginer que l'on puisse avoir mis Chaz au trou.

— Oui, faites votre déposition et il pourrait y rester très longtemps. Les bagarres sont interdites par le règlement, de même que les relations sexuelles dans notre établissement.

Pour avoir passé plusieurs jours là-bas, Isaac savait que l'isolement pouvait rendre les détenus fous et parvenir à briser n'importe lequel d'entre eux. Ils craquaient tous, un jour ou l'autre, même si ce devait prendre des années.

Alors, Isaac expliqua ce qui s'était passé omettant néanmoins quelques détails qu'il jugeait plus personnels et trop humiliants à dévoiler. De plus, il essayait de sauver sa peau. Chaz avait autant d'amis que d'ennemis et il ne désirait s'attirer les foudres d'aucun des deux.

— Vous avez de la chance qu'il ait appuyé sur le bouton d'urgence, mentionna un des gardiens. Sans ça, on ne vous aurait peut-être trouvé qu'au matin.

— Il a appuyé sur le bouton ? se surprit Isaac en fronçant les sourcils.

— Oui, il l'a fait et ça nous a permis d'intervenir à temps avec l'équipe d'urgence. Il ne s'est même pas débattu quand on lui a passé les menottes pour l'amener en isolement. Soyez rassuré ; il ne vous fera plus aucun mal à l'avenir. Quand il sortira de l'isolement – s'il en sort – il sera sûrement changé d'unité ou de cellule.

Le brun imaginait parfaitement son codétenu trop fier garder la tête haute et un rictus moqueur vis-à-vis des gardiens – ou peut-être une expression plus froide que la mort elle-même –, tandis qu'on le conduisait au trou. Oui, il l'imaginait parfaitement. Chaz n'était pas du genre à se laisser abattre ou dominer par de simples agents. Cela faisait trop longtemps qu'il évoluait entre les quatre murs de la prison pour que ceux-ci puissent – ne serait-ce que rêver – de pouvoir l'intimider en jouant de leur statut, de leur bouclier ou de leurs armes.

— Quoiqu'il en soit, vous avez eu beaucoup de chances. Dès que nous aurons le ok de l'infirmerie, nous vous ramènerons dans votre cellule. Tachez de ne pas vous attirer d'ennuis, d'accord ?

Il se contenta d'hocher la tête, peinant à croire qu'il n'aurait plus à affronter Chaz durant son incarcération. Pourtant, il avait la certitude étrange que leurs routes se croiseraient à nouveau...


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