Chapitre 56

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Chapitre 56.

— Wayne, c'est ça ?

Le blond leva les yeux sur son interlocuteur.

— C'est ça, rétorqua-t-il après un instant de silence. Tu es le nouveau.

— Bien vu, mais je pense que je m'intègre bien.

— Pourquoi est-ce que t'es arrivé ici ?

Wilds avait appris son faux crime et sa fausse sentence par cœur.

— J'ai tué un mec en voiture.

Wayne avait envie d'éclater de rire. Il savait très bien qui était réellement Wilds et toute cette histoire était risible. Il n'avait vraiment pas la tête d'un mec à prendre son véhicule sous les effets de la drogue ou de l'alcool ni même celle d'un gars qui en tuerait un autre juste comme ça. Ouais, non, ce mec respirait la justice.

— Hum..., c'est pas de chance. Tu traînes souvent avec Isaac, non ? C'est bizarre qu'il ne nous ait pas présenté l'un à l'autre, non ? Je suis aussi son ami.

— Il avait peut-être peur de quelque chose, hasarda Wilds, il m'a dit des choses intéressantes à propos de toi.

Son interlocuteur haussa les sourcils.

— Ah, oui ? C'est drôle parce que j'ai aussi entendu de drôles de choses à ton sujet...

— J'ai appris que tu cherchais à te barrer d'ici.

Wayne se raidit d'un seul coup. Isaac avait révélé son secret ! Il n'avait parlé de son plan d'évasion à personne d'autre et il avait fallu que cet idiot en parle à un agent du FBI ! Le détenu se raidit de manière quasi imperceptible. Même s'il bouillonnait à l'intérieur, il était trop intelligent pour le laisser paraître. Il devait garder son sang-froid. Surtout face à un homme de loi tel que Wilds. Il avait un pion d'avance sur lui, puisqu'il connaissait son identité.

— Qui t'a dit ça ?

Le policier haussa les épaules et fit mine de rien.

— Les rumeurs courent vite à West Island. Tu devrais le savoir.

— Pas vite à ce point. Je n'ai parlé de ça à une seule personne.

Cette personne allait le lui payer, par ailleurs. Est-ce que Isaac était au courant de la véritable identité de Wilds ? Avait-il fait exprès de le dénoncer auprès de ce dernier ? À quel point était-il innocent ou coupable de sa trahison ? Il ne supportait pas qu'on le trahisse. Isaac avait intérêt à ne pas se retrouver seul en sa présence... Il l'écorcherait vif !

— Ça n'a pas d'importance. Je sais que tu cherches un partenaire pour ton plan. J'ai autant envie de me barrer d'ici que toi. Je suis l'homme que tu recherches.

Wayne, s'il ne tenait pas aussi bien son rôle, aurait écarquillé les yeux en éclatant de rire. Avec les informations reçues de Chaz, il voyait clair dans le jeu de Wilds. Pour le moment, il allait jouer avec lui, mais il n'allait pas se laisser prendre dans ses filets. Il allait l'anéantir.

— Tu penses pouvoir m'aider ?

— Qu'est-ce que je dois faire ?

Comme s'il allait tout lui révélé de son plan !

— J'aime ta motivation. Je te recontacterai quand le moment sera venu de tout mettre en place.

— Je n'ai pas droit à d'autres explications ? questionna Wilds. Si je dois mettre ma vie en danger ou risquer une peine plus longue, je devrais au moins avoir plus d'informations sur le plan, non ?

Wayne le détailla des pieds à la tête.

— Tu n'as pas encore gagné ma confiance. Mais puisque nous avons un ami en commun, je pense que nous nous rapprocherons facilement. D'ailleurs, et si nous prenions le dîner tous à la même table ? Je suis certain qu'Isaac sera ravi de notre bonne entente.

Le policier crispa la mâchoire.

— C'est une bonne idée, s'efforça-t-il de dire même s'il en pensait tout le contraire, je lui ferai le message.

Le blond sourit.

— Parfait. Alors, on se revoit ce midi.

Le rendez-vous était convenu. Wilds se doutait que ça n'allait pas plaire à Isaac, mais il n'y avait pas le choix. Après avoir salué Wayne une dernière fois, l'agent du FBI se détourna et retourna rejoindre son codétenu qui avait observé la conversation de loin. Isaac paraissait inquiet. Il avait tenté de suivre, mais il était trop loin pour entendre ou lire sur les lèvres.

— Ça s'est bien passé ? demanda aussitôt le Californien quand Wilds fut à sa hauteur.

— Oui, le rassura son interlocuteur, mais il sait que tu m'as parlé de son plan. Ne t'en fais pas avec ça, d'accord ? Il ne t'arrivera rien tant que je suis là.

Et Wilds pensa que Chaz ne laisserait rien arriver à son petit protégé non plus. Il avait beau ne pas porter l'Afro-américain particulièrement dans son cœur, il fallait admettre que cet homme violent et possessif savait protéger ce à quoi il tenait. L'agent avait remarqué toutes les petites attentions que s'évertuaient à porter le prisonnier envers Isaac dès que ce dernier ne regardait pas. Wilds avait vraiment la sensation qu'Isaac ne lui disait pas tout par rapport à leur relation... Le Californien paraissait haïr Chaz, mais ce dernier continuait d'être « attentionné » (si ce mot pouvait lui convenir...) envers lui et les deux n'arrêtaient pas de se croiser.

— Tu n'es pas toujours avec moi, protesta Isaac, et je ne veux pas que ma sécurité tienne à toi seul.

— Je viens de t'apprendre quelques mouvements d'auto-défense, non ? Et tu es doué avec la clef de bras.

Le brun s'efforça de sourire.

— C'est vrai. Je tacherai de bien m'en servir.

Entre les murs de West Island, même s'il ne le souhaitait pas, il était certain que ses mouvements finiraient par lui être utiles. Trop de choses louches se tramaient chaque jour...

— Ah et, du coup, on mange avec Wayne ce soir.

Isaac manqua de s'étouffer.

— Tous les deux ?

— Oui.

Il allait se faire tuer...

— Je suis obligé ?

— Avec qui vas-tu manger si tu ne t'installes pas à notre table ? Avec Chaz ?

Le Californien secoua vivement la tête. Tout, mais pas ça !

— C'est bon, céda-t-il.

Ce soir, trois hommes pleins de secrets s'assoiraient à la même table, se regardant dans le blanc des yeux pour chercher la vérité. Qui dupera les autres le premier ?

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