Chapitre 61

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Chapitre 61.

— Alors, tu n'en peux plus, Isaac ?

Chaz offrit un sourire moqueur à son partenaire d'entraînement du jour. Ils venaient d'enchaîner une centaine de push-up sur le tapis de la salle de musculation et Isaac s'était écroulé, mort de fatigue.

— Laisse-moi deux secondes, supplia le Californien en se couchant sur le dos pour reprendre ses forces, deux secondes et je te battrai aux tractions.

L'Afro-américain enchaîna une dizaine de pompes supplémentaires en souriant, puis s'arrêta pour souffler à son tour. Cela faisait un moment qu'il ne s'était pas entraîné comme ça avec quelqu'un. Habituellement, Tiger était son partenaire de gym, mais Chaz préférait surtout être seul. De cette façon, il était son propre adversaire.

Isaac ne savait même plus pour quelle raison il avait fini par accompagner Chaz jusqu'ici, mais il savait une chose : le sport lui faisait du bien et, étrangement, ça rendait son ancien codétenu bien plus sympathique. Ce devait être la faute de la dopamine générée par l'entraînement. Ça rendait tout le monde plus heureux et plus léger.

Après avoir retrouvé un pouls normal, Chaz se releva, puis il fit passer son chandail par-dessus sa tête. Il essuya son front et son torse couverts de sueur avec sa serviette. Puis, il attrapa sa bouteille d'eau et but une généreuse rasade avant de s'en asperger un peu le cou et le ventre. Encore au sol, Isaac prit une position assise et fut incapable de ne pas glisser le regard sur les abdominaux de son rival d'entraînement sur lesquels de fines gouttelettes d'eau glissaient.

— Tu devrais enlever ton chandail, conseilla ce dernier en lui jetant un œil, il fait chaud. C'est inconfortable et il ne faudrait pas que tu attrapes un coup de chaleur.

Légèrement embarrassé d'avoir été attrapé en flagrant délit de « reluquage », Isaac détourna les yeux.

— Ça va, je me sens bien, affirma-t-il en secouant la tête, je préfère conserver mon haut pour le moment.

Il préférait conserver tous ses vêtements en présence de Chaz... et des autres détenus. Ses premières semaines à West Island étaient restées gravées à tout jamais. Dorénavant, il se montrait prudent.

— Comme tu voudras.

L'homme marqua une pause, comme s'il allait dire quelque chose de plus, mais réalisant sûrement que ce ne serait pas approprié, il changea d'idée et dit plutôt :

— Alors, tu es prêt à les faire, ces tractions, ou pas ?

Il marchait déjà vers les barres. L'orgueil d'Isaac prenant le dessus, il s'efforça de se relever pour suivre Chaz entre les machines de musculation. L'Afro-américain étira les bras au-dessus de sa tête pour attraper la barre, puis il se tracta vers le haut.

— Et d'un, commença-t-il à compter.

Isaac se dépêcha d'attraper la barre jumelle de celle de Chaz et de l'imiter. Ensemble, ils firent une trentaine de tractions avant leurs bras ne demandent grâce.

— Tu veux de l'eau ? lui proposa son partenaire de gym.

Le premier réflexe d'Isaac aurait été de refusé, mais il n'avait pas de gourde et la soif commençait à se faire ressentir : surtout après un entraînement aussi intense et compétitif que celui-là. Il arracha la bouteille des mains de Chaz et prit une longue gorgée qui amusa son spectateur.

— C'est super important d'amener à boire quand on fait du sport, dit Chaz en reprenant sa gourde (désormais presque vide).

Un éclat malicieux traversa les prunelles du jeune homme, puis il balança un peu d'eau sur Isaac qui ne fut pas suffisamment rapide pour éviter le jet.

— Hé !

Chaz se contenta de rire. C'était rare de le voir rire. C'était sans doute une des premières fois pour le Californien. Ça avait quelque chose de contagieux.

— Ton chandail est mouillé maintenant : il va falloir que tu l'enlèves.

Le brun fut incapable de se retenir de sourire aussi.

— C'est à peine humide, que quelques gouttes, répliqua-t-il en croisant les bras sur son torse.

Chaz rétorqua en lui déversant tout ce qui restait du contenu de sa bouteille d'eau sur la tête. Isaac resta un instant figé, surpris par la douche froide qu'il venait de se prendre (littéralement). À côté de lui, son vis-à-vis se bidonnait.

— Non, mais ! déclara le brun. Tu as osé ! Tu vas voir ce que je vais te faire, moi !

— Ah oui ? continua de se moquer Chaz. Comme quoi ?

Comme il n'avait pas d'idées immédiates en tête, le Californien resta bouche-bée.

— Je ne sais pas encore. Tu verras.

En attendant, il attrapa le bas de son chandail et évalua les dégâts. Il était entièrement trempé et lui collait désagréablement à la peau. Il grimaça, puis finit par consentir à enlever son chandail, ignorant volontairement les prunelles baladeuses de Chaz qu'il sentait se promener partout sur le haut de son corps. Avec un soupir, il tordit son vêtement pour l'assécher un maximum.

— Un vrai gamin..., murmura-t-il dans sa barbe.

Au moins, ça avait été rafraîchissant. Il n'aurait jamais imaginé le Chaz qui avait déjà partagé sa cellule pouvoir lui faire un truc du genre. Il découvrait une tout nouvelle facette méconnue de l'homme. Qui sait ce qui lui restait encore à découvrir ? Cela lui montrait bien qu'il ne vivait pas dans un monde ni tout blanc ni tout noir, mais que certaines personnes se tenaient, quelque part, juste entre les deux. Il avait détesté Chaz autant que Brianna l'aimait, mais maintenant, il entrevoyait l'homme que la jeune femme pouvait idéaliser au point de lui en envoyer une lettre.

— Aller, viens m'aider avec le grand haltère, l'appela Chaz en s'allongeant sur le siège qui allait lui permettre de soulever les poids qu'il venait tout juste d'ajuster.

Sortant de ses pensées, Isaac le rejoignit pour superviser la manœuvre.

— Tu as quelque chose de différent aujourd'hui, fut-il incapable de s'empêcher de lancer en se positionnant. 

Entre les barresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant