Chapitre 50

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C'est le chapitre 50, alors c'est un peu symbolique. Cette fiction est la plus longue que je n'ai encore jamais écrite. Je pense que ce chapitre saura marquer le coup. Vous verrez !

Bonne lecture !

Chapitre 50.

Chaz était assis sur la chaise en bois, les poings menottés sur les genoux. Il observait la décoration du bureau autour de lui. C'était loin d'être la première fois qu'il y venait, mais cela faisait un moment depuis la dernière fois. Certains bibelots avaient bougés et de nouvelles plantes étaient apparues.

Grayson se faisait attendre. Cela faisait quinze bonnes minutes que Chaz attendait dans son bureau, seul. À cause de leur arrangement, les gardes ne devaient pas assister à leurs entretiens. Cela pourrait tout compromettre. D'une certaine façon, Grayson avait confiance en lui... autant qu'il pouvait en avoir. Ils étaient liés par le même secret.

Comme le temps se faisait long et que Chaz s'impatientait, il se leva pour faire le tour du bureau, histoire de se dégourdir les jambes. Soudainement, sa curiosité fut attisée par différents documents laissés dans le tiroir d'un classeur mal refermé. Il observa la porte du bureau, puis comme personne ne venait, il s'autorisa à fouiller...

Chaz passa les documents un à un entre ses mains. Ils appartenaient à des détenus. La plupart étaient inintéressants. Ce n'était que des prénoms qu'il ne connaissait pas, des prisonniers insignifiants qu'il ne lui était jamais arrivé de rencontrer ou d'affronter. Il fit défiler les noms de plus en plus vite.

Puis, il se stoppa.

Juste après « Wayne », il trouva ce qu'il avait espéré trouver :

Wilds.

Il s'empara du dossier, le posa sur le bureau de Grayson et ouvrit la jaquette en vitesse. Son regard se figea aussitôt. Le dossier était un faux. Il en était presque certain. Wilds n'avait pas la gueule qui collait avec les crimes qui étaient décrits là-dedans. Il avait pataugé dans le crime assez longtemps pour savoir reconnaître un vrai meurtrier, un vrai psychopathe. Ce mec n'en était pas un. Frustré, Chaz passa les feuilles de la documentation une à une en vitesse, puis il tomba sur une notice.

Oh, oui, là, ce devenait intéressant. Un lent sourire s'étira sur les lèvres de Chaz. Comment pouvait-il avoir autant de chance ?

— Un agent du FBI, hein... ?

Il eut un rictus, suivit d'un rire. C'était presque trop beau.

Au même moment, la poignée du bureau se tourna et Grayson entra dans le bureau, se figeant instantanément quand il vit Chaz, debout, derrière son bureau, des feuilles en mains.

— Qu'est-ce que tu fais ?

L'Afro-américain se retourna.

— Tu es en retard. Encore avec Ronaldo ?

Chaz avait un sourire suffisant sur les lèvres, un peu moqueur. Il aimait rappeler à Grayson ce qu'il savait et pourquoi le directeur devait lui obéir, surtout juste avant une audience.

— Ce ne sont pas de tes affaires et..., dit Grayson en désignant ce qu'avait Chaz dans les mains, ça non plus.

Le détenu secoua la tête. Il sortit la notice du dossier et la brandit sous le nez du directeur.

— Je crois que ça vient tout juste de devenir de mes affaires, surtout quand on fait entrer un agent du FBI dans ma prison.

Grayson soupira avec dépit. Il se laissa tomber sur la chaise habituellement réservée aux prisonniers auxquels il accordait des entrevues et se prit la tête entre les mains. Son visage paraissait avoir pris dix ans de plus d'un seul coup.

— Qu'est-ce que tu veux encore, Chaz ?

L'Afro-américain prit place sur le fauteuil du directeur et croisa les bras.

— C'est simple. Je veux Isaac.

Le directeur releva brusquement la tête.

— Isaac ?

— Je sais que tu lui as demandé d'être ta taupe et qu'il a refusé. Ne fais pas l'ignorant : tu sais qui il est.

Grayson secoua la tête.

— Je sais qui il est, mais c'est impossible.

Chaz n'aimait pas se faire dire non.

— Tu sais ce qui n'est pas « impossible » ? C'est que la couverture de cet agent soit malencontreusement brisée... je suis sûr que tu te doutes que les agents de la paix ne sont pas très appréciés en prison. Je te laisse deviner la suite...

Le directeur était dans les beaux draps. Il ne pouvait pas remettre Isaac dans la cellule de Chaz... Ce serait aller à l'encontre de sa promesse et de la volonté de Wilds ! Mais de l'autre côté, Chaz allait tout faire foirer s'il ne faisait rien.

— Tu ne peux pas demander ça, Chaz. C'est la seule chose que je ne peux pas t'accorder.

L'Afro-américain leva les yeux au ciel.

— Je vais me gêner. Je te laisse une semaine pour réarranger le transfert d'Isaac dans ma cellule ou l'identité de Wilds sera jeté en pâture aux loups.

Chaz se leva calmement et quitta le bureau de Grayson. À l'extérieur, au bout du couloir, deux gardiens l'attendaient pour le ramener en cellule. Le directeur resta seul parmi les documents et les dossiers éventrés. Il s'appuya contre son bureau et se massa les tempes en soupirant bruyamment.

Et pourquoi Chaz tenait autant à ravoir Isaac ?

Il ne savait pas comment il allait se sortir de ce pétrin-là... Il avait beau être le directeur de West Island, il ne valait pas mieux que les autres. Il mangeait dans la paume de Chaz et lui baisait les souliers.

Merde.

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