Chapitre 10

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Chapitre 10.

Retourner dans cette cellule après une semaine lui donnait des frissons. Il se stoppa quelques pas après avoir passé la porte et resta figé. Son regard se promena sur les deux couchettes et son estomac se tordit quand il jeta un œil à la sienne. Il se revoyait en train d'hurler et de gémir, tandis que Chaz jouait de son corps comme s'il s'agissait d'une marionnette, la sienne. Son codétenu avait, d'ailleurs, repris la couverture qu'il lui avait prêtée quand il avait eu froid.

Tentant de tenir le coup et d'affronter la cellule comme le ferait un homme, Isaac serra les poings pour se donner un peu d'hargne. Il n'allait pas laisser Chaz lui empoisonner la vie !

— Tiens, tu es revenu, le nargua une voix.

Il se retourna et tomba nez-à-nez avec son agresseur qui se tenait dans l'embrasure de la porte.

— Je l'avais prédit, rajouta-t-il. Comment était le trou ? Tu es revenu parce que je te manquais ?

Isaac grimaça.

— Je ne suis pas revenu pour toi, alors ne t'avise pas de t'approcher.

Chaz parut amusé de sa tentative de protestations.

— Tu sais, j'étais vraiment énervé quand j'ai appris que tu avais demandé à être placé au trou pour ta « protection », susurra-t-il en s'approchant tel une vipère, malgré la mise en garde de son codétenu.

Isaac se recula instinctivement. Chaz l'accula contre le mur du fond et plaça deux doigts sous son menton pour lui relever la tête.

— Oh, Isaac, oui, tu m'avais vraiment énervé. Il va falloir payer pour ça... Si tu crois que tu peux faire la loi, tu te trompes. Tu as décidé de revenir dans notre cellule de ton plein gré, mais ce loyer-là a un prix...

Au même moment, les portes de toutes les cellules se fermèrent et se loquèrent pour la nuit derrière les prisonniers de West Island.

— C'est pas un p'tit nouveau comme toi qui va venir me dire de quelle manière vivre mon incarcération, poursuivit Chaz en grinçant des dents, je ne me laisserai pas mener par toi. Tu ne peux pas m'échapper, personne ne le peut.

Il n'allait pas se faire moquer de lui parce que son codétenu – alias sa pute – lui avait filé entre les doigts comme une anguille.

Isaac tremblait de haine et de colère. Il se retenait de cracher au visage de Chaz, se souvenant de ce qui était advenu la dernière fois qu'il l'avait fait. Il le fusilla néanmoins d'un regard noir.

— Fous-moi la paix, dit-il le plus calmement possible, je veux juste être tranquille.

— Tu es tombé dans la mauvaise prison et dans la mauvaise cellule si tu voulais être « tranquille », se moqua son interlocuteur avec une expression goguenard. Tu es bien naïf – ou con, je ne sais pas – si tu penses que tu peux être enfermé à West Island sans jamais te mettre les pieds dans la merde. Te tenir à l'écart finira par faire de toi une proie et t'attirer des problèmes. Il n'y a pas d'échappatoire.

Être un solitaire ferait de lui une victime et faire partie d'un groupe lui causerait des ennuis. Il n'y avait pas de solution. Tuer ou être tué.

— Il n'y a qu'en t'associant à moi que tu peux survivre, ajouta Chaz en plantant ses deux perles noires dans les yeux d'Isaac.

Le brun appuya ses paumes de main sur le torse de son vis-à-vis et il le repoussa pour se dégager de son emprise et s'éloigner du mur qui restreignait ses mouvements. Chaz ne parut pas très bien prendre sa tentative de fuite. Il fit volteface et attrapa le poignet d'Isaac. Bloqué dans son élan, ce dernier freina et tourna la tête pour voir les doigts de son codétenu enroulés solidement sur son avant-bras. La poigne était ferme.

— Lâche-moi.

Il n'eut pas le temps d'en dire davantage que Chaz, mécontent, lui tordit le bras à l'arrière du dos et le plaqua sur son lit. Isaac gigota en grimaçant d'inconfort.

— On ne joue plus, prévient-il froidement.


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