Chapitre 45

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Chapitre 45.

Wilds avait vraiment de gentilles attentions. Un autre jour, Isaac avait trouvé une barre de savon sur sa couchette. Elle avait une odeur d'épinette, de mer et de soleil. Ça lui rappelait la Californie. C'était tellement mieux que le savon inodore que lui fournissait la prison en une quantité ridicule. Il aurait aimé que les douches durent plus longtemps juste pour pouvoir savourer l'odeur un peu plus. D'un autre côté, il voulait que la barre lui dure le plus longuement possible.

Les choses continuèrent de s'améliorer dans les jours suivants. Isaac trouva une nouvelle paire de jean sur sa couchette, un sac de chips et, à la cantine, ses portions de nourriture se trouvèrent presque doublées. Il ne remercierait jamais assez Wilds pour tout ça ! Visiblement, l'homme avait tenu de sa promesse et avait glissé un mot ou deux à Grayson sur sa situation. Il lui en était reconnaissant, même s'ils n'avaient pas encore l'occasion d'en discuter ensembles.

L'agent du FBI était un homme occupé qui passait l'essentiel de son temps à mener son enquête, à rendre des rapports et à se consacrer à sa carrière. Mais une fois par jour, le soir, ils avaient des discussions banales avant de dormir. C'était assez plaisant, en fait. Ça faisait changement des discours froids et sans-issu de Chaz. Wilds savait être sympathique et assez divertissant quand il le voulait. Et Isaac aimait son sourire qui creusait une petite fossette dans le creux de sa joue droite.

— Encore un rapport ? demanda le Californien.

Wilds termina de pianoter sur son smartphone et releva les yeux dans sa direction.

— Il y a toujours des rapports, répliqua-t-il avec un petit sourire. C'est le lot des fonctionnaires.

— L'enquête avance ?

— Plus ou moins... personne ne veut parler. Je suis encore trop « nouveau » pour qu'ils s'ouvrent à moi. La confiance semble être une denrée rare par ici, mais je dois tenter de me rapprocher de Chaz. Il a l'air d'en savoir beaucoup.

Isaac baissa la tête...

— Oui, enfin... il n'est pas le seul. Pense à interroger Ronaldo.

Wilds inscrivit tout de suite l'information.

— J'y penserai, répliqua-t-il avec un clin d'œil. Et pour Chaz... tu ne pourrais pas faire quelque chose pour moi ?

Le brun se raidit.

— Comme quoi ?

— Je ne sais pas... lui glisser un mot à mon égard, par exemple ?

— Je n'ai pas vraiment envie de lui parler en ce moment...

L'agent parut étonné. Il haussa un sourcil.

— Oh, pourquoi ça ?

Isaac se racla la gorge.

— Nous avons disons eu... quelques différents.

Il n'avait pas envie de tout dévoiler à Wilds. Il lui faisait confiance, là n'était pas le problème, mais le prononcer à voix haute contribuerait à rendre les événements impliquant Chaz plus réels, alors qu'il commençait tout juste à s'en remettre. Il préférait éviter.

— Rien de trop grave j'espère.

Isaac secoua la tête.

— Ne t'en fais pas, puis... je peux te dire un truc ? Tu es vraiment un meilleur codétenu.

— Ah, oui ? rigola Wilds de bon cœur.

— Ça fait du bien de pouvoir parler à quelqu'un.

— Moi aussi, je suis content que ce soit toi qui m'aides dans cette enquête. J'ai déjà été de nombreuse fois sous couverture auparavant et, le plus dur, c'est vraiment de rester dans le personnage sans n'avoir personne à qui en parler. Quand les situations s'enveniment, c'est vraiment dur de garder tout pour soit, alors merci d'être là.

Isaac sentit ses joues rosirent jusqu'à ce qu'elles lui chauffent le visage.

— C'est moi qui te remercie, bredouilla-t-il du bout des lèvres, gêné par la tornade de compliments.

Depuis son arrivé à West Island, peu de personne s'était montré aussi gentilles avec lui. C'était sans doute parce que Wilds n'était pas un « vrai » prisonnier qu'il agissait ainsi.

— Tu es mignon quand tu rougis ; toutes les filles devaient être à tes trousses à l'extérieur.

Wilds rigola, tandis que le Californien rougissait davantage, passant proche de s'étouffer.

— Enfin, ce n'était pas comme si ça me servirait à grand-chose ici... Il n'y a pas beaucoup de filles dans les parages, dirons-nous...

Chaz le lui avait bien fait comprendre dès les premiers jours...

— Oui, ça restreint les possibilités, admit l'agent, mais par chance : il n'y a pas uniquement que les filles, dans la vie...

Isaac joignit son rire à celui de son codétenu pour masquer sa gêne, puis quelques minutes plus tard, ils se souhaitèrent « bonne nuit » et s'endormirent chacun dans leur couchette respective. Le Californien se dit, qu'en plus du sourire, Wilds avait un rire contagieux et charmant...

Il devait être prudent.

Ce serait facile et dangereux que de tomber sous le charme... 

Entre les barresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant