Chapitre 42

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Chapitre 42.

Wilds était en train de terminer de s'installer dans sa cellule quand il entendit des coups être frappés à la porte. Fronçant les sourcils et se demandant ce qu'on pouvait bien lui vouloir, il alla ouvrir. Il se retrouva nez à nez avec Chaz qui l'observait d'un œil mauvais. Il avait quelque chose sur l'épaule qui ressemblait à une serviette. Venait-il de revenir d'un entraînement de basket ?

— Je suis Chaz, dit-il, on ne se connaît pas encore, mais tu apprendras vite.

L'agent du FBI ne se laissa pas impressionner. Dans sa longue carrière, il avait été confronté à bien pire qu'un homme comme Chaz qui pensait faire sa loi dans une institution carcérale.

— Je m'appelle Wilds.

— Je me fiche de qui tu es, rétorqua froidement son interlocuteur. Isaac est dans ta cellule, non ?

Wilds regarda brièvement derrière lui, comme pour s'assurer qu'il était seul dans la petite chambre, puis il haussa les épaules. Ce Chaz l'intriguait... à croire que quelque chose se tramait... et que voulait-il à Isaac ?

— Il n'est pas là pour le moment.

— Je sais. Je ne serais pas venu te voir s'il avait été là.

Chaz prit une inspiration et il poursuivit :

— Écoute-moi bien, je ne sais pas qui tu es ni pour quelle raison tu as été condamné, mais compte sur moi pour le découvrir. Je sais tout, ici. Je vais t'avoir à l'œil et je ne te lâcherai pas d'une seule semelle. Si tu touches ne serait-ce qu'à un cheveu d'Isaac, tu peux te considérer comme un homme mort.

Ils s'affrontèrent du regard pendant quelques secondes en silence. Wilds n'avait pas peur de tenir tête à Chaz, même s'il n'avait aucunement l'intention de faire du mal à Isaac, son principal informateur.

— Et... tiens, prend ça, tu lui donneras.

Chaz lui tendit ce qu'il avait apporté avec lui. Si Wilds avait d'abord pensé qu'il s'agissait d'une serviette, il réalisa que c'était plutôt une couverture. Cela le rendit encore plus perplexe. De quelle nature était la relation entre ces deux-là ? Il devait le découvrir pour le bien de l'enquête.

— Qu'est-ce que... ?

Le temps qu'il s'interroge lui-même, Chaz avait déjà disparu. Wilds pinça les lèvres et tourna les talons, refermant la porte derrière lui. Il jeta la couverture sur le lit d'Isaac et se remit à l'installation finale de son nouveau QG. Une fois que tout fut en ordre, il prit son téléphone portable et enregistra une note. Après avoir indiqué l'heure et la date, il rajouta :

— Un détenu est venu me rendre visite dans ma cellule. Grand, peau noire et avec des dreads. Il répondait au nom de Chaz et avait un cadeau pour mon codétenu. Je ne sais pas quelle relation les unis, mais je dois le découvrir. Il m'a aussi menacé. Je dois à tous prix en apprendre plus. Terminé.

Il recacha le portable là où on ne le trouverait pas, puis prit un instant pour réfléchir à ce qui venait de se passer.

Plus tard, Isaac revint du salon de coiffure et pénétra dans la cellule. Il se laissa tomber sur sa couchette en poussant un grand soupir d'épuisement. Puis, tournant la tête, ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'ils reconnurent la couverture.

— C'est quoi, ça ? demanda-t-il, la voix qui tremblait légèrement.

Wilds haussa les épaules avec nonchalance.

— Je ne sais pas. Un ami à toi est venu toute à l'heure et il m'a dit de te la donner.

Isaac serra les poings.

— Un « ami », hein ? répéta-t-il avec un rictus.

— Il s'est présenté sous le nom de Chaz.

Le Californien fit de son mieux pour masquer sa surprise. Pourquoi était-il venu ?

— Oh, je sais très bien qui il est, ne t'en fais pas avec ça... tu veux un conseil ? Tiens-toi loin de ce mec. Le plus loin que tu pourras. Ça vaut mieux pour toi, crois-moi.

Et ça valait mieux pour lui aussi...

L'agent fronça les sourcils. Décidément, il y avait vraiment un truc pas net avec ce Chaz.

— Qui est-il ?

— Celui qui va te créer des problèmes si tu ne lui manges pas dans la main.

Et c'était peu dire.

— Vous avez l'air proches.

Isaac eut un rire amer et désincarné, le regard rivé au plafond.

— Oui, « proches » ...

Si on voulait... En vérité, il aurait préféré qu'ils ne soient pas « proches » du tout.

— Mais bon, rajouta Isaac en attrapant, malgré tout, la couverture, puisqu'il est venu...

Il n'allait pas cracher sur une couverture supplémentaire – même si elle venait de Chaz –, alors que les nuits étaient aussi fraîches. Il n'était pas assez stupide pour laisser son égo prendre le dessus. De toute manière, la couverture était à lui, maintenant, il n'avait pas dans l'intention de la redonner à Chaz. Donner, c'était perdre.

Il se blottit sous son drap et la couverture, fronçant un peu les narines quand le parfum musqué de Chaz, qui paraissait avoir infiltré chaque fibre de tissu, l'étouffa. 

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