Chapitre 48.
Isaac avait deux ou trois trucs à régler avec Chaz, mais quand il arriva devant sa cellule et jeta un œil par la fenêtre de la porte : elle était vide. Le Californien toqua à la porte du voisin de cellule.
— Tu as vu Chaz ?
L'homme le détailla des pieds à la tête.
— Chaz ? Il est avec Taylor, non ? Ils devaient disputer un match de basket aujourd'hui.
Isaac resta interdit. Taylor...
— Merde, murmura-t-il.
Cela n'augurait rien de bon. Chaz allait démolir Taylor ou vice-versa... Il n'en savait rien, mais ça causerait des problèmes. L'Afro-américain ne pouvait pas retourner à l'isolement tout de suite.
— Merci ! lança-t-il au voisin de cellule avant de partir à la course, déboulant les marches une à une à toute vitesse jusqu'à la pièce centrale
Il devait rejoindre le gymnase. Il poussa les grandes portes et tenta de se frayer un chemin parmi la foule compacte qui s'était rassemblée pour voir le désastre. C'était bien organisé. Les prisonniers faisaient un tel mur de sorte à bloquer la vision des gardiens qui ne se doutaient pas de ce qui allait se passer dans les prochaines minutes... Les gardiens s'attendaient tout simplement à un match de basket, ils n'auraient pas pu être plus éloignés de la réalité... Non, ce n'était pas à une partie basket que les détenus étaient venus assister avec autant d'avidité, c'était à une lutte à mort.
Isaac poussa encore deux ou trois personnes et il parvint à se dégager une vue sur le terrain. Taylor et Chaz se faisait face, se fusillant mutuellement d'un regard meurtrier.
— Tu es prêt à perdre ta place, Chaz ? Et peut-être un œil au passage...
Son interlocuteur laissa tomber son ballon de basket qui rebondit quelques coups avant de rouler jusqu'au fond du gymnase. Il avait un rictus sur les lèvres.
— Tu penses vraiment pouvoir me battre ? Ignores-tu comment j'ai obtenu ma place ? Tu peux encore abandonner et me supplier pour ma clémence si tu veux, il n'est pas trop tard.
— Refuserais-tu de m'affronter ? Est-ce que le grand Chaz serait un trouillard doublé d'un lâche ?
L'Afro-américain haussa les épaules.
— Tant pis, tu finiras comme ton frère...
Même de la part de Chaz, c'était un coup bas. Isaac vit la colère couler dans les veines de Taylor et remonter jusqu'à ses poings. Le combat était inévitable, mais le Californien ne voulait pas qu'il ait lieu. Chaz allait commettre une erreur ! Juste au moment où ce dernier allait porter le premier coup, Isaac cria depuis l'autre bout du gymnase :
— Chaz ! Ne fais pas ça !
Déconcentré, l'homme tourna la tête pour le regarder, troublé par la voix de son ancien codétenu. Ce laps de temps lui fut défavorable. Taylor n'attendit pas et il lui envoya une droite violente en plein visage. Chaz perdit l'équilibre pendant quelques secondes, puis il se reprit. Du sang coulait de son nez.
Isaac resta figé, interdit devant la violence des événements.
Chaz, le goût du sang dans la bouche, se transforma en une bête. Les traits de son visage parurent changés pour être remplacés par ceux d'un animal qui n'avait plus, en tête, que d'achever sa proie. Il remit son coup à Taylor, puis un deuxième et un troisième. Des traces de sang tachaient le sol, alors que les deux combattant étaient couverts de sueur, essoufflés et aveuglés par le désir de mettre à terre leur adversaire.
Taylor finit par se faire avoir par un coup qui vint le frapper derrière les genoux et l'envoya valser au sol. Néanmoins, avant que Chaz n'ait pu avoir la chance de l'écraser complètement, les gardiens finirent par arrivés pour interrompre la bagarre. Ils séparèrent, non sans mal, les deux hommes et hissèrent Taylor sur une civière.
— C'est de la légitime défense ! s'exclama Isaac. Taylor a donné le premier coup !
Un des gardiens toisa Isaac d'un œil dubitatif.
— Tout le monde ici présent est témoin ! poursuivit le Californien en regardant autour de lui, alors que tous les autres détenus étaient évacués.
— Des interrogatoires vont être menés, lui dit le gardien, maintenant, sortez d'ici.
***
Au final, comme il avait été prouvé que Chaz n'avait pas porté le premier coup, même si l'enquête était toujours en cours, il ne fut pas mis à l'isolement. C'était surtout grâce à l'intervention de Wilds qui n'avait pas intérêt à voir disparaître son principal suspect.
Isaac vint lui rendre visite, un peu plus tard, dans son ancienne cellule. Chaz était assis sur sa couchette. Il avait changé de débardeur, le précédent ayant été souillé par le combat. Silencieux, il pressait un linge humide sur son nez.
— Il est probablement cassé, lâcha-t-il sans même jeter un regard au brun quand il entra pour venir le voir, ce ne serait pas la première fois.
Le Californien déglutit. Il détacha son regard du visage de l'Afro-américain et laissa son regard se promener sur les murs, puis sur l'armoire de Chaz où il remarqua les mêmes paquets de soupe qui lui avaient été offerts dans un sac.
— Wilds m'a tout raconté. Je sais que c'est toi qui m'as offert toutes ses choses. Pourquoi tu ne me l'as dit ?
Chaz renversa la tête en arrière pour faire cesser l'écoulement de sang de son nez. Il grimaça.
— Qu'est-ce que ça aurait changé ?
Isaac se pinça les lèvres. Il ne savait lui-même pas ce que ça aurait changé... Chaz ne se ferait pas pardonner avec quelques paquets de soupe et barres de savon. Même lui paraissait assez lucide sur le sujet.
Son ancien codétenu redressa la tête et mit son linge humide de côté. Son nez était un peu brusqué. Chaz avait raison, il était sans doute brisé. L'homme soupira, puis il regarda Isaac pour la première fois depuis qu'il était entré dans la cellule. Il le détailla des pieds à la tête, puis son regard resta fixé sur quelque chose. Il fronça les sourcils et se leva. Sans réfléchir, il attrapa le bras du jeune homme et son autre main vint se poser sur sa tête qu'il poussa un peu sur le côté, libérant son cou et une partie de son épaule.
— Qu'est-ce que c'est que ça ?
Isaac essaya de bouger, mais la prise de Chaz était trop solide. En quelques secondes, des flashbacks de toutes les fois où son interlocuteur l'avait pris, ici même, dans cette cellule, défilèrent dans son esprit. Il sentit son cœur redoubler de vitesse dans sa poitrine. Non, pas encore, pensa-t-il. Il était surprenant que l'homme ait encore de la force après son combat. Il essaya de voir ce qui piquait autant la curiosité de son interlocuteur et réalisa qu'il s'agissait de suçons qu'avait laissé sa partie de jambe en l'air avec Wilds. Un grand frisson le parcourut.
— Ce n'est rien, répliqua-t-il en serrant les dents, lâche-moi, Chaz.
Une expression indescriptible traversa le visage de l'Afro-américain. Le choc, la colère, la tristesse, la frustration... Isaac sentit la prise de Chaz se serrer sur son bras. Cela laisserait forcément une marque.
— Tu as couché avec lui n'est-ce pas ?
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Entre les barres
ActionAprès s'être fait arrêter avec deux kilos de cocaïne, Isaac est placé en détention à la prison de West Island. Il doit partager sa cellule avec un dénommé Chaz qui se trouve être le chef des prisonniers à l'intérieur de l'établissement carcéral. Isa...