Chapitre 54

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Chapitre 54.

Encore frustré par son altercation avec Chaz, Isaac rejoignit sa cellule pour se laisser tomber sur sa couchette avec un grand soupir.

— Il s'est passé quelque chose ?

Le Californien releva les yeux sur Wilds qui l'observait depuis son propre lit.

— Rien de grave, répliqua-t-il, c'est juste Chaz.

Le policier arqua un sourcil.

— Tu es toujours chamboulé quand tu vois ce mec, fit-il remarquer.

Isaac détourna le regard. Bien sûr que ces rencontres inopportunes l'affectaient... comment ne le pourraient-elles pas ?

— Il se passe quoi entre vous ? rajouta Wilds. Tu n'as jamais été clair à ce sujet et même si tu dis qu'il n'y a rien, tout semble toujours avoir un lien avec lui.

Son interlocuteur secoua la tête. Il n'était pas prêt à avouer quoique ce soit à l'agent du FBI à ce propos. La loi du silence régnait en maître. Non seulement les événements étaient humiliants, mais il n'avait pas envie de paraître faible ni de revenir sur le sujet. Il avait tiré une croix sur tout ça. Pour le moment, Chaz ne pouvait plus l'atteindre.

— Ne t'inquiète pas avec ça.

— J'ai besoin d'en savoir le plus possible, Isaac. Tu es supposé m'aider dans mon enquête et Chaz est un de mes suspects potentiels.

— Je ne crois pas que ce soit lui.

La réponse était venue rapidement. Non, le Californien ne pensait pas que Chaz était responsable du cartel de drogues important auquel Wilds tentait de trancher la tête. Isaac ne savait pas exactement pour quelle raison il possédait cette intuition, mais il l'avait. Il ne pouvait pas croire que l'homme puisse être derrière (de loin ou de près) sa propre incarcération. Cela en ferait trop.

— Pourquoi ? lui demanda son vis-à-vis en fronçant les sourcils, surpris.

— Je ne sais pas ! Il y a des milliers de détenus à West Island. Je ne connais même pas tout le monde. Je suis loin de là. Ce pourrait être n'importe qui.

— Mais Chaz, lui, semble connaître tout le monde. Cela lui serait pratique s'il est le baron de la drogue que je recherche.

— Ce n'est pas lui, se contenta de répéter Isaac.

À ce point, il ne savait même plus pour quelle raison il défendait l'Afro-américain. La lettre de Brianna, pourtant brûlée plus tôt, ne cessait de lui trotter en tête.

— Alors donne-moi un autre nom, une information, quelque chose ! Tu es mes yeux et mes oreilles ici. Pense à ta libération conditionnelle.

Le Californien dut réfléchir très vite. Dans le but de détourner l'attention de Wilds de Chaz, il devait lui donner quelque chose à quoi se raccrocher, quelque chose susceptible de faire avancer l'enquête ou, du moins, d'occuper l'agent pendant quelques temps. Sans parler qu'il désirait cette libération conditionnelle plus que tout. Puis, il ne tenait pas à ce que le policier creuse le cas de l'Afro-américain de peur qu'il ne découvre l'ancien marché qu'il avait passé avec ce dernier. Du coup, il lâcha la première chose qui lui vint à l'esprit, sa première trahison.

— Wayne prépare quelque chose, finit-il par murmurer. Il a un plan, un plan d'évasion.

Wils se figea, puis s'empressa de noter cette information dans les notes de son portable.

— Depuis quand le sais-tu ?

— Un moment, avoua Isaac, penaud.

— C'est grave, tu sais ? Ton ami va avoir des problèmes. Sa peine pourrait être doublée ou il pourrait même être condamné à perpétuité. Plus, tu ne trouves pas cela étrange, cette soudaine envie de s'évader ?

Le Californien haussa les épaules.

— Personne n'a envie de passer plusieurs années ici.

Il marqua une pause, réfléchit, puis ajouta :

— Il se cherche un complice pour mener son plan à bien.

Le policier pinça les lèvres.

— Intéressant...

Une stratégie, un piège, commençait à naître dans l'esprit de l'agent surentraîné du FBI pour interroger Wayne.

— Tu ne dois pas lui dire que je te l'ai dit. Il me tuera s'il le sait, prévint Isaac avec le plus grand des sérieux.

En se rappelant des menaces du biker, il frissonna. Il réalisait progressivement l'erreur qu'il avait commise en se confiant à Wilds – même si c'était la chose sensée à faire – si le policier se trouvait incapable de gérer l'information.

— Voyons, tu es en sécurité tant que tu collabores avec le FBI. Ne t'en fais pas avec ça.

— Et que se passera-t-il lorsque tu ne seras plus là ?

— Tu auras ta liberté conditionnelle spéciale, non ? Tu seras sorti d'affaires avant même que quiconque ait eu la chance de toucher à une seule mèche de tes cheveux. Et si tu veux, je peux te montrer quelques mouvements d'auto-défense si ça peut te faire te sentir mieux.

Isaac parut mijoter les paroles de l'agent pendant de longues secondes.

— Je veux bien, pour les cours d'auto-défense.

Il ignorait cela prendrait combien de temps pour que les papiers concernant sa libération soient en ordre. Il devrait sans doute rester un peu plus longtemps à West Island et tout le monde saurait de quelle façon il avait coopéré avec les flics. Puis, quelques trucs d'auto-défense ne faisaient de mal à personne. Dans le meilleur des cas, il pourrait s'en servir pour tenir tête à Chaz.

Cependant, Isaac n'était pas complètement rassuré sur le reste.

— Très bien, sourit Wilds, dans ce cas, je t'enseignerai. Tu verras, c'est facile.

Le Californien était fébrile à l'idée de pouvoir faire une clef de bras la prochaine fois que Chaz déciderait de le plaquer contre un mur.

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