Note d'auteure : Chapitre à percevoir, d'une certaine manière, comme l'épilogue de cette première partie de Entre les barres. De grands changements sont à prévoir à l'horizon et l'évolution psychologiques des personnages se met en branle.
Bonne lecture !
Chapitre 39.
Isaac se tenait à l'entrée du réfectoire, habillé d'un T-shirt gris et d'un jean noir. Il s'était affranchit de Chaz en même temps que de sa combinaison orange. À ses côtés, l'agent Wilds portait cette même tenue des nouveaux détenus. Tous les regards de la cantine convergeaient vers lui. C'était un nouveau chapitre de sa vie à West Island qui commençait.
Un peu plus tôt, il avait été s'installer dans sa nouvelle cellule. Le transfert s'était effectué dans la plus grande discrétion pour ne pas attirer l'attention sur Wilds plus que nécessaire. À l'intérieur de la cellule, l'agent avait caché une arme à feux, un téléphone portable, ainsi qu'un émetteur radio qui lui permettait de communiquer avec son supérieur et de faire ses rapports de mission. Le Californien avait dû jurer de n'en parler à personne sous peine de compromettre la mission et de mettre leur vie en danger.
Isaac l'avait regardé faire, silencieux. Puis, il lui avait suggéré de laisser pousser sa barbe et de la couper avec moins de précision. Pour avoir l'air d'un vrai prisonnier, il devait avoir une apparence un peu plus débraillée. Wilds avait rit et l'avait bien pris, promettant d'adopter un look plus « ours des cavernes » (comme il avait lui-même employé l'expression) dans les prochains jours.
Ensuite, il lui avait expliqué tout ce qu'il devait savoir sur les différents groupes à l'intérieur de la prison : les Italiens, les bikers, les Aryens et les Afro-Américains. Il lui parla de Chaz, de Taylor, de Ronaldo et de Wayne. Wilds disait que toutes les informations dont il se souvenait sur chaque individu pourraient s'avérer utiles.
Contre toute attente, l'agent s'avéra être un type sympa. Même si sa mission restait sa priorité, il était capable de se relâcher et de blaguer. C'était facile d'être en prison quand on avait la certitude d'en sortir.
À la cantine, Isaac vit que Johnsson avait l'air de reluquer l'agent. Après tout, c'était dans sa nature de s'en prendre aux nouveaux pendant qu'ils étaient encore faible. Pourtant, Johnsson fut forcé de renoncer, car Wilds n'avait rien des petits nouveaux ordinaires... Avec sa barbe et sa carrure militaire, il ne s'en laissait pas imposer. Il avait cette apparence un peu négligée qu'on prêterait à un auteur ne sortant jamais de chez-lui, traqué par le syndrome de la page blanche et dépendant aux cigarettes. Il n'avait pas l'air commode. Ce n'était pas le genre de mec qui vous donnait envie d'approcher.
À ses côtés, Isaac se sentait un peu plus confiant.
Plus loin, à sa table, entouré de sa clique, Chaz observait le nouveau d'un air mauvais.
— C'est qui, lui ? demanda Tiger en passant la main sur son crâne rasé.
Chaz secoua la tête.
— Je ne sais pas, mais je ne l'aime déjà pas.
Il comprenait le départ d'Isaac, mais ne l'acceptait pas, Son poing se serra imperceptiblement sous la table. Il s'en voulait à mort. Sa prise de conscience paraissait lui avoir fait prendre dix ans de plus. Des cernes dues à la nuit passée à se retourner et se retourner sur sa couchette s'étaient creusées sous ses yeux, le rendant d'autant plus effrayant.
Il avait su dès le départ qu'il irait en prison pour ce qu'il avait fait. L'État avait toutes les charges contre lui. Il y avait eu tellement de chefs d'accusation à son encontre qu'il ne se souvenait pas du nombre. Il y avait son crime, le plus important, mais ses activités en tant que chef de gang l'avaient bien aidé à gagner sa perpétuité... Pour avoir eu de la famille et des amis enfermés avant lui, il n'était pas dupe sur le fonctionnement de la prison. Il y avait pénétré en connaissant ses règles et ses codes, en sachant qu'il se hisserait au sommet. C'était le seul moyen de survivre et de s'attribuer un peu de confort.
Il avait toujours évolué parmi le pire de la société. Déjà gosse, il fréquentait la rue, ses quartiers malfamés, ses ruelles sombres et les gens qui valait mieux ne pas approcher. Il était parti avec l'idée déjà toute faite que, en prison, il n'y avait que des enflures. Ils méritaient tous d'avoir échoués ici. Il tenait tout le monde pour responsable d'un crime horrible, d'une atrocité, comme ce qui l'avait lui-même conduit derrière les barreaux. En partant de ce principe, il avait pris pour slogan de ne jamais avoir de remords ou de pitié pour personne. Il ne regrettait ni les coups, ni les insultes, ni tout ce qu'il avait dû faire pour en arriver là où il en était. Il prenait ce qu'il voulait quand il le voulait et tant pis pour les conséquences. C'était la loi de la jungle. Il s'en était convaincu, avait forgé une solide carapace et annihiler son humanité parce que c'était plus facile comme ça.
Avec Isaac... ça avait été pareil. Il n'avait rien vu, il était resté aveugle au mal qu'il faisait jusqu'à la prise de conscience qui l'avait frappé. Isaac avait la même innocence que sa sœur, il n'était pas comme les autres prisonniers. Il ne l'avait pas mérité...
Quand il regardait Isaac, il voyait sa sœur. Qu'il ait changé de cellule en catimini durant la nuit l'agaçait. Dorénavant, il ne pourrait plus le surveiller comme il en avait pris l'habitude. Il détestait que l'on lui retire son jouet.
Isaac se plaça en file pour prendre un cabaret, Wilds derrière lui. Une fois qu'ils furent servis. Ils se tinrent face à la grande cafétéria, véritable champ de mines. Pourtant, les choses avaient changées. Isaac ne s'y sentait plus totalement étranger. Il se tourna vers l'agent sous couverture et lui expliqua avec assurance :
— Il ne faut pas que tu t'assoies avec les blacks, il faut toujours que tu t'assois à une table de blancs.
VOUS LISEZ
Entre les barres
ActionAprès s'être fait arrêter avec deux kilos de cocaïne, Isaac est placé en détention à la prison de West Island. Il doit partager sa cellule avec un dénommé Chaz qui se trouve être le chef des prisonniers à l'intérieur de l'établissement carcéral. Isa...