Chapitre 52

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Publication ralentie par ma fin de session et les lourds travaux s'ensuivant, mais reprise régulière cet été.

Chapitre 52.

« Je suis désolé, Chaz, je ne peux vraiment pas remettre Isaac dans ta cellule, ça saboterait toute l'enquête. Or, si tu patientes un peu, Wilds partira et, seulement alors, Isaac sera re transférable. »

Depuis qu'il avait reçu ce refus définitif de Grayson, Chaz tournait en rond dans sa cellule comme un lion en cage. Il était furieux et agacé. C'était la première fois que le directeur lui tenait tête de cette façon depuis qu'il avait percé à jour sa relation secrète avec Ronaldo. L'homme allait s'en mordre les doigts ! Chaz obtenait toujours ce qu'il voulait.

En réalité, Grayson avait joué quitte ou double sur le coup. Il s'était dit que Wilds trouverait sans doute le Baron de la drogue d'un jour à l'autre. Alors, tout serait fini et il ne serait pas obligé de transférer Isaac, puisque ce dernier obtiendrait sa sortie conditionnelle avec sa remise de peine. Il trouverait le moyen de gérer Chaz autrement... Pour une fois, il devait agir en véritable directeur.

Frustré, Chaz sortit de sa cellule pour se dégourdir les jambes. Il irait au gymnase ; ça lui ferait du bien. Il pensait que rien ne pourrait plus l'énerver jusqu'à ce qu'il croise Isaac qui sortait tout juste de la cellule de Wayne. Ils tombèrent face à face.

L'Afro-américain, toujours rancunier envers son ancien codétenu allait l'ignorer, lorsque Isaac lui adressa la parole le premier :

— Tu fais passer tes messages par ta sœur, maintenant ? Même si ce n'était pas le cas, j'aimerais bien que tu lui dises de ne plus chercher à me contacter.

Chaz resta coi. Il fronça les sourcils, puis cligna des yeux.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? aboya-t-il.

Il devenait sensible dès que ça concernait Brianna.

— Elle m'a envoyé une lettre et je préférerais ne pas en recevoir d'autres. On est adultes, non ? Je pense qu'on n'a pas besoin de ta petite sœur pour régler nos conflits.

— Où est cette lettre ?

— Je m'en suis débarrassée.

Chaz bouillonnait. Sans se contrôler, pris d'un élan de colère, il attrapa Isaac par le collet et le plaqua contre le mur.

— Qu'as-tu dit ? vociféra-t-il, son visage tout près de celui de son interlocuteur.

Isaac détourna la tête en grimaçant.

— Tu vas encore me brutaliser longtemps, comme ça ? Je fais ce que je veux avec mon courrier, Chaz, c'est personnel.

Ils s'affrontèrent du regard pendant quelques secondes, puis l'Afro-américain relâcha un peu sa prise sur le Californien.

— Ma sœur est tout ce qu'il me reste, se contenta-t-il de dire, et toi... toi, tu jettes une de ses lettres.

Brianna avait pris de son temps pour écrire personnellement à ce petit con d'Isaac (Chaz savait bien qu'il n'aurait jamais dû mentionner son prénom devant elle) et, lui, il s'en débarrassait ! Chaz chérissait chacune des lettres qu'il recevait de sa sœur. Parfois, elle les parfumait et l'odeur restait accrochée au papier pendant plusieurs jours. C'était le meilleur. Avait-elle parfumé la lettre envoyée à Isaac ? Il se rendit compte qu'il tremblait. Son vis-à-vis le dévisagea.

— Tu n'aurais pas aimé ce qu'elle avait à dire.

— Ce n'était pas à toi d'en décider.

Chaz se recula en prenant une grande inspiration. Isaac allait partir sans rien dire de plus, mais... le visage de l'Afro-américain lui serra le cœur. Il se sentait idiot. Cet l'homme l'avait violé, envoyé à l'infirmerie et menacé à de multiple reprises... Il avait dû refouler toute cette souffrance pour survivre et garder sa santé mentale, mais ça n'excusait rien. Il ne devrait pas avoir de la compassion pour un tel personnage, mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser à tout ce qu'il avait sacrifié pour sa sœur. Alors, même si Chaz était un salaud de première, il se mordit la lèvre, puis finit par dire :

— Ta sœur t'aime.

Chaz se figea.

— Évidemment..., murmura-t-il.

Mais l'entendre à voix haut, ça faisait du bien. Qu'elle l'ait dit à Isaac le surprenait, cependant. Sans même le connaître, Brianna semblait avoir placé une part de sa confiance sur le Californien. C'était drôle, venant d'une fille de Detroit. Mais Isaac traînait avec Wayne et il était dans les pattes de Wilds. Chaz ne pouvait plus le protéger. Du moins, plus comme avant. En plus, leur marché ne tenait plus. Brianna paraissait croire que sa rédemption tenait en la personne d'Isaac, mais parti comme il l'était, le brun ne passerait pas l'année... Ses sentiments étaient partagés. Il ne savait pas quoi faire concernant Isaac, hormis le fait que le jeune homme devait retourner partager sa cellule avec lui pour qu'il puisse garder un œil sur sa personne. Il repensa à la réponse de Grayson et serra les poings.

— Si ma sœur t'envoie autre chose et que tu n'en veux pas : donne-les-moi, la prochaine fois, conseilla-t-il finalement.

Ils se regardèrent encore quelques secondes. Le moment était étrange. Puis, Isaac hocha la tête et s'éloigna. Chaz le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il soit hors de vue. Seul, il plissa les yeux et crispa la mâchoire. D'un pas décidé, il s'engouffra dans la cellule que le Californien venait de quitter et dont la porte était toujours ouverte.

— Wayne, on doit parler.

Le blond se retourna pour lui faire face, puis un lent sourire éclaira ses traits, un sourire calculateur et victorieux.

— Tu viens enfin me rendre visite.

Chaz eut un rictus.

— Ne te réjouis pas trop vite. Je suis venu parce que nous avons certains intérêts en communs et que j'ai des informations qui t'intéresseront sûrement.

Wayne fourra son briquet dans sa poche, satisfait.

— Je suis tout ouïe. 

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