Chapitre 68

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J'ai écrit cette histoire pour écrire cette scène. J'y ai rêvé et pensé tellement de fois et, enfin, nous y sommes.

Chapitre 68.

Isaac, Wilds sur ses talons, arriva juste à temps devant la porte entrouverte de la cellule de Chaz pour entendre un cri sourd et voir Wayne s'extirper d'un épais nuage de fumée, du sang sur les mains, une blessure à la joue et au bras. Le blond se tourna vers les visiteurs inattendus avec un sourire carnassier et le regard fou.

— Oh, je ne vous attendais pas, mais c'est bien que vous soyez là : vous allez pouvoir assister au spectacle.

Isaac frémit du bout des orteils jusqu'au bout des doigts.

— C'est toi qui as foutu le feu, Wayne ? demanda-t-il avec la peur de déjà connaître la réponse.

— Un plan brillant, n'est-ce pas ? Si seulement tu avais accepté de m'aider et de t'enfuir avec moi, nous n'en serions pas là, mais par ta seule et unique faute, tu me contrains à devoir t'éliminer aussi. Tu iras rejoindre Chaz.

— Chaz ?! Où est-il ?

Isaac n'y voyait rien dans toute cette fumée. En plus, ça lui piquait les yeux et la gorge. En tendant l'oreille, il perçut néanmoins un grognement sourd et étouffé provenir du fond de la cellule, un râlement.

— Il brûle dans les flammes de l'Enfer ! ricana Wayne en dégainant la lame de rasoir ensanglantée. Et tu vas le rejoindre bientôt !

Le blond se jeta sur Isaac, mais avec son bras affaibli et sa plus longue exposition à la fumée, le Californien fut capable d'être plus rapide. Il se souvint des enseignements de Wilds et coinça le bras blessé de Wayne dans son dos, lui arrachant un grand cri de douleur.

— Je ne tiendrai pas longtemps ! s'exclama Isaac par-dessus le bruit assourdissant de l'alarme tout en serrant autant les dents que sa clef de bras, tandis que sa victime se débattait en poussant des hurlements à réveiller les morts. Wilds !

Soudainement, Wayne parvint à lui donner un coup de pied dans le tibia qui lui fit lâcher prise. Le blond lui jeta un regard mauvais, puis il prit la fuite à la vitesse de l'éclair en se tenant le bras de sa main libre : il n'avait plus de temps, il devait s'évader avant qu'il ne soit trop tard.

— Merde ! siffla Isaac en sentant la douleur résonner tout le long de sa jambe. Wilds, il faut que tu le rattrapes ! Je m'occupe de Chaz !

L'agent du FBI ne se le fit pas dire deux fois. Il tourna les talons et se mit à courser Wayne. C'était leur seule chance de le rattraper avant qu'il ne soit trop tard.

De son côté, essayant de chasser un peu la boucane de sa main, Isaac s'avança dans la cellule en toussant bruyamment. Il avait l'impression d'avoir avalé un gros cactus et de ne pas avoir bu d'eau depuis trois jours.

— Chaz, réussit-il à appeler d'une voix quelque peu rauque.

À force d'avancer – la cellule n'était pas très grande – il finit par distinguer une silhouette noire au sol. Il s'agenouilla auprès d'elle.

— Chaz, répéta-t-il.

L'homme ouvrit les yeux, les lèvres serrées. Son corps était marqué par plusieurs brûlures et sa main droite couvrait une blessure à son torse.

— Isaac..., murmura-t-il difficilement, mon ange...

Le Californien se figea un instant, surpris. Voilà que Chaz divaguait : les choses devaient être sérieuses. Sa blessure avait l'air assez profonde et le sang coulait abondamment.

— Ne dis rien, ordonna-t-il, économise tes forces, je vais te sortir de là.

— Les lettres... Bri... Brianna...

L'Afro-américain souleva sa main gauche en désignant une armoire. Isaac prit un certain temps pour comprendre ce que voulait Chaz. Les lettres, le courriel en provenance de sa sœur. Les flammes n'avaient pas encore atteint l'armoire. Ils pouvaient encore les sauver ! Vu comment le jeune homme avait péter un plomb quand il avait appris qu'Isaac avait brûlé volontairement une seule de ses lettres, il valait mieux empêcher qu'elles ne brûlent toutes. Le brun se leva, laissant Chaz seul quelques minutes et lutta quelques instants avec la porte de l'armoire qui restait coincée, le cœur battant à toute rompt. Quand il réussit à l'ouvrir, il lui sembla que les flammes, dans la poubelle, avait doublé de volume et qu'elles se répandaient désormais dans toute la pièce. Il s'empressa de cacher les lettres dans son pantalon, puis revint auprès de son ancien codétenu.

— Allez, accroche-toi à moi, je suis sûr que tu peux marcher.

Il passa son bras sous les aisselles de Chaz, puis l'aida péniblement à se redresser L'homme ne se plaignait pas, mais la douleur était clairement visible sur chacun de ses traits. Les grognements rauques et secs qu'il produisait parfois pour étouffer ses cris en étaient les témoins. Le brun commençait lui aussi à fatiguer de part la fumée et la chaleur intense qui faisait perler des gouttes de sueur sur leur fronts, mais la volonté d'Isaac était plus forte. Usant de toute sa force, il traîna Chaz en-dehors de la cellule.

C'était déjà ça, mais ils étaient encore loin d'être sauvés... 

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