Chapitre 59

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Chapitre 59.

Chaz tenta de placer un mot, mais Isaac avait déjà poussé la porte de la cellule pour voler à la rescousse de Wilds. Au même moment, il vit Wayne et le policier en train de traverse le couloir, de grands sourires aux lèvres, papotant comme si de rien n'était.

— Oh, Isaac ! s'exclama Wayne en le voyant.

Les deux hommes s'arrêtèrent sur leur passage, puis Chaz sortit de sa cellule derrière Isaac qui était figé sur place.

Le Californien ne savait pas quoi dire. Il ne pouvait pas parler tant et aussi longtemps que Wayne était présent. Et avant d'informer Wilds de l'identité cachée du blond, il devait s'assurer que Chaz ne lui avait pas menti. Il aurait pu lui dire cela simplement pour mieux l'éloigner de Wayne. Comment aborder le sujet avec le principal intéressé ? Pouvait-il arriver et lui demander directement s'il était le baron ? Avait-ce une chance de fonctionner de cette façon ?

— De quoi avez-vous parlé pendant tout ce temps ? demanda Isaac, nerveux.

Le blond haussa les épaules.

— Oh, tu sais, de tout et de rien...

En réalité, Wayne s'était servi de ces précieuses minutes pour laisser croire à Wilds qu'il était parvenu à gagner sa confiance. Il lui avait fait quelques confidences sans importance pour bien marquer le coup.

— Et vous ? ajouta le motard.

Isaac se mordit la lèvre.

— Nous avions des choses à régler..., répondit-il avec prudence.

— Nous avons prévu de passer la journée de demain ensembles, en fait, le coupa Chaz.

Le Californien jeta un rapide regard à l'Afro-américain.

— Quoi ?

— Oh, super. Ça tombe bien, car j'ai prévu la même chose avec Wayne, répliqua Wilds, et je dois aussi passer voir Ronaldo au salon.

Isaac devint livide. Les astres se liguaient contre lui. Sans Wilds (supposé le protéger), il valait toujours mieux être avec Chaz qu'être laissé seul à lui-même au beau milieu de la jungle qu'était West Island. Il n'avait plus trop le choix : il devrait passer toute la journée avec Chaz ou tenter de lui échapper, mais si tous ces amis faisaient autre chose... ça risquait d'être compliqué. Il imaginait très bien l'Afro-américain venir le chercher par la peau du cou dès le matin.

— Bon, alors tout est réglé, déclara Wayne avec un large sourire. On se voit demain soir !

Le blond agita la main, puis tourna les talons pour se diriger vers sa propre cellule. Wilds hésita un moment, mais il crut bon de partir également, non pas pours suivre le blond, mais pour laisser Isaac et Chaz seuls. Il ignorait tout ce qui se tramait entre ces deux-là, mais ils semblaient avoir besoin d'un peu d'intimité.

— Ne fais pas cette tête-là, Isaac, se moqua pratiquement Chaz en roulant les yeux. Une journée avec moi ne te tuera pas. Je veux te prouver que tu peux me faire confiance.

Chaz savait que ce serait ardu et qu'il ne récupérerait pas la confiance d'Isaac en un claquement de doigts, mais comment pouvait-il avoir une deuxième chance s'ils ne passaient jamais de temps ensembles ? Et il savait que son ancien codétenu n'allait jamais le proposer de lui-même, donc il préférait s'imposer.

— Alors tu en as pour longtemps, répliqua Isaac en fronçant les sourcils, je ne suis pas du tout prêt à te faire confiance.

Même quant à l'identité de Wayne, il avait des doutes... Isaac avait fini par comprendre que tout le monde excellait dans l'art de la manipulation au sein de West Island, alors de quelle façon pouvait-il accorder sa confiance ?

— Pourtant, tu le devras... si tu veux survivre, du moins... Avec Wayne et Wilds, tu t'es mis dans de sales draps. Tu verras, je serai bientôt la seule personne vers qui tu pourras te tourner.

Le Californien serra le poing et crispa la mâchoire. Il était énervé parce qu'il pressentait une pointe de vérité dans les paroles de Chaz.

— Il y a encore Ronaldo et Grayson.

— Tu crois vraiment que l'administration va sauver ton cul ? Grayson me mange dans la main, moi, un détenu ! Enfin, ça n'a pas beaucoup d'importance... sache seulement que, quand tu en auras besoin, je serai là.

— Je ne mangerai pas dans ta main comme Grayson !

Si c'était ce que Chaz s'imaginait, il se trompait !

L'Afro-américain haussa les épaules avec une certaine nonchalance.

— Bonne nuit, Isaac, dit-il simplement sans répliquer quoique ce soit d'autre. On se voit demain, je passerai te chercher dès l'ouverture des portes.

Impuissant, le Californien observa son ancien codétenu tourner les talons, puis s'enfermer dans sa cellule en claquant la porte. Défaitiste, Isaac décida de rejoindre Wilds, appréhendant l'interrogatoire qui allait sans doute suivre. Il n'avait pas envie de parler de sa relation avec Chaz pour le moment. Au moins, il allait pouvoir en profiter pour lui livrer la théorie à propos de la double-identité de Wayne. Wilds serait sûrement plus apte que lui à mener l'enquête (après tout, c'était son job) pour valider ou infirmer cette option. Après tout, c'était bien la seule qu'ils avaient pour le moment.

— Alors, ça s'est bien passé avec Chaz ? lui demanda l'agent du FBI quand il entra dans sa cellule.

Eh voilà, c'était commencé !

— Je n'ai pas envie de parler de ça, désolé...

— Ce n'est pas très grave. C'est privé, je peux comprendre. Ce n'est pas toujours évident de gérer les relations amoureuses en prison sans se faire remarquer des gardiens.

Isaac manqua de s'étouffer violemment.

— « Relations amoureuses » ? releva-t-il.

— Ce n'est pas ce que tu as avec Chaz ? J'aurais crû vu toutes les fois où vous vous croisez, tous les cadeaux qu'il t'offre et cette manière qu'il a de toujours te tenir à l'œil et d'éloigner quiconque s'approcherait d'un peu trop près.

— Oh... non... nous n'avons pas ce genre de relation... sinon, je n'aurais pas couché avec toi. Je ne suis pas ce genre de gars.

En soit, l'idée était tout simplement insensée ! Isaac devait constamment se souvenir que Wilds n'était pas au courant de toute l'histoire pour éviter de sauter un plomb !

— J'aurais juré pourtant. Je pensais que c'était pour ça que tu ne voulais pas trop parler de lui. J'ai cru que tu voulais garder ça secret. Enfin, si ce n'est pas ça, toutes mes excuses !

Même Wilds paraissaient embarrassé d'avoir confondu.

— Sinon..., rajouta-t-il après s'être raclé la gorge, tu as des choses à m'apprendre ?

— Oui. Chaz m'a dit des trucs à propos de Wayne...

Il capta instantanément l'attention de son interlocuteur.

— Dis-moi en plus.

Il se mit alors à répéter tout ce que Chaz lui avait dit à propos de Wayne et il conclut en disant :

— Mais je ne sais pas quoi en penser.

— Ce n'est pas grave. C'est une piste précieuse. Je savais bien que Wayne n'était pas net ! Je vais continuer de mener l'enquête sur lui et je finirai bien par découvrir le pot aux roses. Il pourrait très bien être celui que je suis venu chercher.

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