Chapitre 44

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Chapitre 44.

Après quelques jours (au moins, pour sauver les apparences), Wilds obtint ce qu'il voulait et Chaz fut remis en circulation dans la population carcérale générale, récupérant sa cellule et tous ses privilèges. Isaac se décida à aller le voir, tandis qu'il était dans leur ancienne cellule. Il cogna.

— Je peux entrer ?

Chaz vint lui ouvrir et, sans un mot, il se détourna et retourna s'asseoir sur sa couchette. Le Californien prit une grande inspiration. La pièce lui était familière... rien n'avait changé si ce n'était que de ses affaires qui avaient disparues. Il fut incapable d'empêcher son regard de glisser sur le lit vide. Cela lui rappelait tellement de mauvais souvenirs... Il déglutit.

— Tu t'es battu ?

Les poings de l'Afro-américain se fermèrent sur ses cuisses – ses os craquèrent presque imperceptiblement – et Isaac remarqua les jointures rougies et abîmées.

— Je ne veux pas que l'on se batte pour moi, rajouta le brun.

Il pouvait difficilement cacher son soulagement de savoir Johnsson loin de lui et de West Island, mais il n'avait pas envie d'avoir des morts ou davantage de blessés sur la conscience.

— Ne joue pas à la vierge effrayée, finit par dire Chaz avec un rictus après un long silence, tu sais qu'il le méritait. Je ne sais pas de quoi tu viens te plaindre. Tu devrais être en train de faire la fête.

Isaac crispa la mâchoire. Chaz était parfaitement insensible et froid. Le Californien ferma les poings.

— Je suis venu t'annoncer que c'était la fin de notre marché. Comme ça, tu ne te sentiras plus forcé de « prendre ma défense ». Alors, ne te mêle plus de ma vie, d'accord ?

Être près de Chaz ne lui avait apporté que des problèmes jusqu'à maintenant. Il était temps de s'affranchir pour de bon. Il s'était même attendu à ce que l'homme lui saute dessus, parcourut d'une colère sourde, voire qu'il le viole une fois de plus, mais il n'en fut rien...

Son interlocuteur ne répondit pas tout de suite, mais il secoua la tête en grimaçant.

— Tu es en train de commettre ta plus grande erreur, finit-il par dire.

Isaac sentit la colère glisser dans ses veines et cela le conforta dans sa décision.

— Eh bien, nous verrons ! déclara-t-il fermement avant de partir non sans claquer la porte.

Toute cette histoire l'énervait.

***

— Sale journée ? lui demanda Wilds quand, le soir, après sa journée au salon de coiffure, il fut de retour.

Isaac pinça les lèvres et se frotta le visage.

— J'ai l'air si pire que ça ?

— Tu as une sale mine.

— Ça va aller... juste... j'ai parlé à Chaz et ça m'a énervé.

L'agent était toute ouïe.

— Il sait que c'est moi qui l'ai fait sortir ?

— Je ne crois pas.

Wilds parut pensif. Ce serait une bonne chose que Chaz l'apprenne d'une façon ou d'une autre. Ça faciliterait le gain de sa confiance. Ainsi, il pourrait amadouer l'homme.

— Qu'est-ce qui t'a énervé ?

— Rien d'important. Ce mec est juste un connard. Je comprends pourquoi il est en prison. Je regrette tellement de choses !

Il avait toujours su que Chaz était dangereux et qu'il était un criminel, mais savoir ce qu'il avait fait à Johnsson... Ça ne faisait que rendre tout ça plus réel. Et il était dégoûté d'avoir passé un pacte avec lui, d'avoir laissé cet homme le toucher et le baiser.

— Je suis désolé pour toi, je peux deviner à quel point la prison peut être difficile et tu n'as pas vraiment le profil type des mecs que l'on retrouve ici...

— Ça ne veut pas dire que je suis un Saint non plus. Je ne veux pas avoir cette image ou je vais me faire dévorer dans l'arène.

Ça, il l'avait bien compris. Depuis les premiers jours, à vrai dire. Les mecs trop faibles étaient mangés par les mecs comme Chaz. Et il ne voulait plus être la proie.

— Je jure que tes arrières sont saufs avec moi. Je ferai ce que je peux pour améliorer tes conditions ici. J'en glisserai quelques mots à Grayson.

Isaac n'y croyait pas, mais il hocha quand même la tête. De toute manière, avec la liberté conditionnelle et un peu de chance, il pourrait être bientôt dehors.

Ainsi, le lendemain, Isaac trouva trois paquets de soupe posés sur sa couchette. 

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