Chapitre 26

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Chapitre 26.

Les paroles de Ronaldo n'entrèrent pas dans l'oreille d'un sourd. Isaac enregistra ce que lui dit le coiffeur, même s'il ne se sentait toujours pas prêt à aller plus loin qu'une pipe. Mais... serait-il prêt un jour ? Chaz s'impatientait de jour en jour et il ignorait combien de temps il parviendrait encore à faire attendre l'homme... Et... Il y avait ce foutu marché. Il serait dans la mouise si son codétenu décidait de tout annuler parce qu'il n'obtenait pas ce qu'il voulait. Dans ce cas-là, Isaac n'avait aucun doute sur le fait que Chaz prendrait ce qu'il voulait de toute façon et que, de l'autre côté, Johnsson et sa bande en profiterait pour revenir à l'assaut, probablement frustrés de ne pas avoir pu accomplir l'entièreté de leur dessein la dernière fois. Isaac tremblait rien qu'en y pensant. Le temps jouait en sa défaveur.

Il se rendit à l'évidence qu'il n'avait pas le choix.

Le soir même, de retour dans sa cellule après sa journée de travail, Isaac attendit Chaz de pied ferme. Quand l'homme finit par arriver, juste un peu avant la fermeture des portes, le Californien le fixa du regard, silencieux, mais décidé.

— Qu'est-ce que tu as ? lui demanda Chaz en haussant les sourcils. Tu as avalé ta langue ?

Isaac se mordit la lèvre inférieure. Il repensait aux conseils de Ronaldo. Il devait prendre le contrôle sur la situation et ne pas laisser Chaz le mettre au tapis. Or, c'était... bien plus difficile à faire qu'à dire... Le brun ne parvenait pas à bouger ou à se convaincre de le faire. Ses pieds étaient comme pris dans un ciment invisible.

— Tu t'es changé ? rajouta son codétenu en faisant passer son haut au-dessus de sa tête.

Le Californien hocha la tête.

— Oui..., réussit-il à formuler du bout des lèvres.

Chaz plissa les yeux.

— Je t'ai dit, hier, que ça ne servait à rien de remettre des vêtements pour aller dormir. Tu ne peux même plus utiliser l'excuse du froid...

Isaac se demanda brièvement si son codétenu avait l'intention de lui ouvrir à nouveau son lit ce soir.

— Je me sens mieux lorsque je suis habillé, trouva-t-il à répondre.

— Dans ce cas, ton cul a de la chance que j'aime arracher tes vêtements.

Le brun frissonna des pieds à la tête. Les paroles remplies de sous-entendus à peine voilées de Chaz ne le rassuraient en rien. Isaac n'ignorait pas que Chaz ne pouvait pas savoir à propos de son agression, à propos de Johnsson, mais malgré tout, il en voulait à l'homme de parler de manière aussi crue... Il se figea, sa bonne volonté s'évaporant d'un seul coup.

— J'ai envie de plus qu'une pipe, ce soir, rajouta-t-il en soutenant avec intensité le regard d'Isaac, j'ai envie de réclamer ma part du marché. Qu'en dis-tu ?

— Comme si je pouvais y redire quelque chose...

Tu es celui qui a proposé cet... arrangement.

— Je n'avais pas le choix...

— On a toujours le choix.

Oui, le choix entre se faire violer par Johnsson et sa bande ou par Chaz, son codétenu, songea-t-il avec un rictus amer. Autant lui demander de choisir entre deux Enfers !

— C'est d'accord, finit-il par murmurer, se résignant lui-même. Si tu veux plus que la pipe, je parle...

Chaz leva les yeux.

— Comme si j'avais besoin de quelque chose d'aussi futile qu'un « accord » ! se moqua-t-il en se plantant devant Isaac.

— C'est quand même mieux, non ? C'est ce que j'avais promis : un partenaire consentant.

Et l'Afro-américain était entièrement en droit de venir réclamer son dû. Isaac prit une grande inspiration, se convainquant qu'il devait agir maintenant ou jamais. Il devait être le premier à initier un mouvement s'il voulait mettre en application les conseils de Ronaldo.

Alors, brusquement, il se releva sur ses deux pieds et se retrouva nez-à-nez avec Chaz. Leur visage n'était plus qu'à quelques millimètres l'un de l'autre. Le Californien rassembla une dernière once de courage, puis ses lèvres se pressèrent sur celles de son codétenu, dont les yeux s'écarquillèrent sous la surprise.

Ils avaient eu du sexe à de multiples reprises déjà, mais jamais de baiser. Pourtant, Chaz répondit à l'embrassade. Le ballet auquel se livrait leur langue comportait un sous-entendu implicite : pour s'embrasser, il n'était plus question pour Isaac de faire dos à l'homme. Il allait prendre le contrôle.

Et Chaz en redemanderait.

 Enfin, s'il ne se dégonflait pas avant... 

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