Chapitre 23

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Chapitre 23.

Suite à son après-midi de travail, Isaac fut reconduit dans sa cellule pour le coucher. Fixant la porte, Chaz l'y attendait déjà, torse nu. Le brun avait quelques appréhensions, mais il pénétra dans la petite pièce la tête haute. Il n'y avait pas moyen qu'il puisse laisser son codétenu entrevoir qu'il l'intimidait et que sa seule présence suffisait à lui donner des crampes à l'estomac.

Exténué par son boulot au salon de coiffure, il se laissa tomber sur sa couchette.

— Change-toi, se contenta de lui dire l'Afro-américain, tu es plein de cheveux et je ne veux pas que tu en mettes partout dans la piaule.

Ah oui, c'était le lot de bosser dans ce genre d'endroit. Isaac avait l'impression d'avoir des poils partout incrustés dans ses vêtements ! Même s'il était épuisé, lui aussi, ne demandait qu'à se changer. Soupirant, il se releva et fouilla dans sa petite armoire pour prendre un nouveau pantalon de survêtement orange ainsi qu'un haut de la même couleur. Encore quelques temps et, comme Chaz et les autres, il aurait le droit de porter des vêtements civils. Il devait avouer que ses jeans et T-shirt lui manquaient.

Hésitant, il attrapa le bas de son haut, tripotant le tissu entre ses doigts. À vrai dire, même s'il savait la situation inévitable, il était nerveux à l'idée de se changer devant Chaz. Pourtant, il n'y avait nulle part où se cacher et la porte de la cellule était déjà verrouillée pour la nuit. Il ne pouvait pas fuir. Prenant une brusque inspiration, il retira le haut de son uniforme de prisonnier d'un seul coup, le jetant dans le petit panier qui destinait les vêtements au lavage. Il pouvait presque sentir le regard brûlant de Chaz sur sa nuque, puis descendre le long de son dos... Isaac n'osa pas se retourner et y faire face, de peur de ce qu'il y découvrirait.

— Tu joues à la Sainte-Nitouche ? se moqua son codétenu, assis sur sa couchette, le dos contre le mur.

Les joues d'Isaac rosirent d'embarras – d'avoir été découvert – et de colère.

— Je n'ai pas envie de te faire un strip-tease.

Amusé, Chaz arqua un sourcil.

— Un strip-tease ? En voilà une bonne idée. Pourquoi tu ne te tournerais pas, que je regarde un peu ce que tu as à offrir ?

Les doigts du Californien se raidirent sur l'élastique de son pantalon.

— Tu m'as déjà vu nu, ça ne servirait à rien.

Justement, tu n'as pas besoin d'être pudique avec moi.

— Je ne suis pas d'humeur à me donner en spectacle.

— Ça n'a rien à voir avec ton « humeur », est-ce que tu serais devenu une nana le jour de ses règles ?

Piqué au vif, Isaac s'énerva et se retourna pour faire face au regard inquisiteur de son codétenu.

— Ça n'a rien à voir, je... –

Il se stoppa net quand il réalisa que Chaz le matait outrageusement.

— Voilà qui est bien mieux, commenta l'intéressé qui s'était rapproché du bord de sa couchette. Tu ne serais pas en train d'oublier un peu le marché, là, Isaac ?

Le brun se mordit la lèvre.

Maintenant ?

Déjà ? Chaz voulait déjà du sexe ? Alors qu'il l'avait sucé plus tôt dans la journée ? Ce mec était-il donc insatiable...

— Tu peux te contenter du strip-tease, aujourd'hui, mais si tu refuses de te déshabiller tout seul, il va falloir que je te donne un coup de main et je ne peux pas garantir ce qui adviendra ensuite...

Il crispa la mâchoire et répliqua entre ses dents serrées :

— Très bien. Va pour le strip-tease.

Ce n'était pas la fin du monde, si ? En plus, il avait déjà retiré son haut. La moitié du travail était fait. Depuis le début de son incarcération, Dieu savait qu'il y avait eu bien pire qu'une petite danse coquine.

— Vas-y, je te regarde, l'encouragea Chaz en se mettant à son aise, prêt à assister à son spectacle privé.

Isaac prit son courage à deux mains. Il se plaça entre leur deux couchettes, face à Chaz et attrapa l'élastique de son pantalon de survêtement. Il joua avec, le fit claquer contre sa peau avant de descendre le vêtement avec une lenteur excessive sur ses cuisses bronzées par le soleil de la Californie. L'Afro-américain paraissait apprécier ce qu'il voyait, le redécouvrir même.

— Si j'avais des billets sur moi, je te les jetterais, commenta-t-il en suivant la trajectoire du pantalon des yeux avec avidité.

Une fois débarrassé de ce premier vêtement, Issac se retrouva en boxer devant son codétenu. L'étape la plus compliqué pour lui s'amorçait. Néanmoins décidé à en finir au plus vite, il se retourna, se pencha et ôta le sous-vêtement en pointant son cul dans la direction appréciative de Chaz. Ce dernier ne se gêna pas pour lui donner une petite claque sur les fesses, histoire de souligner la finale. Sursautant sur la morsure piquante du coup, Isaac se retourna, portant par une réflexe une main à son postérieur. Chaz ricanait de sa réaction.

— Bon, aller, c'est tout pour ce soir, le show est fini, annonça-t-il en reprenant les vêtements propres qu'il avait précédemment sortis pour se rhabiller.

Il enfila le boxer sous le regard intrigué de son codétenu.

— Quoi ? finit-il par lui demander sèchement, trouvant désagréable cette impression d'être jugé tandis qu'il se vêtait.

— Quel homme s'habille pour dormir ? rétorqua son observateur, déjà allongé sous les douillettes, son jean traînant un peu plus loin.

Isaac allait lui répondre quelque chose d'épicé dans le genre « ceux qui ne veulent pas se faire violer durant la nuit », mais il opta au final pour une réponse plus « douce » toute en demeurant accusatrice. De toute manière, les vêtements n'avaient jamais été ce qui avait stoppé Chaz d'en arriver à ses fins... Il était bien placé pour le savoir.

— Ceux qui ont froid et qui grelottent toute la nuit parce que la prison ne leur fourni qu'un mince petit drap de pacotille pour se couvrir et que leur codétenu a repris la seule gentillesse faite en plusieurs semaines d'incarcération.

Isaac avisa la couverture que Chaz lui avait jadis prêtée, mais qu'il avait depuis reprise, jugeant sans doute que le brun le méritait après les jours d'isolement.

C'est alors que Chaz fit une chose qui le surprit et à laquelle il ne s'attendait pas du tout. Silencieux, l'homme grimaça (comme ennuyé), roula contre le mur sur sa couchette et souleva une partie de ses draps, tapotant d'une main la place à côté de lui.     

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