Épilogue

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Épilogue.

Chaz se tenait, de l'eau jusqu'à la taille, les pieds dans le sable et le harpon dans sa main dominante. Plissant les yeux, immobile, il scrutait les fonds marins d'une eau bleue translucide à la recherche de poissons. Un large bandage blanc était enroulé autour de son torse nu. Le soleil tapait fort et ses rayons se reflétaient sur la surface bleutée de la mer. Derrière Chaz, une petite plage dorée s'étendait, bordée par une forêt de palmiers.

Un poisson passa près de ses jambes et il n'hésita pas une seule seconde à planter son harpon. Les longues heures d'attente et de patience avaient payé : il venait d'embrocher le souper. Il n'était pas obligé de chasser : sur l'île, il y avait un petit village d'une centaine d'habitants et, dans le lot, des pêcheurs et des poissonniers bien plus expérimentés que lui qui vendaient leurs récoltes au marché de la grande place ou parfois même offraient les surplus (dans une si petite communauté, l'entraide était de mise). Néanmoins, Chaz avait découvert que la pêche au harpon était une activité qui le détendait. Il s'améliorait de jour en jour.

Il récupéra le poisson, puis rebroussa chemin jusqu'à la plage. Le sable chaud collait à ses pieds mouillés. Il rejoignit une petite hutte du bord de mer faite de fins rondins de bois et de cordages tressés, le toit couvert de feuilles de palmiers séchées. De nature rustique, elle était nichée à mi-chemin entre la forêt et la plage. Deux planches de surf étaient appuyées contre le mur extérieur et deux transats posés sur le devant de la maisonnette.

Jamais Chaz n'avait pensé revoir le soleil, mais le destin semblait en avoir décidé autrement.

— J'ai pêché le souper, regarde, indiqua l'Afro-américain en pénétrant à l'intérieur de la hutte.

Isaac, qui n'avait jamais été aussi bronzé de toute sa vie, observa sa prise, puis sourit.

— Il est gros, s'enthousiasma-t-il. Tu as mis de l'écran solaire cette fois ?

Chaz roula les yeux.

— Je suis noir, puisque je te dis que je n'en ai pas besoin ! Je n'attrape jamais de coup de soleil.

— Ce n'est pas une raison. C'est pour protéger ta peau des rayons ultraviolets.

Vraiment, malgré toute leur malchance, tout ne finissait pas si mal.

***

Ils pensaient mourir au milieu des flammes quand, soudainement, ils perçurent un mouvement dans le tas de décombres qui leur barrait la route, un éclat de lumière surgissant de l'ombre.

— Chaz, Isaac... vous êtes-là ?

C'était la voix de Wilds qui était revenu pour eux après s'être aperçu que leurs noms étaient manquants sur les fiches de recensement.

Leur sauveur.

***

Les visages étaient graves. Wilds, Grayson, Chaz, Isaac et un des directeurs du FBI se tenaient dans la même pièce. Le directeur se racla la gorge.

— Au vu des circonstances, commença-t-il, il n'y a plus de prisons qui soient sécuritaires pour vous sur le tout le territoire.

Isaac et Chaz échangèrent un regard consterné. Ils étaient tous les deux assis sur des chaises, faisant face au bureau de Grayson, les poignets menottés et les mains posées sagement sur leurs cuisses. L'incendie qui avait ravagé la prison avait pu être maîtrisé et, grâce à Wilds, leur vie sauvée. Or, le feu ne les avait pas laissés indemnes et ils avaient tous les trois hérités de plusieurs brûlures à différents degrés. Heureusement, même si celles-ci laisseraient des marques, tout avait pu être soigné à l'hôpital.

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