Chapitre 57

16.4K 1.6K 212
                                    


Chapitre 57.

Isaac se figea, plateau de cantine entre les mains, quand il arriva à la table. Il aurait pu jurer que son cœur avait manqué un battement.

— J'ai pris la liberté d'inviter une quatrième personne à notre petit dîner, les informa Wayne, j'espère que ça ne dérange pas trop.

Les grands yeux noirs de Chaz fixèrent Isaac avec insistance, se demandant s'il allait faire demi-tour. Le Californien se mordit la lèvre, prit une inspiration, puis s'assit à la table l'air de rien, tandis que Wilds arrivait derrière lui pour prendre place à son tour.

Les quatre hommes se regardèrent en chien de faïence.

— Les pommes de terre sont délicieuses aujourd'hui, finit par dire Wayne avec un air complètement détaché, histoire de briser le silence.

Isaac jeta un œil à son assiette. Il n'avait même plus faim... mais il savait qu'il devait manger. À côté de lui, Chaz avait presque déjà entièrement vidé son plateau. Cet homme avait un appétit de loup.

— J'ai encore faim, fit l'Afro-américain, ces plateaux repas sont toujours trop petits.

Le Californien pensait que son voisin reluquait son assiette, mais quand il releva la tête, il prit conscience que l'homme le regardait lui, une lueur affamée dans les yeux. Isaac déglutit et s'empressa de regarder ailleurs.

— C'est vrai, tu fais du basket, alors tu dois manger beaucoup, mentionna Wilds.

— Je m'entraîne beaucoup également, renchérit Chaz, il le faut bien par-ici. Tu sais ce qui est arrivé à la dernière personne à m'avoir embêté ?

— Tu veux parler de Johnsson ?

L'Afro-amériain hocha la tête.

— Oui, cette ordure.

— J'ai entendu dire qu'il avait été transporté à l'hôpital, dit Wayne en dévorant ce qui restait de son repas.

La main d'Isaac se crispa sur sa fourchette en plastique. Il savait mieux que personne pour quelle raison Johnsson avait été brutalisé de cette façon.

— Il l'avait cherché, répliqua Chaz en haussant les épaules, il aurait dû savoir ce qu'il en coûtait de s'en prendre à moi.

Ou plutôt à ce qui lui appartenait...

— Tu sais que notre ami Wilds a tué quelqu'un en voiture et que c'est pour ça qu'il est ici ? lui expliqua Wayne. Il est peut-être aussi dangereux que toi !

Chaz sourit, réprimant son envie d'éclater de rire.

— Il doit être très dangereux alors..., se moqua-t-il à demi-mot.

Isaac restait silencieux, ne sachant pas trop où se mettre. L'ambiance était très particulière. Il avait cette impression de ne pas tout savoir et c'était plutôt désagréable. La tension dans l'air était si dense qu'il aurait pu la trancher au couteau.

— Tu penses ?

Wilds secoua la tête :

— Nous sommes tous ici parce que nous avons commis des erreurs. Je ne planifiais pas de tuer cet homme.

— Tu l'as quand même fait, répliqua Wayne, ça ne change rien. À West Island, tu aurais tout intérêt à te faire passer pour un meurtrier sanguinaire plutôt que la victime d'un accident. Tu es trop honnête pour cet endroit... un peu comme Isaac.

— Alors, tu peux me faire confiance, non ? demanda l'agent du FBI qui cherchait à obtenir les faveurs de Wayne pour le bien de son enquête.

— Tu peux lui faire confiance, affirma Chaz, après tout, il est l'ami d'Isaac, non ? Pourquoi ne ferait-on pas confiance à ceux qu'il a choisis pour être ses amis... ?

L'Afro-américain plissa les yeux en fixant Wayne. Il ne comprenait vraiment pas ce qu'Isaac pouvait lui trouver. Le Californien ne voyait pas le danger là où il aurait dû le voir...

Wayne se contenta de sourire :

— Très bien, dans ce cas, Wilds, et si nous nous retirions pour parler... seul à seul ?

L'agent de police se leva de table avec son plateau, prêt à suivre le blond, pressentant qu'il était sur le point de réussir à l'amadouer. Les deux hommes commencèrent à s'éloigner de la table, puis quand Isaac esquissa un mouvement pour les rejoindre, il sentit une pression sur sa cuisse qui le maintint en place. Il baissa les yeux et découvrir la main de Chaz qui agrippait le haut de sa jambe. Lorsqu'il releva la tête, il croisa les prunelles noires de l'homme.

— Tu ne vas nulle part, lui dit-il avec fermeté, tu dois laisser les adultes parler entre eux. Nous aurons notre propre discussion.

Isaac se raidit et attrapa le poignet de Chaz – avec l'impression de se brûler dès qu'il le toucha – pour déplacer sa main. Il sentait une pointe d'énervement dans le creux de son ventre.

— C'était prévu d'avance, non ? Que je mange avec vous pour qu'on se retrouve seuls... Wayne et toi... vous faîtes ami-ami ? Depuis quand ?

Tout un tas de questions tournoyaient dans sa tête.

— Tu m'évites depuis plusieurs jours, Isaac, et je n'apprécie pas du tout. C'est le meilleur moyen que j'ai trouvé pour pouvoir te parler. Il y a des choses que tu dois savoir.

Isaac se figea très légèrement. Chaz était doué, très doué. En quelques mots, il avait réussi à attiser sa curiosité. Ça avait l'air important et le Californien avait envie de savoir ce qui le concernait, surtout après avoir eu l'impression de nager en plein mystère durant tout le dîner et ce même s'il avait cherché depuis plusieurs jours à éviter Chaz par tous les moyens. Ses yeux parcoururent le visage de son interlocuteur à la recherche du piège, puis il finit par soupirer et céder.

— Très bien, lâcha-t-il, je te donne dix minutes pour parler, mais pas une de plus.

Chaz observa autour de lui.

— Dans ce cas, viens, on ne peut pas parler ici...

Entre les barresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant