Je sais que ce chapitre est un peu plus court que les autres, ce n'est donc pas la peine de le faire remarquer. C'est un chapitre de développement émotionnel, dirons-nous, donc... ça ne pouvait pas être bien plus long que ça. Merci beaucoup et bonne lecture !
Chapitre 65.
Être gay en prison, ça craignait. Être gay dans les rues malfamées de Detroit, c'était la mort. Chaz avait grandi en connaissant ces règles et il ne s'était jamais autorisé un débordement. S'attarder sur le physique d'un autre homme était proscrit. Il avait refréné ce genre de pulsions durant des années et des années pour rester en vie et éviter que ça ne se répercute sur sa sœur.
En sortant du salon de coiffure, la tête propre et les dreads rafraîchis, Chaz croisa Isaac dans le couloir. Il s'arrêta net devant lui et l'observa des pieds à la tête : sa peau dorée par le soleil, ses grands yeux chocolat, ses cheveux bruns qui commençaient à être juste un peu trop longs, ses lèvres pulpeuses, les muscles de ses bras, la ligne de sa mâchoire...
Ses poings se serrèrent et sa mâchoire se crispa. Il fut pris d'un excès de colère, mais il se retint de frapper le doux visage de son interlocuteur même si ça le démangeait. Peut-être que si Isaac avait un œil au beurre noir et la lèvre gonflée, il serait moins... attirant, moins attrayant, moins tout ! S'il était moche et blessé, plus personne ne s'intéresserait à lui. Il pourrait le garder pour lui seul ou s'en débarrasser sans regret.
Garder Isaac... Cela ressemblait à une mission impossible. Pacte avec Grayson ou pas, le jeune homme sortirait d'ici avant lui. Il tirerait ses huit ans (ou moins), puis se barrerait loin de West Island. Chaz serait alors contraint de le laisser partir... ou peut-être pas ? Si Isaac se comportait mal, sa peine pourrait être rallongée. S'il commettait quelque chose de suffisamment grave – ou s'il était seulement accusé de cette chose – il pourrait prendre perpet'...
Sauf qu'Isaac ne l'aimerait jamais. Pas après tout ce qui lui avait fait. Il pourrait lui pardonner – avec du temps –, mais pas l'aimer. Chaz pourrait le contraindre à passer plus de temps avec lui, à partager sa cellule... mais où cela les mènerait-il ? Isaac ne pourrait-il donc jamais être à lui ?
Et pourquoi pensait-il à tout ça ? L'Afro-américain était sur le point de sauter un plomb. Il n'y avait rien de plus horrible que de perdre le contrôle. Il avait l'impression de déraper.
Il jeta un dernier coup d'œil à son vis-à-vis, se retenant de justesse pour ne pas balancer son poing ou plaquer le jeune homme contre le mur, rien que pour sentir son corps contre le sien, glisser sa jambe entre les siennes, son souffle dans le creux de son cou et leurs lèvres à quelques centimètres... Merde ! C'était dangereux. Il se recula brutalement.
— Tu fais chier, Isaac, se contenta-t-il de cracher avant de poursuivre son chemin d'un pas rapide, énervé.
Il ne pouvait pas le frapper. Il aurait frappé n'importe qui d'autre sans réfléchir, mais c'était Isaac... c'était différent. Et ça le faisait encore plus chier.
Le Californien resta planté là, les yeux rivés sur la silhouette du prisonnier qui s'éloignait, à ne pas comprendre ce qui venait d'arriver et pour quelles raisons Chaz était d'une humeur aussi massacrante. Les derniers jours s'étaient pourtant bien déroulés. Qu'avait-il bien pu faire pour attiser la colère de l'Afro-américain au point de se faire insulter par celui-ci ? De grands points d'interrogation dansaient dans les prunelles du brun.
Chaz claqua la porte de sa cellule et, seul, il vida ses poumons d'un grand cri. Il cogna son pied de toutes ses forces contre une des pattes métalliques clouées au sol de sa couchette, puis jura en serrant les dents plus fort encore quand il sentit la douleur faire écho dans toute sa jambe.
— Putain !
Ayant épuisé toute l'énergie de sa colère, il se laissa choir sur le lit et fixa le mur qui lui faisait face en broyant du noir. Il était énervé parce que, quand il avait croisé Isaac dans le couloir, il avait senti les battements de son cœur s'accélérer et sa respiration s'affoler plus qu'à la normal. Quelque chose s'éveillait au fond de lui, s'affolait. Son corps était traître.
Et il se pourrait bien que Ronaldo ait vu tout à fait juste et qu'il soit tombé – sans même le savoir – sous le charme californien d'Isaac.
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Action[𝑀 𝓍 𝑀] Après s'être fait arrêter avec deux kilos de cocaïne, Isaac est placé en détention à la prison de West Island. Il doit partager sa cellule avec un dénommé Chaz qui se trouve être le chef des prisonniers à l'intérieur de l'établissement ca...