Mais où va donc notre petit De Justinier pour s'impatienter tant ?
Première pleine Lune de printemps...
Minuit allait bientôt sonner lorsque Gabriel arriva sur la rive ouest du lac Désir. Il était seul et dû patienter jusqu'à l'heure convenue. Il faisait les cent pas, rongé par l'impatience de ce moment qu'il attendait depuis si longtemps.
Au bout de quelques minutes, il entendit du bruit en provenance du bois qui longeait le lac. Il se retourna, et son cœur manqua un battement. Elle était là, telle une déesse descendue des cieux. Il avait marché plus de deux heures et traversé une bonne partie d'Héméra pour venir ici, mais en cet instant, cela n'avait plus aucune importance. La vision de la sublime jeune femme aux longs cheveux blonds était la seule chose qui comptait pour lui. Même vêtue telle une domestique pour passer incognito, il était impossible pour Héléna Varguas de dissimuler sa beauté et ses attributs féminins. Elle stoppa son cheval à quelques mètres du bord du lac et Gabriel s'approcha d'elle, hypnotisé, comme une abeille instinctivement attirée par du nectar. Et quel doux nectar !
La fille unique du légat terrenum Jean Varguas était une ravissante demoiselle blonde comme les blés et aux yeux bleus comme l'azur. Son visage était angélique, avec son petit nez relevé et ses pommettes roses. Du haut de ses dix-sept ans, elle avait déjà tout d'une femme faite, faisant d'elle l'une des promises les plus courtisées de l'empire.
Ce qui, au grand désarroi des deux tourtereaux, était déjà le cas.
En bon gentleman, Gabriel aida la lady à descendre de selle. Elle était une cavalière émérite, mais n'en demeurait pas moins maladroite et s'emmêla le pied dans l'étrier au moment de toucher le sol. Le jeune homme, totalement aveuglé par la beauté de l'élue de son cœur, reçu un coup de coude en plein dans la tempe, sans même avoir pu esquiver. Ils chutèrent tous les deux sur le sol et la demoiselle vint heurter le torse de son amant avec sa tête, lui coupant net la respiration.
Elle se releva aussitôt en se confondant en excuses, apeurée d'avoir involontairement mis hors-jeu son adorateur. Le choc lui déclencha une violente quinte de toux, qui, fort heureusement, fut de courte durée.
Gabriel mit quelques secondes à reprendre son souffle, puis il la regarda, sans haine ni rancœur envers son habituelle maladresse. Il prit vivement le visage d'Héléna entre ses deux mains pour l'embrasser fougueusement. La surprise de cette embrassade passionnée émoustilla de plus belle la noble qui lui rendit son baiser tout aussi férocement. Ils ne prirent même pas le temps de vérifier si la zone était bien déserte d'un potentiel voyeur, ni de savoir si la longe du cheval était bien attachée à un arbre. Héléna avait emprunté ce cheval dans l'écurie du fort Obram, la caserne du corps d'armée terrestre, où elle résidait avec son père. Elle avait acheté le silence de l'écuyer grâce à quelques pièces, pour arrondir sa solde. Le docile équidé s'en alla brouter de l'herbe tendre un peu plus loin.
La blonde ne cachait guère son impatience de retrouver son coquin et plus particulièrement ce qu'il possédait entre les jambes. Elle l'invita de sa main à ôter son pantalon. Il s'exécuta sans rechigner et procéda au même langage non verbal avec la belle. La suite se déroula sur l'herbe sauvage, au bord du lac, entre deux gémissements qui faisaient fuir les oiseaux nocturnes. Le cadre ressemblait à un conte de fées, cadencé par le chant des lucioles et éclairé par les mystiques rayons de la lune.
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Apostel Noir
FantasyLa porte révèle les doutes. L'äther préserve la foi... Annatar patiente dans une auberge infecte de la pègre pour récupérer sa cargaison... particulière, et ce pour le compte de son organisation, la Sybille. Lorsque son contrebandier arrive enfin...