Chapitre 29 (La Chaumière)

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Le gatsgeber réclame son dû et Annatar va devoir payer son intervention...



Tout le monde avait évacué le château de l'aile ouest, dorénavant condamné par les flammes. Les autorités avaient pris des dispositions pour que les flammes ne consument pas davantage l'édifice et notamment l'aile est, en condamnant plusieurs salles et en les arrosant indéfiniment. Le feu finirait un jour par s'atténuer s'il n'avait plus rien à consumer autre que la pierre. Le nuage noir put s'apercevoir à des kilomètres dans le comté de Jezeberg.

Annatar marchait dorénavant loin dans la ville Paradis, parmi la populace. Il avait veillé à lever son déguisement de la garde régulière et peinait à se déplacer. Ressemblant plus à un mendiant sortant d'une bagarre de rue qu'à un puissant sorcier craint par ses congénères. Malgré lui, il s'entrechoquait contre les passants qui l'insultaient de poivrot, tant son déséquilibre était prononcé. Son état empirait, sous les rires constamment amusés de son gatsgeber qui se délectait de la situation et du chaos dans la ville. Son sang se retrouvait tellement épais désormais, qu'il n'arrivait même plus à sortir des multiples coupures à sa peau et ne laissait donc également plus de traces dans le sillage du fugitif.

Chose certaine, le liquide vital souillé de noir était la cause du problème.

Et puis il avait faim. Tellement faim depuis l'arrêt de son combat. Manger et dormir, c'était tout ce qui importait désormais. Il en viendrait à prier les Trois Saints qu'on lui apporte ces deux souhaits, tant il les désirait. Non... Il ne fallait quand même pas en arriver à ces extrémités.

Il se réfugia dans les quartiers mal famés de Paradis, dans les ruelles sombres, et cherchait quelque chose ou quelqu'un. Il aperçut un clochard ivrogne comatant dans son vomi au milieu d'une poubelle, à l'abri des regards pour cuver. Il marcha péniblement vers le vieillard, insouciant de ce nouvel invité et de ses intentions. Il lui fallait manger et vite. Du sang, de la chair rouge et nourrissante. Peu importait d'où elle provenait. Non qu'il en fût ravi que ce soit un homme, mais c'était une ressource d'énergie riche. De ce fait, Annatar devait absolument guérir son corps, comme un junky devait assouvir son mal par une dose de Makuga, produit dérivé d'une espèce végétale poussant dans les montagnes des Djebes. L'énergie, beaucoup d'énergie. Tel se concluait le lourd tribut pour s'autoriser à utiliser les sombres services de son son locataire.

Et puis ce n'était pas la première fois qu'il fallait procéder à des actes cannibales. Il avait connu tant de situations désespérées que le moindre atout s'avérait décisif. La morale ne sauvait rien ni personne. La survie, c'était tout ce qui régissait le monde.

Surtout le sien.

Mais pour l'obscur, ce lourd tribut de dépense d'énergie semblait se décupler à chaque fois que son gatsgeber intervenait. Donc, tant pis pour la morale. Une pauvre âme comme ce clochard anonyme, sans famille ni personne, ne s'avérerait pas un gros sacrifice pour satisfaire aux glorieux desseins de l'apostel.

Et au moment où il allait s'abattre sur sa victime décuvant, il fut projeté en arrière, lâchant de surprise son poignard de parangon noir contre le mur. Étourdi et se disant que les problèmes ne s'arrêteraient jamais, il aperçut une silhouette portant un chapeau. Elle s'approchait dans son champ de vision. Vision très réduite car floutée par la fatigue. Ce n'était pas un garde régulier, se rassura le ténébreux, croyant s'être fait repérer. Et L'homme semblait heureusement seul.

Pour un être commun, la ruelle sombre empêchait de voir l'agresseur d'Annatar, blessé et à moitié paralysé. Mais ce dernier possédait un œil droit de kanzel. Il aurait pu parfaitement aborder les traits et le physique de son assaillant, si sa vue ne s'était pas floutée sous la fatigue et le mal être incompréhensible de ces dernières heures.

Apostel NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant