Chapitre 44 - Partie 1 (Le Labyrinthe)

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             Cinq couloirs se présentèrent face à eux au départ du camp. Les survivants s'étaient donc répartis en groupe plus ou moins équitablement. Le meneur des esclaves dirigeait ses quatre confrères. Annatar emmena trois Nacijas avec lui et Raven deux également. Coelt, trois. Et les quatre derniers marins constituaient la quatrième équipe.

Le fugitif au tibia cassé fut laissé dans le camp. La situation obligea les règles à changer concernant la solidarité. Il deviendrait un poids trop lourd à porter pour ses congénères en cas de danger, ainsi qu'une perte de temps à tenter de le protéger. Et au moins, il assurerait un allumage des torches en permanence au camp. Un phare d'espérance au milieu des ténèbres de roses.

L'apostel et l'humanoïde attendirent que les deux autres équipes prennent leurs courages à deux mains. Ils vérifièrent que tous pénètrent bien une des entrées. Chaque équipe maintenait un fil de laine accroché à l'une des tentes, afin de pouvoir revenir sur ses pas. Certes, cela ne se concluait pas idéal face à des épines pouvant couper la laine comme du beurre. Mais ça restait mieux que rien. Chaque groupe possédait une machette pour débroussailler ces rosiers qui, ils le savaient dorénavant, arrivaient à tuer au simple toucher, selon les variétés florales.

Raven s'approcha de son compagnon d'infortune et lui susurra à l'oreille :

- Si tu ne reviens pas vivant de ta quête folle, je partirai retrouver ton « meister » et ta « Protégée » sans toi.

Annatar regarda fixement l'hybride et, sans un mot, il partit pareillement dans les ténèbres.


Robin, Marc, Lipo et Romain, le groupe des navigateurs sans meneur, marchaient lentement en esquivant les rosiers. Ils surveillaient partout. Inutilement, ils pointaient leurs armes tremblantes vers le moindre sifflement d'air, pour se rassurer d'une sécurité imaginaire. Ils étaient terrorisés et pestaient même de ne pas se trouver aux côtés, au moins, d'un des deux étranges énergumènes. Ces deux monstres qui les avaient forcés à venir jusqu'ici. Leurs talents de kanzel, ou d'apostel, auraient peut-être pu aider les marins davantage que leurs épées ou leurs machettes. Face à des ennemis dont ils n'avaient obtenu finalement aucun détail réel. Seuls les résultats sur John et Kop avaient été constatés. Et cela suffisait amplement à faire angoisser n'importe qui.

Et tandis que plusieurs heures s'étaient déroulées sans aucune trace de cœur, ou toute connerie déglutie par ce sorcier, les voix féminines se firent entendre aux oreilles d'un des quatre marins en retrait. Celui-ci s'arrêta pour analyser le son et ses jambes tremblèrent. Les setters, comme les appelait ce Joshua, étaient revenues. Les trois autres devant continuèrent à marcher lorsqu'ils remarquèrent leur quatrième camarade à l'arrêt :

- Bordel, mais tu trafiques quoi ? Abrège, on ne va pas rester dans cette merde toute la nuit, s'impatienta Robin.

- Vous... Vous n'entendez pas ? bégaya un Marc apeuré.

- Quoi ?

- Les chants... Elles sont revenues.

- Non, on n'entend rien.

- Mais si ! Écoutez, bande de cons ! Écoutez...

Tous rangèrent leurs marteaux, poignards et machettes aux fourreaux et se turent. Ils cessèrent même de respirer afin de ne rater aucun bruit. Au bout d'une dizaine de secondes, les trois se regardèrent, comme une validation commune de leurs pensées. Puis ils conclurent :

- Il n'y a rien. Ton imagination te joue des tours.

- Non... Ce n'est pas... mon imagination ! insista Marc. Elles chantent « Au Clair de la Lune »... Aussi certainement que je vous entends... Je... C'était ma mère qui me... On va tous crever ! Je ne peux pas rester ici, je retourne au camp !

Apostel NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant