Chapitre 37 (Salle des Tortures)

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Souvenirs souvenirs... Ils lui collent à la peau...



           À leur entrée dans la salle des tortures épargnée de tout son, les mémoires du jeune malade resurgirent. De ses souvenirs, la salle des tortures portait judicieusement son nom. Son esprit ne pouvait s'empêcher de se remémorer les atrocités qu'il avait subies à l'intérieur de ces murs humides, étouffants, et privés de lumière à tout jamais, de par sa profondeur.

Ah.... C'était si bon...

Comme des flashs désagréables devenus plaisir, des visions de lui et de ses bourreaux se matérialisaient sur les machines sanglantes face à lui. Ces silhouettes du passé forgeant le corps d'Annatar, ainsi que son esprit, aux grands amusement et plaisir du gatsgeber présent en lui. Herumor donnait les consignes des supplices et VitaliK les exécutait. Des sévices toujours plus violents et nouveaux. Il ne se trouvait aucune limite à l'imagination dans ce genre de domaine. Non pas que les sybillins fussent les inventeurs de ces atroces méthodes, mais ils en avaient besoin pour se forger et s'améliorer. Tel se définissait le mantra de la Sybille.

Non, l'humanité s'était chargée de créer ces sévices au fil des millénaires. Car c'était ce qu'elle maîtrisait le mieux. En tout âge. En tous lieux. Comme une seconde nature que l'humanité désirerait enfouir en elle, mais qui, au final, ressortait quand même tôt ou tard.

Mieux qu'un modèle d'enseignement pour repousser ses limites, le supplice était devenu une façon de vivre pour Annatar et ses confrères. La gorgée d'eau quotidienne et vitale à la survie. La bouffée d'air inévitable pour être et devenir. En effet, l'apostel à l'œil orangé de kanzel se remémorait également sa descente quotidienne en ces lieux. Il s'y infligeait lui-même ses propres tourments et entraînements qu'il perdurait aujourd'hui durant ses déplacements.

Plus qu'un apprentissage, c'était devenu un besoin désormais.

Il revoyait les coups de fouet, arrachage d'ongles, cisaillement de chairs et autres moyens pour s'habituer à ressentir la lancination. Douleur symbolisée par un système d'alerte entre le corps et l'esprit qui stoppait un combattant dans une bataille. Cela bloquait tout espoir de volonté et de défense chez un être vivant normal. Un talon d'Achille pour chaque être vivant qu'Herumor et VitaliK avaient su guérir de toute fragilité sur Annatar. Du moins, pendant un combat. L'esprit avait vaincu la chaîne psychique de la souffrance pour s'en faire une alliée précieuse et même mieux, une source de motivation.

Tels étaient le secret et la puissance des servants dévoués à l'étrange vieillard. Inarrêtables. Impassibles. Les Sybillins.

Malgré cela, la torture restait génératrice d'émotions pour le lerhlinge. Son cœur s'emballait davantage à chaque marche d'escalier en direction de cette salle trop connue du jeune sorcier. Mélange de peur et d'engouement que ressentait le jeune ténébreux à l'idée de ce qu'il pourrait se passer une fois dans cette salle remplie d'histoires tragiques et barbares. Un délice de sensations qui revigorait l'apostel et son gatsgeber.

Et comme de nombreuses années, et toujours sans contradictions, Annatar exécuta les ordres d'Herumor en se dirigeant sur le fauteuil dentaire. Le siège était usé. Les restes de liquide d'hémoglobine séché donnaient à l'objet, autre foismédical, un aspect des plus morbides. En effet, l'instrument, à sa simple vue, laissait imaginer les supplices infligés sur ce siège. Il était rempli des cris et des douleurs de l'érudit aux cheveux gris-blanc, dont les échos résonnaient encore dans sa tête.

Apostel NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant