Chapitre 26 (Rue des Vignobles)

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Quatre heures du matin allaient bientôt sonner en cette belle nuit d'été. La température atteignait les trente-huit degrés Celsius. Ce qui s'avéra plutôt frais en cette saison, comparé aux précédentes années. Cependant, pas un nuage n'empêchait d'apercevoir les étoiles.

Héléna profita de cette douce soirée et de la courte permission attribuée au jeune Gabriel, pour lui proposer une sortie « officielle », cette fois-ci. Les deux amants s'étaient rendus Rue des Vignobles qui bordait l'académie Lumière, dans le quartier commerçant d'Héméra.

Inutile de préciser pourquoi la voie portait ce nom. Ce n'était cependant pas aussi dépravé que l'Impasse de la Soif, dans les bas-fonds de la capitale. Bien au contraire, la rue des Vignobles comportait un nombre certain de marchands réputés. Ces commerçants de luxe proposaient des produits onéreux dont la renommée n'était plus à prouver. On y trouvait les meilleurs vins et champagnes de tout l'empire. Sans compter les digestifs des différentes provinces tarriennes. Ceux-là n'avaient aucun égal en la matière. Ces liqueurs comprenaient une complexe diversité d'arômes, d'épices et autres atouts de qualité que procuraient les terres fertiles d'où elles provenaient.

Les meilleurs marchands méritaient donc bien leur place dans la Rue des Vignobles. Sans pour autant concurrencer les délicieuses bières dutrichiennes. Le royaume de Dutrich ne cessait chaque année d'exporter ses tonnes de litres de bière pour la cité Héméra et l'empire de Tarr tout entier. Des dizaines de marchands d'alcool ouvraient donc leurs échoppes et boutiques chaque soir, pour le bonheur de la haute bourgeoisie de la capitale Héméra.

Évidemment, aucune boisson digne de ce nom ne se buvait sans accompagnements raffinés, servant à passer une excellente soirée. C'est pourquoi, vendeurs d'épices, artisans boulangers, charcutiers ou tout autre commerçant de bouche se bousculaient également pour obtenir une petite place dans ce secteur de qualité. Ça assurait une publicité naturelle de renom pour ces commerçants reconnus. Quitte à payer le prix fort de la location des locaux.

En effet, les loyers pour se procurer quelquesmètres carrés en ces lieux se concluaient chers payés. Peu de commerçants pouvaient se permettre d'y survivre et seuls les meilleurs y restaient. Hausse des prix évidemment volontaire, car cela permettait de n'attirer que la crème des commerçants qui revendaient leurs importations à prix d'or. Les propriétaires des immeubles louant les commerces en cette rue étaient en général les grandes fortunes du pays. Eux seuls pouvaient s'acheter et se vendre entre eux ces mines d'or, comme ils joueraient une partie de cartes. Une perte ou un gain de plus, dans leurs immenses fortunes qu'accumulaient ces puissants. Un hobby cependant lucratif qui maintenait la caste supérieure en bonne santé financière.

Le père d'Héléna, le légat Varguas, possédait un bon tiers de cette rue des Vignobles. Ce n'était cependant pas pour jouer. Car l'homme aimait accumuler les richesses et faire grossir son patrimoine déjà bien conséquent.

Ce fut pour cette raison que la jeune demoiselle possédait ses entrées dans la plupart des pubs et autres auberges du quartier. Tout le monde la connaissait ici. Et la bien-née profitait des produits de ces marchands, et le tout, sans débourser un sou. En effet, qui oserait refuser l'entrée à la fille du propriétaire ? Les commerçants n'étaient pas fous. Ils s'assuraient, bien au contraire, les bonnes grâces de la noble. Lui offrant cadeaux et boissons à volonté, dès qu'elle franchissait la porte de leur taverne.

Propriétaire ou pas, la belle possédait ses favoris parmi cette abondance de lieux de fête. Le couple secret avait donc passé la soirée chez les « Trois Amis » et s'était amusé comme jamais. Une première pour Gabriel qui avait eu, jusqu'à présent, interdiction de fréquenter un endroit avec de l'alcool. Ordre de son père.

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