Chapitre 42 (Détente)

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- Gislain par tous les dieux, tu excelles vraiment dans tous les domaines du plaisir.

- Je ne suis motivé que pour votre bonheur et votre bien être, mon amour.

Et bien continue donc, mon enfant. Je pense que te sortir de la misère de la rue a été la meilleure chose que j'ai faite depuis ces trente dernières années. Oh ! Oh... Un peu plus bas... au bas du dos, c'est là que je souffre intensément. Ces fichus reins me lâchent encore une fois ! Il va falloir encore que je les...

On frappa à la porte de la chambre luxueuse, réchauffée par une chaleureuse cheminée en pierre, faisant ressortir le parquet luxuriant de la demeure Siraffon. Le vieil administrateur de l'empire et directeur de l'académie pesta qu'on ne lui laisse jamais une minute de détente, tandis qu'il était affalé sur sa table de massage. Il se trouvait entièrement nu, à plat ventre sur une fourrure de loup grise, douce et agréable. Son corps flasque, à la peau parsemée de taches de vieillesse, était totalement imbibé d'huile de massage aux odeurs aromatiques. Il demanda à son jeune amant et homme de main, Gislain, d'aller voir qui osait les interrompre. Lui qui voulait passer aux choses des plus sérieuses, après le massage...

Le jeune homme au visage féminin et au regard d'ange suait un petit peu de l'effort du malaxage. Il laissait s'échapper quelques gouttelettes de son front. Les manches relevées et les bras pleins d'huile, il se les sécha rapidement et entrouvrit la porte de la chambre. Se tenait derrière, Alfred, le majordome principal de Siraffon. Ce dernier connaissait la liaison du jeune et du vieil homme. Gislain se permit de laisser entrer l'individu de confiance qui, s'il devait révéler ses secrets, serait exécuté sur-le-champ tant il en savait :

- Entre, mon bon Alfred. Qu'y-a-t-il ? s'adoucit Gelt, lorsqu'il remarqua la présence de son domestique favori.

- Il vient d'arriver, Archi-Maistre.

- Déjà ? Mais il ne devait venir que dans deux heures. Bien. Faite-le entrer, voulez-vous.

- À vos ordres, Archi-Maistre.

Alfred alla chercher l'invité en avance qui attendait dans le salon du vaste appartement. Quelques minutes plus tard, un personnage plutôt svelte et haut se présenta dans la chambre où Siraffon l'attendait. L'administrateur centenaire se trouvait dorénavant assis, avec juste la fourrure de canidé pour cacher ses parties intimes.

L'inconnu portait une assez chère tenue une pièce, d'un vert émeraude, dont l'arrière du col se relevait jusqu'à cacher toute sa nuque et une partie du crâne de l'individu. Apparemment, le personnage semblait être fortuné pour se permettre de porter de si luxueux textiles. Le bonhomme se tenait droit, plus que de raison, et paraissait avoir un balai dans le postérieur. Il portait également des épaulettes sur sa longue tunique de noble qui cachait en réalité un corps plutôt maigrichon, avec des muscles inexistants. Le noble, approchant la soixantaine, possédait une chevelure grisonnante, rasée sur les côtés et une calvitie avancée sur le sommet du crâne. Il se dirigea lentement, avec finesse et élégance, vers le vieux directeur des lieux. Le tout, en prenant soin de ne pas écraser sa tunique qui frôlait presque le sol.

Gislain attendait aux côtés de son amant. Parallèlement, il toisait le nouvel arrivant, tout en remettant correctement sa tenue. Siraffon semblait bien connaître l'individu en vert émeraude et ce dernier avait l'air très frustré de devoir prononcer ces quelques mots à l'archi-maistre :

- La porte révèle les doutes...

- L'äther préserve la foi... répondit le vieil homme nu, satisfait qu'on se soumette à lui. Et notamment ce personnage-là.

Apostel NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant