Gabriel était désemparé. Héléna avait à nouveau subi une crise et se retrouvait derechef hospitalisée pour quelques temps. Son état se dégradait de jour en jour et la fréquence des crises s'accentuait. Les meilleurs ovates de l'académie, ainsi que les médecins de son futur ordre, avaient tenté tout leur possible pour la guérir. Même lui et le prestre-archimandrite, Octo Veyne, avaient tout tenté pour éradiquer le mal qui rongeait la belle adolescente au visage d'ange.
Mais en vain.
Lorsqu'on lui avait annoncé, à lui et son frère Tristan, que les symptômes d'Héléna ne pouvaient que s'aggraver au fil du temps et qu'on ne savait pas en combien de temps elle serait consumée, Gabriel était tombé dans une fureur noire. Incapable d'accepter le verdict de sa hiérarchie, il s'était résolu à guérir sa bien-aimée par tous les moyens.
Avec l'accord du légat Varguas, cela faisait bientôt deux semaines qu'il travaillait sans relâche dans les bureaux du prestre-archimandrite Octo Veyne, au grand désarroi de ce dernier qui ne pensait pas qu'un apprenti pourrait comprendre les subtilités de la médecine.
Il ne mangeait que très peu et dormait le strict minimum pour ne pas craquer. Il entreprenait des recherches incessantes dans la bibliothèque de l'érudit prestre-archimandrite, ainsi que celle de Justin Hernand, le bibliothécaire de l'académie. Lisant des dizaines de livres sur les méthodes de soins les plus anciennes de l'ordre, il n'avait trouvé que deux techniques possiblement efficaces contre le mal d'Héléna. Il avait demandé à Justin Hernand s'il pouvait emprunter dans sa chambre le livre convoité, pour l'étudier de plus près. Le vieux bibliothécaire avait accepté exceptionnellement, malgré l'ancienneté du livre et sa rareté. Ses principes stricts et ses humeurs habituellement ronchonnes avaient changé d'aspect lorsqu'il avait vu cet apprenti paladin désespéré et déterminé dans sa quête à guérir Héléna. Il ne pouvait s'empêcher d'offrir un dernier espoir au seul gamin qu'il avait en sympathie. Car au fil des mois, le bibliothécaire s'était pris d'amitié du seul académicien à aimer autant les livres que lui. Justin admirait la détermination et la gentillesse de Gabriel et ce, même si le vieillard savait l'effort inutile.
Mais comment convaincre un adolescent désespéré, de surcroît amoureux secrètement, face à une telle situation tout aussi désespérée ? Le jeune De Justinier perdait à petit feu sa meilleure amie, aux yeux de tous, et son amour caché.
Car le vieux Justin était grincheux mais pas sénile. Il n'avait pas tardé à comprendre l'amour de Gabriel pour Héléna, en voyant la témérité de l'apprenti à vouloir trouver un remède. Justin lui avait donc laissé quinze jours de répit pour ses livres. Après, Gabriel devrait les ramener et accepter le sort de la fille Varguas, tout comme son futur époux Tristan se devait de l'accepter.
Dès lors, le plus petit des fils d'Hector ne perdit pas une minute de son temps précieux. Heureux d'avoir peut-être trouvé un espoir de guérison. Il quitta la grande bibliothèque en courant, direction l'infirmerie, afin d'annoncer la bonne nouvelle à Héléna.
Il tapa à la porte de la chambre hospitalisée. La douce et belle voix de la séduisante blonde l'invita à entrer. Elle attendait seule dans la pièce, allongée sur sa couche. Elle était recouverte des draps blancs de l'hôpital « Légat Vernam de Malustre ». Elle buvait, comme tous les jours à ses heures quotidiennes, sa tisane homéopathique que son père Varguas lui ramenait spécialement de leur demeure du fort Obram. Elle était vêtue d'une petite nuisette blanche que l'on donnait à chaque malade. Elle avait encore beaucoup maigri. Son teint était devenu très pâle, voire cadavérique. Mais sa beauté et son charme persistaient à dominer le devant de la scène.
VOUS LISEZ
Apostel Noir
FantasíaLa porte révèle les doutes. L'äther préserve la foi... Annatar patiente dans une auberge infecte de la pègre pour récupérer sa cargaison... particulière, et ce pour le compte de son organisation, la Sybille. Lorsque son contrebandier arrive enfin...