Chapitre 57 (Gravitz)

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Rire ou pleurer ? 

A vous de choisir...



          Trente bonnes minutes passèrent après la leçon qu'avait infligé Herumor aux frères De Justinier. Ces derniers stagnaient toujours dans les airs, leurs thoraxs explosés et leurs cœurs battants posés sur l'unique table de la grande salle.

Les nouveaux arrivants avaient apporté deux chaises de bonne facture au chef sybillin et à Varguas, près des organes. Une servante plutôt mignonne, à l'air inoffensif et juvénile, recousait les multiples blessures du vieux meister, tandis que ce dernier dévorait de la viande rouge en même temps. Les quelques dents restantes du meister ne semblaient pas peiner face à la chair crue du gibier, servant de repas. Le vieillard, bossu et amoché de son dernier combat contre Annatar, engloutissait plus qu'il ne mâchait. Le tout sous le regard un peu effrayé et devenu humble du légat terrenum.

Celui-ci attendait patiemment que son supérieur sybillin finisse de se rétablir du combat contre son lerhlinge. Le tout récemment sexagénaire, aux allures et vêtements distingués, buvait une coupelle de vin qu'il avait fait venir avec lui d'Héméra. Le seigneur d'un des trois principaux corps d'armées impériaux se tenait devant son meister. Il n'osait entamer une discussion que seul le vieux Herumor désirait débuter, une fois son repas terminé. Jean Varguas regardait avec écœurement les deux hommes sans cœur.

Leurs corps positionnés en forme de croix flottaient toujours dans les airs. Eux-mêmes se trouvaient dans un état semi-conscient. Le seul état, d'ailleurs, qui les empêchait de hurler à la mort, tant la douleur devait s'avérer horrible. Seul Annatar souriait de temps à autre, entre deux moments de conscience, comme si la situation lui plaisait. On n'aurait pas su dire si c'était la folie qui l'envahissait ou le désespoir.

La menue blonde aux cheveux bouclés en avait presque terminé avec les coutures à l'abdomen d'Herumor, lorsque ce dernier, entre deux morceaux de viande saignante, ordonna de sa voix caverneuse :

- Il suffit.

La jolie et timide servante, au visage délicat, arrêta immédiatement sa tâche. Sa nuque et ses cheveux d'or étaient souillés par le sang de la viande qui avait coulé sur elle. Elle se positionna un peu plus loin aux côtés de son seigneur Varguas et attendit, la tête baissée, les prochains désirs des maîtres. Jean regarda rapidement le décolleté de la servante, par instinct masculin, avant d'ajouter :

- Je vois que votre plan s'est déroulé comme vous l'aviez prédit, Meister.

- Les flatteries te vont mal, Varguas... je te l'ai déjà dit. Cependant, tu as raison. Il ne reste plus qu'à attendre le kanzel.

- Le kanzel ? s'interrogea le grand noble, par ce nom inconnu.

- Oui... Entre. Inutile de te cacher. Je sais que tu es là... Raven Malcow.

Le désiré ne chercha pas davantage à prolonger sa dissimulation qui, de toute évidence, était tombée à l'eau avant même d'avoir commencer. Avec Jared, il sortit des ombres que proposait l'immense salle de réception, éclaircie par la brèche faite par Tristan. Et le duo s'avança lentement vers Herumor et le légat terrenum. Apercevant le sort funeste que subissaient les frères De Justinier, le dépecé ne prit pas le risque d'abandonner son prisonnier aussi facilement au maître sorcier. Alors, il prit Jared devant lui, le tenant par le cou, sa main acérée tendue vers le cœur du gatsgeber, implanté dans le marin. Au moindre geste, ou tentative contre sa personne, pour voler le marin et le cœur du gatsgeber, Raven exécuterait son otage et le si précieux organe äthérique avec. Les mercenaires aux alentour encerclèrent le meister et Varguas pour parer à toute attaque du sans peau. Mais le légat leur ordonna :

Apostel NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant