Chapitre 43 (L'île)

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                   Les deux barques réquisitionnées pour le kilomètre restant arrivèrent sur une plage déserte de l'île des setters. Le silence sur les embarcations régna durant tout le trajet.

Raven et le sorcier s'étaient réparti chacun une équipe d'hommes. Annatar dirigeait trois esclaves et sept marins, dont Coelt, le second de Morklob. Tandis que l'hybride surveillait, tout en pensant à les dévorer, neuf matelots et deux esclaves. Heureusement pour eux, le démon humain avait consommé beaucoup des cadavres sur le navire et sa pulsion s'était calmée. Au moins pour deux ou trois jours. Désormais, il ne résisterait plus à la chair humaine si son instinct le désirer.

Les esclaves restés sur le navire étaient chargés de surveiller toute tentative de rébellion des marins et de se tenir prêts à mettre les voiles dès le retour du groupe sur l'île, ou du moins, des survivants...

Les « bénévoles obligés » sortirent timidement des deux barques, quelque peu trempés par les vagues et par le débarquement. Annatar expliqua la marche à suivre :

- Souvenez-vous, désobéissez-moi et je vous tue. Fuyez l'île et je vous tue. Restez vigilants. Et si vous devez mourir, faites-le avec fierté en payant vos dettes envers moi. Si vous survivez à ce périple, votre tentative d'avoir voulu me tuer sera oubliée. Est-ce clair ?

Tous hochèrent la tête dans un silence absolu, dans l'atmosphère humide du bord de mer.

L'apostel se fichait totalement de sacrifier ces hommes. Il les utiliserait comme bouclier pour arriver à ses fins. Et puis au final, cette tentative de meurtre envers sa personne fut bien venue. Car ils n'auraient dû être que deux à débarquer si le voyage sur la « Sirène farouche » s'était passé pacifiquement. Désormais, les circonstances du voyage emmenèrent l'obscur à posséder des pions dans sa main, pour tâter le terrain à sa place. Il ne s'en priverait donc pas et, d'après les explications de son meister, étudier ces setters pour en savoir un maximum ne serait pas du luxe. Car si même le meister doutait du succès de l'opération, alors les setters valaient la peine d'être prises au sérieux.

Les pensées du lerhlinge d'Herumor revinrent à la réalité lorsqu'un groupe d'oiseaux exotiques aux multiples couleurs s'échappa d'un bosquet isolé, au milieu des plages de sable. Les rapaces s'enfuirent en piaillant d'un cri rauque. Ensuite le chef de l'excursion ordonna de pénétrer dans les terres.

Un relief plutôt plat et désert, qu'étaient les extrémités de l'île d'Ishla biterkolp, semblait entourer une chaîne de collines en son centre. Un cercle dans un cercle.

Raven proposa d'aller fouiller le seul et unique bosquet. Ce ridicule rassemblement de végétaux démontrait l'unique présence de vie en ces lieux sinistres. Endroits totalement recouverts des nuages éternels dont parlaient les marins. Mais l'instinct d'Annatar pressentit qu'il fallait franchir les collines à l'est. Il n'aurait su expliquer pourquoi, mais c'était dans cette direction.

Oui... Oui... Je les entends... Chanter...Danser...

Confirma le gatsgeber en faisant frétiller l'énorme cicatrice chirurgicale au cou de l'apostel. L'impatience du sorcier à découvrir ce qui se cachait derrière ces roches se ressentait dans son comportement hâtif. Il ordonna de presser le pas. Le groupe devait arriver avant la nuit au sommet des collines.

La vingtaine de personnes obéirent à contrecœur. Ces derniers accéléraient involontairement leurs battements cardiaques, alimentés par la terreur. Raven, en remettant son chapeau à une plume en place, entendait tous ces rythmes cardiaques paniqués et s'en régalait. Le cœur, c'était si bon. Dorénavant, lui n'avait plus ce souci d'humain qu'était de mourir.

Apostel NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant