Chapitre 41 (La Cale)

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Il y a une justice... Parfois :)



                      Quelques heures après le départ du duo de Volonzo, un autre groupe fit, à l'inverse, son entrée dans la cité. Il arrivait également par bateau dans la cité dutrichienne.

Il s'avérait normal que les voyages se dirigent par voie maritime, car ça restait bien le moyen le plus rapide de cette époque.

Eslen, Jina et le capitaine paladin débarquèrent d'un bateau de classe Vautour de la marine impériale. Le dirigeant de ce navire avait fait une escale forcée à Volonzo, sur la demande de son supérieur direct, l'officier barbu et manchot de l'ordre des paladins dont il ne put refuser les désirs. Heureux que le trio s'en aille, le militaire marin était reparti aussitôt à ses affaires en saluant officiellement, et avec une grande hypocrisie, le capitaine et les deux mages Ut supra. Une fois le trio sur le port, Eslen demanda :

- Êtes-vous sûr qu'elle n'a pas fui ? Notre secret a peut-être été violé et ils s'avèrent tous au courant que nous les recherchons.

- Nous allons bientôt le savoir, répondit le gaillard en armure officielle, se dirigeant à l'extrémité du port.


Sur les eaux de Medita...


Annatar joua son fou en G-six, non sans cacher un rictus satisfait et termina la partie d'un :

- Échec et mat.

Le propriétaire du bateau pesta une nouvelle fois de perdre en seulement treize coups. Il s'en était bien sorti, il y a trois jours, en invoquant les vagues tumultueuses qui avaient suffisamment fait tanguer la « Sirène farouche » pour que les pièces de l'échiquier se délogent de leurs positions. Mais cette fois-ci, il ne put rien contre l'intellect de l'élu d'Herumor. 

Lorsque dominer Morklob aux échecs devenait trop facile pour lui, le sorcier n'avait guère l'esprit de compétition. Il n'en voulut donc pas au moustachu pour ce lâche prétexte de tangage. Si l'esclavagiste s'était battu comme un coriace adversaire, à la limite de vaincre Annatar, ce dernier aurait joué sa vie à la partie d'échecs, tout autant qu'il s 'était battu contre Eslen et Jina. Mais vaincre le propriétaire de la « Sirène farouche » était une formalité presque ennuyeuse pour l'apostel noir. Ça restait cependant nécessaire pour rester dans ses faveurs et, par conséquent, parvenir à ses fins.

Alors, le sybillin affichait son profil des plus hypocrites et battait à plate couture celui qui, il semblerait, l'avait pris en sympathie. Peut-être même un peu trop, se demandait quelquefois l'assassin qui n'avait naturellement pas confiance en la nature humaine. Prudent et sur ses gardes en permanence, il ne laissait guère la place à l'amitié sincère dans sa vie. En même temps, comment l'aurait-il pu ? Recherché dans la moitié de l'empire d'Igdrill et semant la mort sur son passage, cela lui laissait peu d'alternatives pour le bon temps et l'amitié.

Et tandis que la cloche du cuisinier sonnerait bientôt midi dans les entrailles du navire, le prétendu Joshua se retira poliment de la cabine de Morklob. Le capitaine le regardait jalousement d'être un stratège à l'échiquier. « Tant que ce n'était qu'à l'échiquier. », se dit-il tout bas. Avec cependant un air songeur et malicieux, amplifié par un long tirage de son cigare que l'apostel détestait tant, le commandant proposa à son obligé :

- Désirez-vous prendre le repas en ma compagnie, Joshua ? Ensuite, nous irions dans la cale à esclave nous choisir une belle petite, s'il en reste encore que je n'aie point testée, haha !

Apostel NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant