Siraffon attendait patiemment dans ses appartements. L'esprit troublé par ce qu'avait commis Gabriel. Néanmoins, il ne paraissait pas triste de cette affaire pire que grave. Un rictus même s'étira à sa bouche alors qu'il regardait par la fenêtre du château la pluie battante, tout en dégustant une bonne tasse de tisane aux myrtilles.
« Encore plus facile que prévu... », se dit-il,entre deux gorgées de la boisson chaude.
Soudain, un jet de pierre se cogna contre sa vitre. Son regard se dirigea naturellement vers le bas, cherchant l'origine du jet dans les jardins privatifs de l'administration académique. Ensuite il aperçut, grâce à un puissant éclair s'abattant non loin, deux silhouettes, dont une le fixant derrière un buisson. Le haut dignitaire crut voir une hallucination. Son esprit lui jouait ponctuellement des tours vu son grand âge. Il décida de vérifier à nouveau à travers la fenêtre. À l'éclair suivant, il en était persuadé dorénavant.
Il reconnut Gabriel, portant toujours sur l'épaule la défunte âme. Le fugitif toisait l'administrateur sous les trombes d'eau, comme un chien implorant qu'on le laisse entrer. Le signal s'avéra clair. Gardé plus que jamais, le château se concluait impénétrable pour le pauvre apprenti.
Le haut dignitaire décida de se rhabiller prestement et de sortir par une cache secrète, conçue par ses propres soins et connue seulement de lui et de Gislain Winslow, son nouvel assistant personnel. Il ordonna à Alfred d'interdire quiconque d'entrer dans les appartements du directeur. Personne ne devait savoir que l'archi-maistre de l'empire rencontrerait secrètement un criminel recherché. Il emmena Gislain, un adolescent au visage d'ange efféminé, plus jeune que Gabriel, emboîter ses pas. Et tous deux entreprirent de descendre dans les jardins du château.
Arrivés trempés dans une cache de fortune végétale, le jeune et le vieil homme découvrirent un fugitif épuisé. Il patientait aux côtés d'une morte, et pas n'importe laquelle. Le puissant tarrien, ami de la famille De Justinier et parrain de Tristan, ne se retint pas de dire :
- Gabriel... Que s'est-il passé ? Je ne peux pas croire les rapports de la garde. Par tous les Saints, que...
- Ce n'était pas moi, Siraffon. Vous devez me croire. Quelque chose... s'est emparé de moi et... Je ne sais pas. Suis-je devenu fou ?
- Écoute, calme-toi et ensuite...
- Non ! Je me fiche de mon sort. Vous me dénoncerez après avoir répondu à ma question.
L'administrateur semblait déjà connaître la question et se prépara déjà à répondre, avant même qu'elle ne soit posée. Le fratricide et parricide demanda :
- Savez-vous la faire revenir ? Peu importe les moyens, les coûts, le temps, je... Le
pouvez-vous, Archi-Maistre ?Le directeur de Lumière contempla un long moment Gabriel qui pleurait à chaudes larmes, alors que Gislain sillonnait les alentours, faisant le guet. Comme une pièce de théâtre jouée parfaitement, Siraffon tint en haleine la pauvre âme qui lui implorait de l'aide. Aussi,
répondit-il :- Non, je ne le peux pas.
L'ancien apprenti médecin baissa la tête. Son unique espoir de repentance et tout ce chemin à travers la tempête inutilement vécue. Puis le numéro deux de Tarr reprit :
- Mais je connais quelqu'un qui le peut.
- Où se trouve-t-il ? l'espoir revint comme un éclair dans le regard de l'apprenti.
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Apostel Noir
FantasyLa porte révèle les doutes. L'äther préserve la foi... Annatar patiente dans une auberge infecte de la pègre pour récupérer sa cargaison... particulière, et ce pour le compte de son organisation, la Sybille. Lorsque son contrebandier arrive enfin...